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Un peu d'histoire
Commençons par une chronologie de l'Inde (jusqu'à son indépendance) pour nous permettre de nous situer dans le temps. Dans la colonne calendrier les noms des différents textes sur lesquels s'appuie la conception des différents calendriers.
Dates | Événements | Calendrier |
---|---|---|
IIIe millénaire | civilisation de l'Indus | |
2 000 à 1 500 av. J.-C. | invasion des Aryens dans le sous-continent indien | Environ 1500 av. J.C : écriture des **Védas** qui contiennent des références astronomiques. Les Vedas sont constitués de quatre collections : - Rig - Yajus - Sava - Atharva Vers 300-200 av. J.-C. : apparition des **VEDANGAS** (six sujets devant être étudiés pour comprendre les vedas). L'un deux traite d'astronomie : **JYOTISHA** vers 700-900 apr. J.-C. :**SURYA SIDDHANTA**. Référence astronomique des hindous, il aurait été révélé par le Soleil (Surya) |
599 - 527 av. J.-C. | vie et mort de Mahavira, fondateur du janaïsme | |
563 - 483 av. J.-C. | vie et mort de Sakya-Muni (Siddharta), le Bouddha | |
518 - 515 av. J.-C. | les Perses de Darius atteignent l'Indus | |
326 av. J.-C. | Alexandre le Grand pénètre en Inde | |
325 av. J.-C. | Alexandre quitte l'Inde en y laissant des garnisons grecques | |
320 av. J.-C. | Chandragupta Maurya chasse les Macédoniens et fonde la dynastie Maurya (320 - 184 av. J.-C.) | |
273 - 232 av. J.-C. | Ashoka, grand empereur indien. Apogée de la dynastie Maurya. Âge d'or de l'Inde. Ashoka se convertit au bouddhisme. | |
185 av. J.-C. - 500 apr. J.-C. | Moyen-Âge de l'Inde | |
I et IIe siècles av. J.-C. | royaumes grecs de Bactriane et du Punjab | |
455 - 500 apr. J.-C. | les Huns visitent l'Inde | |
712 | les Arabes occupent le Sind, province au nord du royaume (sud du Pakistan actuel) | |
712 - 1000 | pillages musulmans de l'Inde | |
1008 | Mahmoud de Ghazna, musulman afghan, dévaste le nord de l'Inde |
|
800 - 1400 | royaumes rajpoutes | |
1 192 | occupation de l'Inde du Nord par les musulmans. Delhi devient la capitale de l'Empire musulman indépendant de l'Inde | |
1193 - 1526 | règne du sultanat de Delhi | |
1288 - 1293 | Marco Polo traverse l'Inde | |
1398 | le Turc Tamerlan pille Delhi | |
1469 - 1538 | vie et mort de Nanak, fondateur du sikhisme, doctrine à l'époque non violente | |
1498 | Vasco de Gama aborde devant Calicut, sur la côte de Malabar | |
1510 | les Portugais occupent Goa | |
1526 | fondation de l'Empire moghol par Babur (1483 - 1530), descendant de Tamerlan qui sera étendu par son petit-fils Akbar. La capitale est Delhi | |
1556 - 1605 | règne d'Akbar "le très grand | |
1569 | fondation de Fatehpur Sikri, la nouvelle capitale d'Akbar | |
1600 | ouverture de comptoirs anglais sur les côtes occidentale et orientale | |
1628 - 1658 | Shah Jahan, "Grand Moghol" des Occidentaux | |
1631 | mort de Mumtaz Mahal, épouse de Shah Jahan | |
1639 | fondation de Madras par les Anglais | |
1664 | les Anglais fondent la Compagnie des Indes orientales | |
1707 | fin de l'Empire moghol. Morcellement du pays : rois locaux musulmans et hindous | |
1742 - 1754 | Dupleix fonde l'Empire français des Indes | |
1763 | fin de la guerre franco-anglaise. Suprématie de l'Angleterre | |
1857 - 1858 | révolte des cipayes : grande rébellion contre la domination britannique. Les territoires occupés par les troupes de la Compagnie des Indes orientales passent sous le contrôle des Anglais. Le souverain moghol s'incline face aux Britanniques. | |
1869 | naissance de Gandhi | |
1877 | la reine Victoria devient Impératrice des Indes | |
1885 | création du Congrès national indien, mouvement d'opposition aux Britanniques | |
1911 | le roi Georges V fait transférer la capitale de l'Empire britannique des Indes de Calcutta à New-Delhi | |
1915 | retour d'Afrique du Sud de Gandhi | |
1920 | Gandhi prône la lutte non violente contre les Britanniques | |
1930 | mouvement de désobéissance civique, avec Gandhi | |
1942 | Gandhi lance la campagne "Quittez l'Inde | |
1947 | l'indépendance de l'Inde est proclamée le 15 août. Jawaharlal Nerhu devient Premier ministre. L'ex-Empire britannique se scinde en 2 États : la République indienne et la République islamique du Pakistan. |
Les calendriers
Aucun doute. Nous allons bien aborder ici l'étude DES calendriers hindous. Nehru, en 1953, compta l'existence de 30 calendriers en Inde.
