Date et origine du shabbat

Dates du shabbat

Le shabbat est prévu aux dates suivantes, à Paris :

Shabbat a lieu chaque semaine, du vendredi soir au samedi soir. Les dates et heures affichées sont fournies par Hebcal, un service gratuit créé en 1994. La durée du havdalah est fixée à 50 minutes après le coucher du soleil. Les horaires varient selon le lieu où vous pratiquez.

Le shabbat, jour de repos hebdomadaire

Aussi écrit : chabbat, sabbat, shabbos.

Le shabbat, qui signifie « cessation [du travail] », est une fête hebdomadaire réputée avoir été instituée par Dieu et dont l’observance fait partie des 10 commandements. Observée du vendredi soir au samedi soir, elle se caractérise par son caractère chômé.

Une fête hebdomadaire définie par la cessation de toute activité

Le shabbat est la fête la plus fréquemment mentionnée dans la Torah, où elle apparaît dans chacun des cinq livres réputés écrits par Moïse. La première mention d’un jour annuel de repos apparaît en effet dès le 2e chapitre du Livre de la Genèse, dans le récit de la Création :

Genèse 2,2-3 : « Dieu acheva au septième jour l’œuvre qu’il avait faite, il cessa au septième jour toute l’œuvre qu’il faisait. Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait alors cessé toute l’œuvre que lui-même avait créée par son action. »

Dans ces deux versets, le verbe hébraïque traduit en français par « cesser » est le même que celui sur lequel est construit le nom shabbat. L’interprétation du shabbat comme une commémoration du repos observé par Dieu lui-même le 7e jour1 après la création du monde est reprise dès le Livre de l’Exode :

Exode 20,8-11 : « Que du jour du shabbat on fasse un mémorial en le tenant pour sacré. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c’est le shabbat du Seigneur, ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, pas plus que ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l’émigré que tu as dans tes villes. Car en six jours, le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a consacré »2.

Dans le Livre du Deutéronome, ce jour est également défini comme un mémorial de la Sortie des Hébreux d’Egypte :

Deutéronome 5,12-15 : « Qu’on garde le jour du shabbat pour le sanctifier, comme le Seigneur ton Dieu te l’a ordonné. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c’est le shabbat du Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l’émigré que tu as dans tes villes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. Tu te souviendras qu’au pays d’Egypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t’a fait sortir de là d’une main forte et le bras étendu ; c’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour du shabbat »3.

Outre l’observance d’un repos hebdomadaire par le peuple, le shabbat était également l’occasion de sacrifices supplémentaires au temple de Jérusalem :

Nombres 28,9-10 : « Le jour du shabbat, on offrira deux agneaux d’un an sans défaut, avec une offrande de deux dixièmes de farine pétrie à l’huile et la libation requise. C’est l’holocauste du shabbat qui, chaque shabbat, s’ajoute à l’holocauste perpétuel et à sa libation »4.

En outre, dans le livre biblique attribué au prophète Ésaïe définit, le shabbat est défini comme une fête de réjouissance :

Ésaïe 58,13-14 : « Si tu appelles le shabbat «Jouissance», le saint jour du Seigneur «Glorieux», si tu le glorifies, en renonçant à mener tes entreprises, à tomber sur la bonne affaire et à tenir des palabres sans fin, alors tu trouveras ta jouissance dans le Seigneur ».

La détermination des activités prohibées lors du shabbat

Les différents passages de la Torah portant sur le shabbat signalent tous qu’il est à cette occasion interdit aux juifs d’accomplir tout « travail de servitude », mais la signification de cette formule n’est pas précisément définie. Les livres de l’Exode et des Nombres précisent qu’il est interdit, sous peine de mort, d’allumer du feu et de ramasser du bois5, ce qui entraine l’impossibilité de préparer un repas. D’autres indications sont fournies par les livres prophétiques et historiques de la Bible hébraïque : il était également interdit de procéder à des transactions, de vendre des biens ainsi que de porter des charges6.

