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Dates du Chemini Atseret
Le Chemini Atseret ( 8èmejour de Souccot) est prévu aux dates suivantes :
- jeudi 24 et vendredi 25 octobre 2024
- mardi 14 et mercredi 15 octobre 2025
- samedi 3 et dimanche 4 octobre 2026
Cette fête a lieu le 22 du mois de Tichri en Israël, et les 22 et 23 de Tichri en dehors de l'état hébreu.
Chemini Atseret, le 8e jour de la fête de Souccot
Aussi écrit : Chemini Atzeret, Shemini Atséret, Shmini 'Atsérêt.
Chemini Atseret, qui signifie en français « le 8e [jour] de clôture », a lieu immédiatement après la fête de Souccot, le 22 voire les 22 et 23 du mois de Tichri, qui correspond aux mois de septembre-octobre du calendrier grégorien. Bien que portant des noms différents, ces deux fêtes sont étroitement liées et ne peuvent se célébrer l’une sans l’autre.
La clôture de la fête de Succot
Dans la Torah1, Chemini Atseret est toujours mentionnée immédiatement après et en lien avec Souccot, la fête des Tentes2 qui dure 7 jours :
Lévitique 23,33-36 : « Le Seigneur adressa la parole à Moïse : »Parle aux fils d’Israël : Le quinze de ce septième mois, c’est la fête des Tentes, qui dure sept jours, en l’honneur du Seigneur ; le premier jour on tiendra une réunion sacrée ; vous ne ferez aucun travail pénible. Chacun des sept jours, vous présenterez un mets consumé au Seigneur. Le huitième jour vous tiendrez une réunion sacrée et vous présenterez un mets consumé au Seigneur : c’est la clôture de la fête ; vous ne ferez aucun travail pénible". »
Nombres, 29,12.35 : « Le quinzième jour du septième mois, vous aurez une réunion sacrée. Vous ne ferez aucun travail pénible. Vous fêterez le Seigneur en un pèlerinage de sept jours. […] Le huitième jour, ce sera la clôture de votre fête : vous ne ferez aucun travail pénible ».
Chemini Atseret est également mentionnée dans les livres historiques de la Bible, qui placent pendant cette fête des événements majeurs. Ainsi, le Deuxième livre des Chroniques, lorsqu’il rapporte l’épisode de la Dédicace du premier temple de Jérusalem par le roi Salomon, fait explicitement suivre le récit de cette cérémonie, synchronisée avec les 7 jours de Souccot, d’un huitième jour nommé « assemblée de clôture »3 :
2 Chroniques 7,8-10 : « Salomon célébra la fête en ce temps-là pendant sept jours, et tout Israël avec lui : c’était une très grande assemblée venue depuis Lebo-Hamath jusqu’au torrent d’Egypte. Ils firent le huitième jour une assemblée de clôture (Chemini Atseret), car ils avaient fait la dédicace de l’autel pendant sept jours et la fête pendant sept jours. Et le vingt-troisième jour du septième mois, il renvoya le peuple à ses tentes, joyeux et le cœur content à cause du bien que le Seigneur avait fait à David, à Salomon et à Israël son peuple ».
De la même manière, le Livre de Néhémie, lorsqu’il décrit la lecture publique de la Loi que fit le scribe et prêtre Esdras au peuple rassemblé à Jérusalem4, précise que celle-ci eût lieu conjointement à la célébration de Souccot et de Chemini Atseret :
Néhémie 8,2.18 : « Le prêtre Esdras apporta la Loi devant l’assemblée, où se trouvaient les hommes, les femmes et tous ceux qui étaient à même de comprendre ce qu’on entendait. C’était le premier jour du septième mois. […] On lut dans le livre de la Loi de Dieu chaque jour, depuis le premier jour jusqu’au dernier. La fête dura sept jours et le huitième jour, selon la coutume, il y eut une assemblée de clôture (Chemini Atseret) ».
Les auteurs juifs du Ier siècle de notre ère, Philon d’Alexandrie5 et Flavius Josèphe6, mentionnent eux aussi le 8e jour de la fête de Tentes.
Dans la littérature rabbinique, une fête liée à Souccot mais indépendante.
Dès l’époque romaine, les rabbins du Talmud ont majoritairement considéré que « le 8e jour de clôture » constituait une fête indépendante7, qui, bien que liée à Souccot, ne devait pas être confondue avec elle. Ils rappellent que, d’après la Torah, le rituel caractéristique de Souccot, la construction de huttes, doit être observé pendant 7 jours et non pas 88. Ils ajoutent que le 8e jour porte un nom distinct, et, qu’à cette occasion, des sacrifices différents de ceux de Souccot sont prévus9.