Pourquoi cette multitude ?
D'abord de par l'existence de nombreuses religions en Inde qui possèdent leur propre calendrier. Bien entendu, dans cette étude, nous nous limiterons aux calendriers purement indiens de par leur conception. Il n'en reste pas moins vrai que notre étude sera certainement la plus compliquée de toutes les pages de ce site.
Ensuite, de part la cohabitation de différents types de calendrier (solaire et luni-solaires) et de nombreuses variantes dues à l'existence de plusieurs textes de références (veda ou Surya Siddhanta), de différentes méthodes astronomiques de calcul (ancienne ou moderne), de différents noms des mois, de nombreuses dates de début d'année variables, de nombreuses manières d'intercaler les mois complémentaires, d'innombrables ères, etc.
Mais, essayons d'y voir plus clair dans toutes ces versions et prenons les choses logiquement.
Nous allons étudier successivement les calendriers anciens et les calendriers modernes. Nous considérerons comme « anciens » les calendriers qui trouvent leurs sources dans les Vedas et les Vedangas et comme « modernes » les calendriers qui trouvent leurs sources dans Surya Siddhanta.
Une chose est certaine concernant tous les calendriers de l'Inde : ce sont des calendriers ASTRONOMIQUES. Si on groupe les calendriers en deux catégories, calendriers arithmétiques et calendriers astronomiques, les calendriers indiens font partie de la seconde catégorie. Notre calendrier grégorien est un calendrier arithmétique (ou calculé) : l'année compte 365 ou 366 jours, le nombre de jours des mois est connu à l'avance, nous savons positionner le jour bissexte à l'avance, etc.
Les calendriers astronomiques, eux, dépendent entièrement d'événements astronomiques observés (ou calculés astronomiquement) : position d'un corps céleste (étoile, planète, lune, soleil...) ou conjonction entre ces corps à un certain moment. Suivant l'époque, il est tenu compte de valeurs réelles ou de valeurs moyennes.
Les calendriers anciens de l'époque védique
Dans les textes du Rigveda, il est fait mention d'un calendrier de 360 jours divisé en 12 mois de 30 jours.
Le mois est divisé en deux parties : krsna (lune décroissante) et shukla (lune croissante). La nouvelle lune s'appelle amavasya et la pleine lune purnimas.
Bien que les notions de mois intercalaire et de cycle ne soient réellement expliquées que dans le Jyotisha Vedanga, il semble qu'elles aient été connues bien avant.
Il existe, en effet, un cycle de cinq ans nommé Yuga dans lequel chacune des cinq années porte un nom précis. Or, on trouve déjà la trace de deux de ces années dans les textes du Rigveda. De là à penser que le mois intercalaire était aussi connu, il n'y a pas loin.
Les noms des cinq années du cycle varient légèrement d'un texte à l'autre : samvatsara, parivatsara, idavatsava, iduvatsara (ou idvatsara) et vatsara.
On trouve vraiment l'évocation de mois intercalaire dans les textes de Brahmanas et de Mahabharta.
C'est dans Jyotisha Vedanga qu'on en apprend plus sur Yuga, le cycle de cinq ans. Ce cycle se compose de 62 candramashas (mois synodiques), 1830 jours et 1860 tithis (1/30 de mois synodique) et débute au solstice d'hiver. Il y a deux mois intercalaires dans un Yuga : samvatsara et parivatsara.
L'année comptait deux grandes divisions : uttarayana (les levers de soleil se déplacent vers le nord en direction du solstice d'hiver) et daksinayana ((les levers de soleil se déplacent vers le sud en direction du solstice d'été).
L'année était aussi divisée en trois périodes de quatre mois elles-mêmes divisées en 2 saisons. Nous obtenons donc au final six saisons qui sont nommées dans le tableau qui suit et auquel j'ajoute le nom des mois de ces calendriers védiques anciens ainsi que le nom sanscrit de ces mêmes mois tels qu'ils sont désignés dans Jyotisha Vedanga.
