Le calendrier zoroastrien

Comme pour tous les calendriers liés à une religion de ce site, je tiens à dire que la partie «histoire» de cette page n'a pas d'autre but que de positionner le calendrier dans une époque et, peut-être, de trouver certaines motivations à la création ou à la structure du calendrier étudié.

Cette page n'a donc pas pour vocation de prendre position sur telle ou telle religion.

Un peu d'histoire

Pour les besoins de notre calendrier, nous allons nous intéresser ici à une religion qui trouve ses racines dans la Perse antique et tenter de faire la distinction entre les trois noms qu'indifféremment on lui donne quelquefois : Mazdéisme, Zoroastrisme, Parsisme.

Le Mazdéisme

Son origine remonte aux tribus Indo-Européennes (ariennes) venues du Caucase et d'Asie centrale au cours des 2e et 1er millénaires avant J.-C. et qui s'installèrent sur le plateau iranien. Les plus célèbres d'entre elles sont les Mèdes et les Perses.

Le Mazdéisme emprunte son nom à celui que les fidèles donnent à leur dieu Ahura Mazdâ (le seigneur sage). Ce dieu est lui-même entouré de divinités, les Amesa Spenta.

Le Mazdéisme est donc polythéiste et sera la religion officielle des empires perses arsacide (549 av. J.-C. - 330 av. J.-C.) et sassinide (226 - 651).

Le Zoroastrisme

C'est à Zarathoustra (Zoroastre en grec de par Platon qui révéla son existence à l'occident) que l'on doit la réforme des anciennes croyances mazdéistes.

La tradition le fait vivre au VIIe siècle av. J.-C. (660 à 583) soit un peu avant la fondation de l'empire Perse par Cyrus le Grand.

Il faut bien constater que sa vie est très peu connue et que certains le situent à des époques plus reculées (IIe millénaire).

La Perse à son extension maximale. C'est l'Empire achéménide

L'Avesta est le livre saint de la religion zoroastrienne dont une partie, la plus sacrée, a été reconnue comme étant de Zoroastre lui-même. Ce sont les 17 chapitres ou «hymnes sacrés» qu'on regroupe en 5 Gatha (Ahunavaiti, Ustavaiti, Spenta Mainyu, Vohuxsathra, Vahistoisti). A. H. Anquetil-Duperron fut le premier à traduire l'Avesta en 1771.

Bien que ne se déclarant pas prophète, Zoroastre est pour les Parsis d'aujourd'hui comparable au Bouddha, au Christ ou à Mahomet.

La Doctrine

Nous n'allons pas entrer dans le détail du Zoroastrisme qui n'aurait pas place dans cette page. Mais, on peut dire schématiquement :

Le Zoroastrisme est monothéiste : Ahura Mazdah est LE Dieu créateur suprême.
En dessous de lui on trouve deux «Esprits jumeaux» : Angra Mainyu plus connu sous le nom d'Ahriman qui est le mauvais Esprit et Spenta Mainyu qui est l'Esprit bénéfique.

Ahura Mazdah règne sur six divinités qui sont les Amesa Spenta, Immortels Bénéfiques : Vohu Mano, la Bonne Pensée ; Asha Vahista, la Meilleure rectitude ; Xsathra Varya, l'Empire Désirable ; Spenta Armaiti, la Bénéfique Pensée Parfaite ; Haurvatat, l'Intégrité ; Ameratat, la Non-Mort. Ces divinités sont qualifiées d'une épithète qui équivaut au nom de dieu : Yazata.

Il appartient à l'homme de choisir librement entre la voie du bien et celle du mal. Les bons seront récompensés après leur mort et trouveront une place dans le royaume d'Ahura Mazdah. Dans le cas contraire, il s'agira d'une descente aux enfers. Il n'y a pas de réincarnation. À noter que le feu fait l'objet d'une véritable vénération et est considéré comme le principal symbole de Dieu, symbole de pureté.

Zoroastre s'oppose aux anciennes pratiques mazdéennnes qui étaient :

Le zoroastrisme de nos jours

Il existe aujourd'hui deux communautés zoroastriennes dans le monde.

30 000 Guèbes zoroastriens vivent en Iran
30 000 Guèbes zoroastriens vivent en Iran
200 000 Parsis zoroastriens vivent en Inde
200 000 Parsis zoroastriens vivent en Inde

Les calendriers

Les premiers zoroastriens utilisèrent un calendrier de type mésopotamien, c'est-à-dire de 12 mois de 30 jours (360 jours) auxquels était ajouté un mois tous les six ans pour garder une concordance avec l'année tropique. Le Nouvel An (Noruz) était célébré à l'équinoxe vernale (21 mars de notre calendrier).