De plus, le Talmud fournit de nombreux critères de distinction additionnels entre les 2 fêtes, lesquels nous font connaître des rituels inédits10. On apprend ainsi que la bénédiction dite du « moment »11, traditionnellement récitée le 1er jour de chaque fête, l’était également à Chemini Atseret tandis que les lévites12 entonnaient lors de cette dernière le Psaume 12. Enfin, on procédait ce jour-là au tirage au sort des prêtres préposés aux sacrifices13 et une bénédiction spéciale était adressée au souverain14.
Une liturgie spécifique mais liée à celles de Souccot et Simhat Torah
En Israël, Chemini Atseret a lieu le 22 Tichri, soit le même jour que la fête de Simhat Torah15. Comme toutes les fêtes de réjouissance mentionnées dans la Torah, elle est prolongée, depuis la fin de l’Antiquité, d’un 2e jour dans les communautés orthodoxes vivant en dehors d’Israël16, ce qui la fait alors coïncider avec Souccot. La fête donne donc lieu à des pratiques différentes selon les lieux où elle est célébrée.
De manière générale, à la synagogue, on récite le Hallel17 et on prononce des prières et des bénédictions spéciales, notamment la prière de commémoration des morts nommée Yizkor (« Qu’il se souvienne ! ») ainsi qu’une prière pour la pluie (Tefillat Geshem). La lecture de la Torah porte sur des passages relatifs aux fêtes de pèlerinage, à la dîme et aux sacrifices qui étaient offerts au Temple à l’occasion de la fête18. En outre, si Chemini Atseret tombe un samedi, jour de sabbat19, on procède à la lecture du Livre de Qohélet, aussi appelé Ecclésiaste20.
Maureen Attali
Références
La Torah est l’ensemble des cinq premiers livres de la Bible – Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome – réputés écrits par Moïse.
Voir Souccot
A comparer avec 1 Rois 8,65-66, le récit le plus ancien de la Dédicace du temple par Salomon, qui mentionne une semaine de fête suivie d’un huitième jour de transition où le peuple part dans la joie après avoir salué le roi. Voir Mireille Hadas-Lebel, « Hanoukka : de la fête de la Dédicace à la fête des lumières » in Marie-Françoise Baslez et Olivier Munnich (dir), La mémoire des persécutions. Autour des livres des Maccabées, Louvain, Peeters, 2014, p. 231-238.
Si on s’accorde à situer l’action d’Esdras au Ve ou au tout début du IVe siècle av. n.è.., les dates exactes de ses missions à Jérusalem sont très débattues ; pour un aperçu des problèmes textuels et des différentes hypothèses proposées, on pourra consulter par exemple l’article de F.M. Cross, « A Reconstruction of the Judean Restoration », Journal of Biblical Literature 94/1, 1975, p. 4-18, consultable à l’adresse suivante :
Philon d’Alexandrie, Des lois spéciales II, 211-213.
Flavius Josèphe, Antiquités juives III, 240
Voir par exemple Talmud de Jérusalam Sukkah 5,7 et Talmud de Babylone Yoma 2b ; la littérature talmudique qualifie les fêtes de pèlerinage de la Torah de réguél.
Lévitique 23,42.
Nombres 29,35-37.
Dans le Talmud, la liste des différences entre Souccot et Chemini Atseret est résumée par un acronyme associant les premières lettres des termes hébraïques signifiant respectivement : « tirage au sort », « temps », « fête », « sacrifices », « chant » et » bénédiction » ; voir Tosefta Sukkah 4,17 ; Talmud de Babylone, Sukkah 48a.
On appelle couramment cette bénédiction Shehecheyanu (« Toi qui nous as gardé en vie ») ; elle figure notamment en Talmud de Babylone, Sukkah 46a.
Dans la Bible, les lévites, une tribu constituée descendants de Lévi, le 3e fils de Jacob, sont dévolus au service du temple, vraisemblablement comme auxiliaires des prêtres.
Mishna Sukkah 5,6.
Tosefta Sukkah 4,10.
Voir Simhat Torah
Talmud de Jérusalem, Pesahim 5,4 ; Yebamot 11,7 ; Nazir 8,1 ; Talmud de Babylone, Betzah 4b-6a. Cette pratique, originellement apparue à cause des incertitudes du calendrier, fut par la suite maintenue pour des raisons théologiques cf. Talmud de Jérusalem, Erubin 3,8-9.
Le Hallel est constitué des Psaumes 113 à 118.
Deutéronome 15,19 -16,17 (1er jour) et Nombres 29,35-37 (2e jour).
Voir Shabbat
Cette coutume est mentionnée pour la première fois au XIe siècle dans le Mahor Vitry, œuvre du rabbin français Simha ben Samuel de Vitry.