Num mois | Nom "védique" | Saison | Mois "sanscrit" | Grégorien |
---|---|---|---|---|
1 | Madhu | Vasanta (printemps) | Chaitra | mi-mars mi-avril |
2 | Madhava | Vaisakha | mi-avril mi-mai | |
3 | Sukra | Grisma (saison chaude) | Jyaishtha | mi-mai mi-juin |
4 | Suci | Ashadha | mi-juin mi-juillet | |
5 | Nabhas | Varsa (pluies) | Sravana | mi-juillet mi-août |
6 | Nabhasya | Bhadrapada | mi-août mi-septembre | |
7 | Isa | Sharad (automne) | Asvina | mi-septembre mi-octobre |
8 | Urja | Karttika | mi-octobre mi-novembre | |
9 | Sahas | Hemanta (hiver | Margasirsha | mi-novembre mi-décembre |
10 | Sahasya | Pausha | mi-décembre mi-janvier | |
11 | Tapas | Shishira (saison de la rosée) | Magha | mi-janvier mi-février |
12 | Tapasya | Phalguna | mi-février mi-mai |
Il est certain que ces calendriers « anciens » étaient plutôt arithmétiques et tenaient compte de valeurs moyennes calculées.
Les calendriers modernes
Nous en arrivons maintenant à la partie la plus intéressante - et peut-être la plus compliquée - des calendriers indiens : les calendriers modernes c'est-à-dire ceux dont il faut chercher les règles de construction dans les textes de Surya Siddhanta qui datent quand même de 700-900 apr. J.-C.
Le découpage étant facile et logique, nous allons diviser notre étude en deux parties : les calendriers solaires et les calendriers luni-solaires.
1) Les calendriers solaires
À partir de maintenant, plus question de construire le calendrier sur des calculs arithmétiques. Ils le seront sur des calculs et ces observations astronomiques. Nous verrons d'ailleurs les problèmes induits à ce genre de calculs.
Si nous nous souvenons de la page astronomie du site, nous savons qu'il existe plusieurs types d'années solaires. Deux d'entre eux vont concerner le calendrier indien : l'année sidérale qui va nous conduire à un système nirayana et l'année tropique qui va générer un système sayana.
Le calendrier solaire basé sur le système sidéral ou nirayana est le calendrier solaire traditionnel utilisé par quatre « écoles dominantes » qui vont décliner chacune ses propres règles.
Le calendrier solaire basé sur le système tropique ou sayana est le calendrier solaire civil officiel né d'une volonté d'uniformisation (c'était le moins qu'on puisse faire !!) des calendriers par le Calendar Reform Committe né en novembre 1952. Nous reparlerons de ce calendrier national né le 22 mars 1957. Mais, pour l'instant, penchons-nous sur le calendrier solaire traditionnel nirayana et ses variantes.
Je vous avais dit que notre étude allait être compliquée !! Pas de panique et continuons notre découpage.
1-a) Les calendriers solaires traditionnels
Ces calendriers vont concerner les régions ou états sur la carte ci-dessous.
Les cartes sont établies à partir d'une étude de Leow Choon Lian, élève du Professeur Helmer Aslaksen du département de mathématiques de la faculté des sciences à l'université de Singapour. Cette étude, après vérifications par ailleurs, m'a aussi inspiré le texte des pages sur le calendrier indien. Merci au Professeur Helmer Aslaksen pour la toujours très grande qualité de ses textes et de ceux de ses étudiants.
Précisons tout de suite qu'un jour solaire (vasara ou panchang) dure d'un lever de soleil au lever de soleil suivant.
L'année
L'année est une année sidérale. Pour ceux qui auraient oublié, je rappelle le principe de l'année sidérale : c'est la durée d'une révolution de la Terre autour du Soleil, c'est-à-dire le temps qui s'écoule depuis l'instant où une étoile supposée fixe, le soleil et la terre étant sur une même droite reviennent tous trois dans la même position. La durée moyenne d'une année sidérale est d'environ 365 jours 6 heures 9 minutes 12,96 secondes soit 365,2564 jours. Elle est donc plus longue d'environ 20 minutes que l'année tropique.
Dans le calendrier solaire traditionnel hindou, le point fixe à prendre en considération est défini dans Surya Siddhanta : c'est le point directement opposé à la brillante étoile Chitra (Spica dans la constellation de la Vierge ou, pour les astronomes alpha Vir, HR5056). La longitude de Chitra par rapport à ce point est donc de 180°. En 285 apr. J.-C. ce point correspondait à l'équinoxe de printemps. De par la précession des équinoxes, il est maintenant à 23°50 environ de point initial.
La durée de l'année nirayana définie dans Surya Siddhanta était de 365,258756 jours qui est plus longue de 3'27 par rapport aux mesures actuelles.