Au milieu du V ème siècle avant J.-C. qui correspond à l'époque de l'Empire Achéménide, ils «personnalisèrent» ce calendrier en donnant aux mois (Mah) les noms des Yazatas (sauf le premier et le douzième mois). Il en fut de même pour les jours qui furent nommés. Chaque mois fut divisé en 4 parties dont le premier jour était dédié au Créateur.

Les mois

Rang Nom
1 Fravashis
2 Ardwahisht
3 Hordad
4 Tir
5 Amurdad
6 Shahrewar
7 Mihr
8 Aban
9 Adar
10 Dae
11 Vohuman
12 Spandarmad

Les Jours

Rang Nom Signification
Célébration de AHURA MAZDA (le créateur) et des Amesha Spentas
1 Ohrmazd Le Seigneur de la Sagesse (nom de Dieu selon Zarathushtra)
2 Vohuman Bon esprit ou sujet - préside au-dessus des animaux
3 Ardwahisht Plus haut Asha - préside au-dessus du feu
4 Shahrewar "Dominion Souhaitable" - préside au-dessus des métaux
5 Spandarmad Dévotion sainte (ou bienfaisante) - préside au-dessus de la terre
6 Hordad Intégrité (perfection ou santé) - préside au-dessus des eaux
7 Amurdad Immortalité ou vie - préside au-dessus des plantes
Célébration de la LUMIERE et de la NATURE
8 Dae-pe-Adar Le Jour du créateur avant Adar
9 Adar Feu
10 Aban Eau
11 Khwarshed Le soleil brillant
12 Mah La Lune
13 Tishtar L'étoile Sirius, l'étoile la plus lumineuse dans le ciel
14 Gosh La vie de Sentient ou l’Ame du Boeuf
Célébration des QUALITÉS MORALES
15 Dae-pe-Mihr Le Jour du Créateur avant Mithra
16 Mihr Yazad du contrat
17 Srosh Yazad de "L’Eveil " (faire attention )
18 Rashnu Yazad de la vérité
19 Farwardin Le Gardien des Anges
20 Warharan Victoire, triomphe sur le mal
21 Ram Paix, joie
22 Gowad Vent, atmosphère
Célébration des* CONCEPTS RELIGIEUX
23 Dae-pe-Den Le Jour du Créateur avant Den
24 Den Religion, ou aussi Soi intérieur ou conscience
25 Ashi Bénédiction ou récompenses
26 Ashtad Rectitude, Justice
27 Asman Ciel
28 Zam Terre
29 Mahraspand Sainte parole (Manthra)
30 Anagran Lumière sans fin

En 226 apr. J.-C. Ardachir Ier prend le titre de «roi des rois» de l'Empire sassanide et devient ainsi le premier Shah. Zoroastrien convaincu, il en fait la religion d'État et s'attache à rassembler et à faire copier les textes sacrés.

Il change le vieux calendrier de 360 jours en un calendrier de 365 jours en ajoutant cinq jours à la fin de l'année après le dernier mois. On en arrivait ainsi à un calendrier du type égyptien. La réforme ne s'est pas faite sans mal et on fût à deux doigts de voir coexister deux calendriers, l'un «royal» l'autre «traditionnel». Ce n'est qu'à la fin de la deuxième année, après que le roi eut déclaré que Noruz serait célébré seulement à la fin des 365 jours, que le calendrier fût accepté bon gré mal gré.

Sur ce bas-relief, Ardeshir Ier reçoit le symbole de la royauté des divines mains d'Ahura Mazda
Sur ce bas-relief, Ardeshir Ier reçoit le symbole de la royauté des divines mains d'Ahura Mazda s1ingshot / CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Les cinq jours additionnels prirent les noms des cinq Gathas : Ahunavad, Ustavad, Spentomad, Vohuxsathra, Vahistoist.

Pour garder ce calendrier synchrone avec l'année tropique, il fut décidé d'intercaler un treizième mois tous les 120 ans.

Tout alla bien jusqu'en 1006 et Noruz (le Nouvel An) coïncidait bien avec l'équinoxe vernale (mi-mars). Mais ce ne fut pas le cas en 1126 puisque les zoroastriens d'Inde ajoutèrent un treizième mois alors que ceux d'Iran oublièrent. Puis, sans savoir pourquoi, les deux communautés n'ajoutèrent plus aucun mois supplémentaire et Noruz se mit à dériver pour tomber aujourd'hui... en Août.

