Le calendrier essénien

Un brin d'histoire

Nous n'allons pas refaire ici la chronologie de la Palestine puisque nous en avons déjà pris connaissance dans la page consacrée au calendrier juif.

En revanche, notre découverte du calendrier essénien va nous amener à nous pencher sur trois types de documents : le Livre des Jubilés, le Livre d'Hénoch et les manuscrits de la mer Morte. Aussi, proposons nous de faire plus ample connaissance avec l'histoire de ces différents documents.

Le Livre des Jubilés

C'est un ouvrage biblique classé dans les pseudépigraphiques (écrits juifs qui ne font partie ni du canon juif ni du canon chrétien) par la Pléiade qui regroupe ces écrits dans un ensemble d'écrits« intertestamentaires » parce qu'ils se situent entre l'Ancien Testament et le Nouveau Testament.

Le Livre des Jubilés découpe en « jubilés » (périodes de quarante-neuf ans) la série des événements relatés depuis la Genèse jusqu’au chapitre XII de l’Exode. Chaque jubilé est à son tour divisé en sept séries de sept ans.

Il est connu sous diverses appellations : Livre des Jubilés, Petite Genèse (parce qu’il répète ou paraphrase une grande partie de la Genèse et des passages de l’Exode), Apocalypse de Moïse et Testament de Moïse.

Il aurait été écrit, dans sa forme définitive, vers l'an 100 av. J.-C. Plusieurs fragments de sa version hébraïque primitive figurent dans la «bibliothèque» découverte à Qumran en 1947.

Le livre d'Hénoch

Le Livre éthiopien d’Hénoch (ou Premier Livre d’Hénoch) est l'ouvrage le plus long des Pseudépigraphes. Son nom, « Hénoch éthiopien », lui vient de la seule version dans laquelle il nous est parvenu en entier. Il comporte plusieurs parties écrites par différents auteurs entre le IIe et le Ier siècle av. J.-C. L'ouvrage original aurait été écrit soit en hébreu soit en araméen. Il fut peu après traduit en grec. La traduction en langue éthiopique aurait été faite à partir du grec vers 500 apr. J.-C. Des passages de la version en langue éthiopique nous sont parvenus en grec, en latin et en araméen, ces derniers ayant été découverts à Qumran.

Le livre comporte sept parties. C'est la quatrième partie (71-82) contenant des révélations sur les corps célestes qui nous intéresse particulièrement dans notre étude du calendrier essénien.

Notons au passage qu'il existe sur le Net une traduction française du Livre d'Hénoch (ici par exemple). Elle est quelquefois assez différente de la traduction anglaise de Richard Laurence. Quand cette différence aura une importance, je donnerai à la fois le texte français et le texte anglais.

Qumran et les manuscrits de la mer Morte

Nous venons, dans les deux paragraphes précédents, de parler de Qumran où ont été trouvés plusieurs textes du Livre d'Hénoch et du Livre des Jubilés.

Nous n'allons pas voir par le menu l'histoire de Qumran et des manuscrits de la mer Morte. La littérature ne manque pas sur le sujet. Notre seule volonté ici sera de positionner les manuscrits que nous allons étudier à la fois dans le temps, et dans l'histoire des courants de pensée de l'époque.

À propos de Qumran, on peut lire dans Encarta :

Qumran, également appelé Khirbet Qumran (« ruine de pierre »), établissement juif de la Palestine antique près duquel furent découverts en 1947 les manuscrits de la mer Morte. Le site se trouve sur la rive nord-ouest de la mer Morte, à 13 km au sud de Jéricho. À l'époque du Christ, Qumran était le centre d'une grande communauté religieuse appartenant à la secte des esséniens. Ceux-ci se séparèrent des autres courants religieux juifs au IIe siècle av. J.-C. Persécutés par les Maccabées, ils se retirèrent dans le désert, ce qui convenait à leur vie ascétique. Le site de Qumran, où ils vécurent nombreux, installés dans les grottes des falaises environnantes, fut probablement occupé vers 135 av. J.-C. Il fut temporairement abandonné après un tremblement de terre en 31 av. J.-C. et détruit par les Romains en 68 apr. J.-C. Il fut habité une dernière fois en 132-135 apr. J.-C. par les insurgés de la révolte de Bar Kocheba.