À ce sujet, il existe deux écoles (Eh ou i! encore ! !) pour calculer les panchang (ou panjika) hindous. Le panchang est une sorte d'éphéméride qui contient des informations sur les fêtes à célébrer, des données astronomiques et astrologiques). L'école moderne utilise des méthodes modernes de calculs astronomiques alors que la « vieille école des purs de durs » s'en tient aux règles de calculs édictées par Surya Siddhanta. Heureusement, il semble que l'ancienne école tende à adopter les méthodes modernes de calcul.
Les mois solaires
L'écliptique est divisée en 12 secteurs égaux de 30° identiques aux signes zodiacaux des Babyloniens. Chaque secteur se nomme rasi. L'entrée du soleil dans un rasi s'appelle samkranti et le premier samkranti correspond évidemment avec le début de l'année nirayana.
La longueur d'un mois correspond au temps pris par le soleil pour passer d'un samkranti au suivant et, donc, de parcourir un rasi entier. Dans la plupart des calendriers solaires, le mois porte le nom du rasi que le soleil parcourt. Mais, là aussi, il existe des variantes. La durée des mois est déterminée par calcul astronomique et, du fait du caractère elliptique de l'orbite terrestre, varie en longueur.
Avant d'aller plus loin, prenons connaissance de la longueur moyenne des mois, de leur nom ainsi que de celui des rasi.
Rasi | Latin | Nom mois dans la plupart des calendriers | Nom mois tamouls * | Nom mois Malayalam | Durée moyenne | Calendrier occidental |
---|---|---|---|---|---|---|
Mesha | Bélier | Vaisakha | Chittirai | Mesha | 30,9 | Avril-mai |
Vrisha | Taureau | Jyaistha | Vaikasi | Vrisha | 31,4 | Mai-juin |
Mithuna | Gémeaux | Ashadha | Ani | Mithuna | 31,6 | Juin-juillet |
Karkata | Cancer | Sravana | Adi | Karkata | 31,5 | Juillet-août |
Simha | Lion | Bhadrapada | Avani | Simha | 31,0 | Août-septembre |
Kanya | Vierge | Asvina | Purattasi | Kanya | 30,5 | Septembre-octobre |
Tula | Balance | Kartika | Arppisi | Tula | 29,9 | Octobre-novembre |
Vrischika | Scorpion | Agrahayana Margasirsha | Karthigai | Vrischika | 29,5 | Novembre-décembre |
Dhanus | Sagittaire | Pausha | Margali | Dhanus | 29,4 | Décembre-janvier |
Makara | Capricorne | Magha | Thai | Makara | 29,5 | Janvier-février |
Kumbha | Verseau | Phalguna | Masi | Kumbha | 29,8 | Février-mars |
Mina | Poissons | Chaitra | Panguni | Mina | 30,3 | mars-Avril |
* À noter que le calendrier tamoul possède des particularités propres que nous examinerons plus loin. Les mois sur fond jaune sont les premiers mois de l'année.
En pratique, les hindous donnent une longueur entière aux mois : si la décimale de la durée est supérieure ou égale à 5, le mois aura un nombre de jours égal à la partie entière + 1.
Un mois peut donc avoir un nombre de jours variant de 29 à 32.
Il existe plusieurs règles selon le type de calendrier pour fixer le jour qui va débuter un mois. Voici les quatre principales :
- Règle pour le calendrier orissais : le mois solaire commence le même jour que le samkranti.
- Règle pour le calendrier tamoul : le mois solaire commence le même jour que le samkranti si le samkranti tombe avant le coucher du soleil pour le jour considéré. Sinon, il commence le lendemain.
- Règle pour le calendrier malayalam : le mois solaire commence le même jour que le samkranti si le samkranti tombe avant l'aparahna pour le jour considéré. Sinon, il commence le lendemain. L'aparahna est le moment du jour qui se situe aux 3/5 entre le lever et le coucher du soleil.
- Règle pour le calendrier bengalais : si le samkranti tombe entre le lever du soleil et minuit du jour J, le mois commence à J+1. sinon, le mois commence à J+3. Cette règle est la règle générale qui peut souffrir de modifications dans des circonstances précises.
Quelles que soient les règles utilisées, nous aurons, la plupart du temps, des années de 365 jours. Comme l'année sidérale compte réellement 365,2564 un calcul simple 1/(365,2564 - 365) = 3,9002 nous fait constater que nous aurons une année de 366 jours tous les quatre ans. De par les différentes règles de comptage, ces années de 366 jours ne se produiront pas toutes en même temps dans les différents calendriers. Facile de s'y retrouver, non ?