Ce n'est qu'en 1720 qu'un prêtre, parti du Kerman vers l'Inde pour discuter théologie, constata le décalage d'un mois entre les calendriers «iranien» et «indien». Il alerta les Parsis. La polémique dura longtemps entre les Parsis sur ce qu'il fallait faire puisque ce n'est qu'en 1746 que les différences de vues furent constatées. Un groupe décida d'adopter le calendrier «iranien» qu'ils appelèrent Qadimi (ou Kadmi). La plus grande majorité des Parsis resta fidèle à son calendrier traditionnel qu'ils appelèrent Shenshai (ou Shahanshashi).

Pour résumer, il n'y a entre le calendrier Qadimi et le calendrier Shenshai aucune autre différence qu'un décalage de un mois.

Le point de départ de ces deux calendriers est le même : c'est l'année grégorienne 631 apr. J.-C. qui correspond à l'année de montée sur le trône du dernier roi zoroastrien Yazgard III. C'est la raison pour laquelle les dates du calendrier zoroastrien voient l'année affectée du suffixe Y ex : 1372 Y = 2003 CE.

Au début du XXe siècle, un zoroastrien bien connu de Bombay, Khurshedji Cama, s'inquiète de la dérive du début de l'année et décide d'unifier les calendriers Qadimi et Shenshai. En 1906, il fonde le «Zarthosti Fasli Sal Mandal». Le groupe ainsi constitué décide d'ajouter un jour supplémentaire à l'année tous les quatre ans en concordance avec le calendrier grégorien. Ainsi, le début de l'année serait fixé définitivement au 21 mars et les Gahambars (saisons) seraient fixes. Ce calendrier, résolument saisonnier prit logiquement le nom de Fasli (saisonnier).

Quand ajouter le jour supplémentaire qui sera donc le sixième et portera le doux nom de Roz-e Wahizag ? Chaque fois qu'entre le 21/03 d'une année grégorienne et le 21/03 de l'année grégorienne suivante on comptera 366 jours.

Kharshedji Rustomji Cama, aussi connu sous le nom de  K. R. Cama
Kharshedji Rustomji Cama, aussi connu sous le nom de K. R. Cama © Encyclopædia Iranica

Khurshedji Cama décide d'unifier les calendriers Qadimi et Shenshai. En fait, il ajoutera un nouveau calendrier aux deux autres.

Cette volonté de réunification des calendriers ne tenait pas compte d'un élément important : les textes sacrés.

En effet, le Denkard, ch. 419 précise bien que "En plus du total de 365 jours, il faut tenir compte de six heures additionnelles... Ces six heures font un jour en quatre ans... un mois en 120 ans... Ces six heures doivent être comptées à part des derniers jours de l'année...".

Ma traduction est plus qu'approximative mais, bref, il faut en retenir qu'il est hors de question d'ajouter un sixième jour à l'année et qu'il faut les cumuler jusqu'à ce qu'ils constituent un mois qui sera alors ajouté à la fin de l'année (ce qui avait été fait au tout début des calendriers Qadimi et Shenshai à l'époque ou ils n'en constituaient qu'un.

Et il arriva ce qui devait arriver : certains zoroastriens refusèrent d'adopter le calendrier Fasli et, en fin de compte, on se retrouva avec trois calendriers qui coexistent encore à l'heure actuelle.

Il faut quand même constater que ce calendrier Fasli a été adopté par la plus grande majorité des zoroastriens. Les noms des mois et des jours de ce calendrier sont les mêmes que ceux des deux autres.

Pourquoi ne pas imposer tout bonnement l'usage d'un seul calendrier ? Tout simplement parce que se serait contraire aux pensées de Zarathoustra qui a dit que «chaque personne à le libre choix selon sa conscience impartiale et éclairée». (Yasna 30,2).

Les divisions du jour

Chaque jour, dans chacun des trois calendriers, est divisé en cinq gahs («veilles») qui marquent les moments de la prière :

Nom Partie du jour
Hawan du lever du soleil à la nuit
Rapithwin ou second Hawan de la nuit à 15h00
Uzerin de 15h00 au coucher du soleil
Aiwisruthrem du coucher du soleil à minuit
Ushahin de minuit au lever du soleil

Les principales fêtes

Six fêtes sont liées aux saisons, les Gahambars :

No. Nom Saison Lien jours de fête dans le mois Mois
1. Maidyoizaremaya Mi-printemps Ciel 11 au 15 Ardibehesht
2. Maidyoishema Mi-été EAux 11 au 15 Tir
3. Paitishahya début automne Terre 26 au 30 Shehrevar
4. Ayathrima mi-automne Plantes 26 au 30 Meher
5. Maidhyairya mi-hiver Bétail 16 au 20 Dae
6. Hamaspathmaedaya avant printemps Homme 26 au 5 Aspandarmad

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