Vers 200 de notre ère, la Mishna7 fait l’inventaire des différentes actions que les rabbins considèrent prohibées lors du shabbat, réparties en 39 types d’activités8. En plus de celles qu’ils dérivent des prescriptions de la Torah, les rabbins ajoutent des interdictions supplémentaires : on y trouve notamment le fait de grimper aux arbres, de circuler à dos d’animal, de nager, d’applaudir, de danser ainsi que de siéger dans un tribunal9. Les sources romaines confirment que sous l’Empire, les juifs étaient ainsi dispensés de comparaître en justice ou de procéder à des paiements le jour du shabbat10.

Une fête particulièrement importante

L’importance du shabbat est en outre soulignée dans la Bible hébraïque par le Livre de Néhémie11, selon lequel c’est parce que les juifs auraient failli à cette obligation que Jérusalem aurait été conquise par les Babyloniens au VIe siècle av. n.è.12 :

Néhémie 13,17-18 : « Je fis des reproches aux notables de Juda et je leur dis : "Quelle est cette mauvaise action que vous commettez en profanant le jour du shabbat ? N’est-ce pas ainsi qu’ont agi vos pères ? Alors, notre Dieu a fait venir sur nous, ainsi que sur cette ville, tout ce malheur. Mais vous, en profanant le sabbat, vous aggravez la colère de Dieu contre Israël !" »13.

A partir de l’Antiquité tardive, les rabbins tendent à présenter le shabbat comme le plus important des rites juifs. Ainsi, ils considèrent les juifs qui ne le respectent pas comme des idolâtres14 ; à l’inverse, celui qui observait ce jour était absous de tous ses péchés, y compris l’idolâtrie15. Le repos du 7e jour est présenté comme un avant-goût du monde à venir16 dont la stricte observance provoquera la venue du Messie17.

Un jour de fête à cheval sur deux journées

Le cycle biblique de 6 jours de travail suivi d’un jour de repos est à l’origine du découpage du temps en semaines, lequel s’impose progressivement dans l’Empire romain18. Dans ce nouveau calendrier, le shabbat correspond au jour de Saturne, celui que nous nommons « samedi ». Cependant, comme toutes les fêtes juives les plus solennelles, le shabbat débute en fait à la tombée de la nuit : il est donc observé depuis le vendredi soir jusqu’au samedi soir19. Pour le respecter, les juifs observants doivent donc cesser toute activité pouvant être interprétée comme du travail, y compris la préparation de nourriture, avant le coucher du soleil le vendredi, comme l’illustre un apocryphe juif de la Bible, le Deuxième livre des Maccabées, composé vers 160 av. n.è., lequel rapporte une victoire des juifs menés par Juda Maccabée contre des soldats ennemis :

2 Maccabées 8,25-26 : « Après les avoir poursuivis assez loin, ils revinrent sur leurs pas, pressés par l’heure, car on était la veille du sabbat et pour ce motif ils ne s’attardèrent pas à les poursuivre ».

Déterminée par le coucher du soleil, l’heure du début du shabbat varie au cours de l’année : pour les juifs de l’Empire romain, elle était officiellement fixée à la 9e heure du jour20, soit entre 13h28 et 14h31 selon les saisons. A Jérusalem, on informait la population de début et de la fin du shabbat par une sonnerie émise depuis le Temple, comme le rapporte Flavius Josèphe, un historien juif de la fin du Ier siècle de n.è. :

Guerre des Juifs IV, 582 : « au-dessus du toit des chambres réservées aux prêtres, là où, suivant la coutume, se tient un des prêtres, pour annoncer au son de la trompette, durant l’après-midi l’approche et, le lendemain soir la fin de chaque 7e jour, indiquant au peuple l’heure de la fin et de la reprise du travail »21.

On a retrouvé sur le site du temple de Jérusalem une inscription du I<sup>er</sup> siècle av. n.è. portant la formule : « A l’endroit où l’on souffle de la trompette pour… » ; celle-ci est désormais conservée au Musée d’Israël.
On a retrouvé sur le site du temple de Jérusalem une inscription du Ier siècle av. n.è. portant la formule : « A l’endroit où l’on souffle de la trompette pour… » ; celle-ci est désormais conservée au Musée d’Israël. Andrey Zeigarnik / CC BY-SA 2.0

La célébration du shabbat au sein du foyer et à la synagogue

Représentation du rituel du kiddouch
Représentation du rituel du kiddouch © Hebrew Union College