1-b) Le calendrier solaire national
C'est bien pour mettre fin à cette multiplicité des calendriers que le calendrier national officiel a vu naissance le 22 mars 1957. Est-il arrivé à ses fins ? Quand on connaît la force de la tradition, surtout quand elle s'enracine dans le sacré, on peut se permettre d'en douter et de se demander si nous n'avons pas, tout simplement, un calendrier de plus en Inde.
Voyons ce qu'il en est de ce calendrier :
- L'ère d'origine est l'ère Saka qui débute en 78 de notre ère.
- L'année de référence est l'année tropique.
- L'année commence le jour suivant l'équinoxe de printemps. Le rasi de départ est donc celui qui correspond à l'équinoxe de printemps. De ce fait, le premier mois de l'année est Chaitra.
- La longueur des mois est fixe (sauf pour chaitra). Les cinq mois qui suivent chaitra comptent 31 jours et les autres 30 jours.
- Il existe des années bissextiles de 366 jours. Ces années-là, chaitra compte 31 jours contre 30 jours pour les autres années.
- La périodicité des années bissextiles est telle qu'elle correspond aux années bissextiles du calendrier grégorien.
Nous en arrivons donc au tableau suivant :
Num. mois | Nom | Durée | Date de début dans le calendrier grégorien |
---|---|---|---|
1 | Chaitra | 30 ou 31 | 21 ou 22 mars |
2 | Vaisakha | 31 | 21 avril |
3 | Jyaishtha | 31 | 22 mai |
4 | Ashadha | 31 | 22 juin |
5 | Sravana | 31 | 23 juillet |
6 | Bhadrapada | 31 | 23 août |
7 | Asvina | 30 | 23 septembre |
8 | Kartika | 30 | 23 octobre |
9 | Agrahayana ou Margasirsha | 30 | 22 novembre |
10 | Pausha | 30 | 22 décembre |
11 | Magha | 30 | 21 janvier |
12 | Phalguna | 30 | 20 février |
Je vous propose de poursuivre notre étude des calendriers hindous où nous examinerons successivement :
- les calendriers lunaires
- la semaine indienne
- les différents cycles
- les nombreuses ères
- les fêtes et célébrations.
Note : les deux pages ont été réunies en une seule, ci-dessous la deuxième page.
2) Les calendriers luni-solaires
À partir de maintenant, plus question de construire le calendrier sur des calculs arithmétiques. Ils le seront sur des calculs et des observations astronomiques. Nous verrons d'ailleurs les problèmes induits à ce genre de calculs.
Comme dans tout calendrier luni-solaire, c'est la lune qui va servir d'unité : l'année sera composée de 12 mois lunaires. Et comme 12 mois lunaires ne font pas une année solaire, il y aura, de temps à autre intercalation d'un mois complémentaire dans l'année.
Le mois sera donc l'intervalle de temps qu'il faut à la lune pour passer d'un certain état à ce même état x jours plus tard.
Dans ses différentes phases, la lune passe par deux phases facilement remarquables : la pleine lune et la nouvelle lune.
Connaissant la variété de calendriers indiens, il fallait s'attendre à ce que certains calendriers construisent le mois lunaire à partir du cycle Nouvelle lune-Nouvelle lune suivante et d'autres à partir du cycle Pleine lune-Pleine lune suivante. Gagné !! Ils l'ont fait !
Nous allons donc étudier deux grands types de calendriers luni-solaires indiens :
- Le calendrier amanta pour lequel le début du mois est marqué par la nouvelle lune.
- Le calendrier purnimanta pour lequel le début du mois est marqué par la pleine lune.
2-a) Les calendriers amanta (ou mukhyamana)
Ces calendriers vont concerner les régions ou états de la carte ci-dessous.
Chaque mois du calendrier amanta a un nombre entier de jours.
Le calendrier est construit de manière à être en phase avec l'année nirayana.
Pour ce faire, le mois lunaire amanta va porter, en général, le nom du mois solaire dans lequel tombe son premier jour. Le mois solaire concerné commence au moment exact où il entre dans son samkranti et se termine au moment ou il atteint le samkranti suivant.
Il fallait s'attendre à des variantes et nous en avons. Elles portent à la fois sur le nom du mois débutant l'année et sur le début de l'ère. Le tableau suivant résume ces variantes :
Calendrier "chaitra" | Calendrier "Kartika" | Calendrier "Ashadha" | ||
---|---|---|---|---|
Mois | 1 | Chaitra | Kartika | Ashadha |
2 | Vaisakha | Agrahayana ou Margasirsha | Sravana | |
3 | Jyaishtha | Pausha | Bhadrapada | |
4 | Ashadha | Magha | Asvina | |
5 | Sravana | Phalguna | Kartika | |
6 | Bhadrapada | Chaitra | Agrahayana ou Margasirsha | |
7 | Asvina | Vaisakha | Pausha | |
8 | Kartika | Jyaishtha | Magha | |
9 | Agrahayana ou Margasirsha | Ashadha | Phalguna | |
10 | Pausha | Sravana | Chaitra | |
11 | Magha | Bhadrapada | Vaisakha | |
12 | Phalguna | Asvina | Jyaishtha | |
Ère * | Ère Saka (souvent) Ère Vikrama (quelquefois) | Ère Vikrama | Ère Vikrama |
* Pour en savoir plus sur les ères, allez à la fin de la page.
Pour la suite sur le calendrier amanta et pour plus de clarté dans le propos, nous nous en tiendrons au calendrier chaitra. À vous d'adapter ce qui est écrit aux autres types de calendriers amanta.
Comme nous l'avons déjà évoqué plus haut, une année amanta (année lunaire de 12 mois lunaires) est plus courte qu'une année nirayana (année solaire sidérale). Pour que l'année lunaire garde le contact avec l'année solaire, il faudra ajouter périodiquement un mois lunaire à l'année lunaire pour « rattraper » le temps perdu. Cette année lunaire (embolismique) comportera donc 13 mois au lieu des 12 habituels. Mais comment faire et quand intercaler ce mois supplémentaire ?
Il est hors de question d'utiliser des règles arithmétiques dans un calendrier « astronomique ». Exit donc l'application du cycle de Méton. Heureusement, certains événements astronomiques indirects vont nous aider à régler ce problème.
Nous avons vu dans la première partie que la durée des mois solaires est variable. Nous verrons plus loin qu'il en est de même pour les mois lunaires. Nous avons vu aussi que le mois lunaire porte le nom du mois solaire dans lequel il débute (nouvelle lune).
De par la différence de longueur du mois solaire et du mois lunaire, il arrive donc que le mois solaire « contienne » entièrement le mois lunaire. Et, par conséquent, ce mois solaire va « contenir » deux nouvelles lunes. Et comme un mois solaire ne doit, selon la règle, ne contenir qu'une nouvelle lune, nous tenons notre événement et nous allons pouvoir rajouter le fameux mois complémentaire :
Le mois amanta qui débute à la première nouvelle lune contenue dans le mois solaire sera considéré comme le mois complémentaire et son nom comportera le préfixe adhika (ou mala). Le mois suivant ce mois « spécial » sera le mois normal et son nom comportera le préfixe **suddha (**ou Nija).
Prenons un exemple : le mois solaire Vaisakha contient deux nouvelles lunes N1 et N2. La troisième nouvelle lune N3 est dans le mois solaire suivant. Le mois solaire N1-N2 va s'appeler adhika-Vaisakha et le mois solaire N2-N3 va s'appeler suddha-Vaisakha.
Cet ajout d'un mois complémentaire se produit généralement tous les 2 ans et 4,9,10,11 mois ce qui donne, en moyenne, 2 ans 8,2 mois. Un rapide calcul sur 19 ans et nous en arrivons à 7 mois complémentaires pour cette période. Le cycle de Méton est retrouvé et le calcul astronomique rejoint le calcul arithmétique.
Cette idée originale de nommer les mois et d'intercaler des mois complémentaires va, malheureusement, se retourner contre le calendrier amanta.
En effet, le processus inverse de la double nouvelle lune dans un mois solaire peut se produire pour les trois mois les plus courts de l'année solaire (Agrahayana, Pausha ou Magha) : Un mois solaire ne contiendra aucune nouvelle lune et le mois lunaire sera, ce que j'appelle « orphelin » (kshaya pour les Indiens). Certes, cet événement est beaucoup plus rare que le phénomène adhika puisqu'il n'arrive qu'à des intervalles de 4,19,65,76,122,141 ans, mais il faut bien lui trouver une solution.
Avant de poursuivre en évoquant les différentes solutions, précisons bien les problèmes des mois à deux noms et des mois sans nom :
- Pour les mois à deux noms, il s'agit d'une occasion de mettre en phase le calendrier solaire et le calendrier lunaire en ajoutant un mois. Puis, accessoirement, de trouver un nom au mois complémentaire.
- Pour le mois sans nom, il s'agit d'un phénomène dont on se passerait bien et qu'il faut résoudre en nommant le mois orphelin sans remettre en cause le principe d'une année lunaire de 12 mois.
Posons ce problème visuellement :
Dans la figure, le mois solaire 9 (Pausha) ne contient aucune nouvelle lune et de ce fait le mois lunaire correspondant devient kshaya. Il faut donc lui trouver un nom parmi les douze connus.
Nous remarquons tout d'abord une chose : le mois 6 (asniva) et le mois 12 (chaitra) contiennent chacun deux nouvelles lunes.