Pour marquer le caractère de réjouissance du shabbat, les fidèles ont la coutume de porter à cette occasion des habits de fête. L’impossibilité d’allumer du feu pendant le shabbat a donné naissance au rite de l’allumage de deux bougies22 par la maîtresse de maison23, accompagnée d’une bénédiction spéciale, traditionnellement prononcée 18 minutes avant la tombée de la nuit le vendredi soir. Son horaire précis est désormais déterminé sur la base de calculs astronomiques et varie de semaine en semaine suivant les saisons et le lieu où l’on se trouve. Si le Talmud recommande la consommation pendant chaque shabbat de trois repas festifs24, beaucoup de fidèles ont coutume de remplacer le dernier de ces repas, lequel devrait avoir lieu le samedi en fin d’après-midi, par une session d’étude. Les repas du vendredi soir et du samedi midis sont particulièrement copieux et élaborés : on recommande d’ye convier des invités, et diverses bénédictions et hymnes (zemirot) sont récités.

Rituel de la Havdalah représenté sur un manuscrit espagnol du XIVe siècle, la Haggadah de Barcelone
Rituel de la Havdalah représenté sur un manuscrit espagnol du XIVe siècle, la Haggadah de Barcelone Public Domain

Tous deux commencent par une prière sur le vin nommée kiddouch (en français, « sanctification ») suivie d’une ablution rituelle des mains et, en souvenir de la double portion de manne dont, d’après le Livre de l’Exode, Dieu pourvut les Hébreux le vendredi lors de la traversée du désert25, d’une bénédiction sur deux miches de pain spécialement préparées à cet effet (hallah). La fin du shabbat est quant à elle marquée par un rituel nommé Havdalah (en français, « séparation ») qui inclut des bénédictions sur le vin, les épices et la lumière.

À la synagogue, le shabbat est marqué par trois offices, célébrés le vendredi soir, le samedi matin et le samedi après-midi. Lors de celui du vendredi soir, on récite des Psaumes et on chante un hymne nommé Lekhah Dodi Va, mon bien-aimé ») composé au XVIe siècle par le kabbaliste Salomon Halévy Elkabetz. C’est lors de l’office du samedi matin qu’a lieu la lecture de la section hebdomadaire de la Torah, nommée paracha, suivie d’une lecture tirée des livres prophétiques de la Bible, nommée haftarah26.

Livre de prières pour le shabbat (Seder tikkun shabbat), exemplaire du XVIIIe siècle
Livre de prières pour le shabbat (Seder tikkun shabbat), exemplaire du XVIIIe siècle © Center for Jewish Art

Le débat sur l’utilisation de l’électricité et du carburant pendant le shabbat

Les progrès technologiques ont engendré de nombreux débats sur les modalités d’observance du shabbat dans les sociétés modernes. On se demande ainsi si l’utilisation de carburant et de l’électricité tombent sous le coup de l’interdit portant sur l’allumage du feu. Sur ces questions, les opinions divergent selon les communautés. De manière générale, les juifs orthodoxes interdisent les déplacements en voiture comme en transports en commun ainsi que l’utilisation de l’électricité (avec une exception pour le réfrigérateur). Cependant, dans la mesure où la Torah n’interdit pas à proprement parler l’utilisation du feu, mais son allumage, on a tendance à considérer que l’acte interdit est celui d’appuyer sur un interrupteur ou un bouton de mise en marche. Pour un juif pratiquant, il est donc possible d’avoir chez soi des ampoules ou les plaques de cuisson allumées pendant le shabbat, mais à condition que celles-ci aient été mises en route avant le début du shabbat et le restent en continu jusqu’à la fin de la fête.

En Israël, dans les régions où la majorité de la population est juive, le shabbat est le jour de fermeture des institutions et des commerces, même si la législation à ce sujet est complexe et souffre de nombreuses exceptions. Quant aux transports en commun, leur circulation est régie localement : si les lignes de bus ne fonctionnent pas à Tel Aviv ou à Jérusalem-ouest, le trafic est assuré dans d’autres grandes villes comme Haïfa.