Ce phénomène est systématique : un mois lunaire kshaya est toujours précédé d'un mois adhika et suivi d'un mois adhika (avec une fourchette de trois mois avant et après). De cette constatation va venir la solution pour nommer le mois lunaire orphelin.
Et, bien entendu, différentes écoles vont traiter ce problème à leur façon :
- Solution de« l'école de l'est » : considérer le premier mois adhika comme complémentaire et le second comme normal.
- Solution de « l'école du nord-ouest » : considérer le premier mois adhika comme normal et le second comme complémentaire.
- Solution de « l'école du sud » : elle réconcilie tout le monde en adoptant des règles des deux autres écoles. Les deux mois adhika sont traités comme des mois complémentaires. Le mois amanta qui contient deux samkranti est considéré comme étant jugma (double mois). Chaque tithi (nous en parlerons plus loin) de ce mois est dédoublé. La première moitié du tithi est le tithi du premier mois du double-mois et la deuxième moitié est le tithi du deuxième mois du double-mois. Le mois amanta avant le double mois porte le même nom que si on appliquait les règles de l'école de l'est alors que le mois amanta après le double mois porte le même nom que si on appliquait les règles de l'école de l'ouest.
Pour y voir plus clair, nommons nos mois en appliquant les règles de ces trois écoles :
Divisions du mois du calendrier amanta : le tithi
Le début et la durée du jour lunaire (tithi) sont basés sur la différence de longitude entre la position du soleil et celle de la lune.
Il y a 30 tithis dans un mois amanta et un tithi correspond à la durée pendant laquelle la distance angulaire de la lune au soleil augmente de douze degrés (1/30 de 360°). Ils sont numérotés en commençant à partir de la nouvelle lune.
Les 15 premiers tithis constituent sukla pasksha qui correspond à la période pendant laquelle la lune croît. Ils portent des numéros de 1 à 15 avec S pour préfixe.
Les 15 derniers tithis constituent krinshna pasksha qui correspond à la période pendant laquelle la lune décroît. Ils portent des numéros de 1 à 15 avec K pour préfixe.
Chaque tithi de sukla pasksha et de krinshna pasksha qui a le même numéro porte le même nom sauf le tithi 15.
Num. | Lettre préfixe | Nom | Phases de lune |
---|---|---|---|
1 | S ou K | Pratipada |
|
2 | S ou K | Dvitiya | |
3 | S ou K | Tritiya | |
4 | S ou K | Charturthi | |
5 | S ou K | Panchami | |
6 | S ou K | Sashthi | |
7 | S ou K | Saptami | |
8 | S ou K | Ashtami | |
9 | S ou K | Navami | |
10 | S ou K | Dasami | |
11 | S ou K | Ekadasi | |
12 | S ou K | Dvadasi | |
13 | S ou K | Trayodasi | |
14 | S ou K | Chaturdasi | |
15 | S | Purnima | |
30 | K | Amavasya |
Les déplacements de la lune et du soleil (de la terre) n'étant pas uniformes, les tithis n'ont pas la même durée. La durée moyenne est de 23H37min30 (23,625 heures) mais peut varier de 19,48H à 26,78H.
Chacun des 29 ou 30 jours du calendrier amanta est affecté du numéro de tithi en cours au lever du soleil.
Nous allons retrouver ici le même phénomène que dans les mois de l'année. Un tithi peut très bien commencer après le lever du soleil et finir avant le prochain lever. Dans ce cas, son numéro sera ignoré dans le calendrier et ce sera un jour kshaya. De la même façon, un jour tithi peut très bien contenir deux levers de soleil et, dans ce cas, le numéro de jour tithi est affecté aux deux jours. Le second étant un jour complémentaire. La numérotation des jours d'un mois dans le calendrier amanta n'est donc pas continue.
2-b) Le calendrier purnimanta (ou gaunamana)
Ce calendrier va concerner les régions ou états suivants :
Le calendrier purnimanta, comme le calendrier amanta, utilise le mois lunaire pour construire l'année lunaire. Ces deux calendriers ont donc des caractéristiques communes :
- Ils restent synchronisés avec l'année nirayana.
- Ils utilisent les mêmes ères (voir plus haut).
- Mêmes divisions du mois en deux grandes parties : krishna paksha (vadi) et sukla paksha (sudi).
- Même système de traitement des mois complémentaires et des mois « orphelins ».
Mais, vous vous souvenez que si le mois amanta court d'une nouvelle lune à une autre nouvelle lune, le calendrier purnimanta va couvrir, lui, une période entre deux pleines lunes.
Le mois purnimanta va commencer environ 15 jours avant le mois amanta correspondant (le nom des mois est identique dans les deux calendriers).
Du fait de ce décalage, le mois purnimanta « couvre » au moins la moitié du mois solaire.
L'année purnimanta commence en même temps que l'année amanta de type « chaitra ». Ce qui signifie qu'elle commence au milieu de mois chaitra dans le calendrier purnimanta. La première moitié (vadi) de chaitra appartient donc à l'année précédent l'année en cours.
On peut se demander quel est l'intérêt d'une telle année purnimanta qui semble être la copie conforme de l'année amanta avec des inconvénients en plus. Notamment de faire débuter l'année en plein milieu d'un mois. Si quelqu'un a des idées sur l'avantage de l'année purnimanta, qu'il me fasse signe.
La semaine indienne
Comme nous, les Indiens utilisent la semaine de 7 jours et, comme nous, ils la font commencer le lundi.
Les noms des jours sont les suivants :
Français | indien |
---|---|
Lundi | Somavara |
Mardi | Mangalavara |
Mercredi | Budhavara |
Jeudi | Vrihaspativara ou Guruvara |
Vendredi | Sukravara |
Samedi | Sanivara |
Dimanche | Ravivara |
Les cycles
Le cycle principal des années est le mahayuga ou chaturyuga de 4 320 000 années. Il est divisé en quatre périodes comptées en années humaines et années divines (360 années humaines). Voici ce cycle et ses périodes :
Cycle | Durée |
---|---|
Mahayuga | 4 320 000 ans |
Satyayuga ou âge d'or | 1 728 000 années humaines 4 800 années divines |
Tretayuga ou âge d'argent | 1 296 000 années humaines 3 600 années divines |
Dvaparayuga | 864 000 années humaines 2 400 années divines |
Kaliyuga ou âge du fer | 432 000 années humaines 1 200 années divines |
L'actuel Kaliyuga a commencé à minuit le 18 février 3102 av. J.-C. Inutile de vous dire qu'on y est encore pour un certain temps.
Les ères
Nous allons nous en tenir aux principales ères directement liées aux calendriers étudiés. En effet, le nombre des ères en Inde est très important. Certaines sont liées aux calendriers d'origine étrangère, d'autres à des variantes locales des calendriers solaires ou lunaires.
Ère | Début dans le calendrier grégorien | Régions |
---|---|---|
Calendriers solaires | ||
Kali | Année + 3101 de mi-avril à décembre Année + 3100 de janvier à mi-avril | Pour tous calendriers solaires et lunaires |
Saka calendrier national | Année - 78 du 22 mars à décembre Année - 79 de janvier au 21 mars | Uniquement dans le calendrier national |
Saka traditionnel | Année - 78 de mi-avril à décembre Année - 79 de janvier à mi-avril | Tamil Nadu, Orissa, Punjab. |
Bengali San | Année - 593 de mi-avril à décembre Année - 594 de janvier à mi-avril | Bengale Occidental, Assam, Tripura |
Kollam | Année - 824 de mi-août à décembre Année - 825 de janvier à mi-août | Kerala |
Calendriers luni-solaires | ||
Salivahana Saka | Année - 78 de mars/avril à décembre Année - 79 de janvier à mars/avril | Maharashtra, Andhra, Pradesh, karnataka. |
Vikram Samvat (Chaitradi ) | Année + 57 de mars/avril à décembre Année + 56 de janvier à mars/avril | Uttar Pradesh, Madhya Pradesh, Bihar, Rajasthan et Nord-Ouest de l'Inde |
Vikram Samvat (Kardikadi) | Année + 57 de octobre/novembre à décembre Année + 56 de janvier à octobre/novembre | Gujarat et partie du rajasthan |
Vikram Samvat (Ashadadi) | Année + 57 de juin/juillet à décembre Année + 56 de janvier à juin/juillet | Kutch et partie du Kathiawar |
À la lecture de ce tableau, on peut constater qu'il n'y a pas de lien entre la structure d'un calendrier et l'ère adoptée. L'ère Vikran est utilisée au nord de l'Inde où le calendrier purnimanta est usité mais aussi au Gujarat qui connaît le calendrier armanta. L'ère Saka est utilisée au sud de l'Inde où les calendriers amanta sont usités. Elle l'est aussi là où existent les calendriers solaires.
Kali ahargana
Les Indiens connaissent depuis plus longtemps que nous un système de comput du temps continu et indépendant de tout calendrier : l'ahargana. C'est l'équivalent de notre jour julien. Il a été inventé par un astronome Hindou (né en 476), Aryabhata I et son point de départ se situe le 17 février - 3101 à minuit. Le temps de référence actuel est l'Indian Standard Time (IST).