Maureen Attali

Références

  1. En Exode 16,22-30, Dieu cesse également de faire tomber la manne lors du shabbat.

  2. Le shabbat est à nouveau mentionné en Exode 23,12 et 34,21 ainsi qu’en Lévitique 23,1-3.

  3. Sur la Sortie d’Egypte, voir Pessah

  4. Au temple de Jérusalem, deux fois par jour, un animal était offert en holocauste, c’est-à-dire intégralement consumé sur l’autel. Tous les sacrifices animaux étaient accompagnés de sacrifices végétaux : de la farine pétrie dans l’huile et une libation (sacrifice liquide) de vin. Des sacrifices additionnels lors du shabbat figurent également dans la description idéale du fonctionnement du temple donnée par le Livre d’Ezéchiel 46,1-8.

  5. Exode 35,1-3 et Nombres 15,32-36.

  6. Isaïe 58,13-14 ; Amos 8,5 ; Jérémie 17,21-27 ; Néhémie 10,32 et 13,15-22.

  7. La Mishna est une compilation rabbinique intégrée dans le Talmud et qui fait autorité dans le judaïsme.

  8. Mishna Shabbat 7,2.

  9. Mishna Beitzah 5,2.

  10. Ces dispositions sont comprises dans les édits des préteurs et de l’empereur Auguste concernant les juifs des cités de Grèce et d’Asie ; ces documents sont transmis à la fin du Ier siècle de notre ère par l’historien juif Flavius Josèphe et reproduits son œuvre intitulée Antiquités juives XIV,241-243 ; 244-246 ; 262-264 et XVI, 162-164- 167-168. Une traduction française de cette œuvre peut être consultée en ligne à l’adresse suivante : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/intro.htm#JUDA0. Sur les documents romains reproduits par l’auteur ; voir Miriam Pucci Ben Zeev, Jewish rights in the Roman world: the Greek and Roman documents quoted by Josephus Flavius, Tübingen, Mohr Siebeck, 1998.

  11. On place la rédaction de ce livre au Ve siècle av. n.è.

  12. Sur la conquête babylonienne de Jérusalem au VIe siècle av. n.è., voir Tisha beav

  13. Cette interprétation figure également en Talmud de Babylone, Shabbat 119b.

  14. Talmud de Babylone, Hullin 5a.

  15. Talmud de Babylone, Shabbat 118b.

  16. Talmud de Babylone, Berakhot 57b.

  17. Midrash Rabbah sur Exode 25,12.

  18. Sur l’origine et la diffusion de la semaine voir https://icalendrier.fr/calendriers-saga/etudes-thematiques/semaine/

  19. Voir par exemple Mishna Shabbat 2,7.

  20. Suivant une lettre de l’empereur Auguste reproduite par Flavius Josèphe en Antiquités juives XVI, 162-165.

  21. Cette pratique est également mentionnée Talmud de Jérusalem, Shabbat XVII (= 16 a) et Talmud de Babylone Shabbat 35b.

  22. Talmud de Babylone, Shabbat 23b, 25b et 28b.

  23. Mishna Shabbat 2,6.

  24. Talmud de Babylone, Shabbat 118a. Néanmoins, le stat

  25. Exode 16,22-26.

  26. Sur les parashot et le cycle de lecture annuel, voir Simchat Torah

Illustrations et objets rituels

Les rites domestiques du shabbat ont donné naissance à des objets rituels, parmi lesquels :

Lampe de shabbat, Samuel Hennell, 1813, Londres
Lampe de shabbat, Samuel Hennell, 1813, Londres © Musée d'Israël
Lampe de shabbat, XIVe siècle, Allemagne
Lampe de shabbat, XIVe siècle, Allemagne © Jewish Musuem, New York
Verre à kiddouch en nickel, avec sa soucoupe
Verre à kiddouch en nickel, avec sa soucoupe © espace-judaisme.com
Couverture de hallah, David Schreiber, 1930, Pologne
Couverture de hallah, David Schreiber, 1930, Pologne Eduardschnack / CC BY-SA 4.0
Plateau de shabbat, Allemagne, XIXe siècle
Plateau de shabbat, Allemagne, XIXe siècle © Center for Jewish Art
Les Israélites recueillant la manne dans le désert. Nicolas Poussin, 1637-1639
Les Israélites recueillant la manne dans le désert. Nicolas Poussin, 1637-1639 Public Domain / © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)

Nos pages à ne pas manquer