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Résumons en images avec quelques précisions :

1947

En mars 1947, un jeune Bédouin (Muhammad ed-Dib), de la tribu Ta'amirech découvre des manuscrits enfermés dans des jarres. Elles sont entreposées dans la grotte d'Ain-Feshka. Tout naturellement, cette grotte deviendra la grotte A ou grotte 1.

Ci-dessus, la localisation des grottes qui contenaient des manuscrits. Ces manuscrits recevront une référence indiquant la grotte dans laquelle il fut découvert et son numéro d'ordre. Ainsi 4Q317 sera le 317e manuscrit découvert dans la grotte A.

L'entrée de la grotte 1 dans laquelle furent découverts les premiers manuscrits.
L'entrée de la grotte 1 dans laquelle furent découverts les premiers manuscrits.

Depuis la première découverte, 180 grottes ont été explorées. Parmi elles, une quinzaine contenaient des manuscrits. La quatrième, qui nous intéresse particulièrement à cause des manuscrits concernant le calendrier qu'elle contenait, fut découverte en 1952.

C'est ainsi que furent découverts, dans l'ensemble des grottes, de nombreux fragments littéraires divers et des centaines de textes se rapportant à la plupart des livres de l'Ancien Testament bibliques et non bibliques (comme le livre des Jubilés et le livre de 1 Hénoch).

Ces manuscrits étaient écrits sur des peaux d'animal ou de papyrus. Pour les lire, dans une écriture de droite à gauche, il fallait les dérouler. Plusieurs langues étaient utilisées (hébreu, araméen,grec) dans une demi-douzaine d'écritures différentes. Certains des manuscrits étaient en piteux état et il fallut beaucoup de temps et de patience pour reconstituer près de 870 manuscrits à partir de plus de 15 000 fragments.

Après diffusion de l'intégralité des rouleaux en 1911, on constata que des centaines de scribes avaient participé à l'élaboration des textes. À peine une demi-douzaine de ces scribes avaient commis plusieurs textes.

Quelques-uns de ces rouleaux seraient du IIe siècle av. J.-C, la grande majorité du premier siècle av. J.-C. et un petit nombre du premier siècle de notre ère. On peut donc considérer que les auteurs œuvrèrent dans une période comprise entre 200 av. J.-C. et 100 apr. J.-C.

1951

C'est à cette année qu'à 3 kilomètres de la grotte d'Ain Feshka on découvre et on entreprend les fouilles de Khirbet Qumran (Khirbet signifie ruines en arabe). Ces fouilles avaient pour but d'aider à comprendre qui se cachait derrière l'élaboration des textes.

Les fouilles durèrent de 1951 à 1956 et on découvrit un véritable ensemble communautaire : système d'approvisionnement en eau sophistiqué, grande salle considérée comme étant le scriptorium, lieu de rédaction des manuscrits), salle de réunion, blanchisserie, chambres... À proximité, on découvrit un cimetière.

Vue générale du Site de Qumran avec, au premier plan, les falaises au flanc desquelles on découvrit les grottes contenant une partie des manuscrits.
Vue générale du Site de Qumran avec, au premier plan, les falaises au flanc desquelles on découvrit les grottes contenant une partie des manuscrits.
Plan du site de Qumran qui ne pouvait abriter plus de 50 personnes. Il n'a été découvert aucun chemin entre les ruines et les grottes qui aurait pu faire penser que les grottes servaient de lieu de travail ou de méditation.
Plan du site de Qumran qui ne pouvait abriter plus de 50 personnes. Il n'a été découvert aucun chemin entre les ruines et les grottes qui aurait pu faire penser que les grottes servaient de lieu de travail ou de méditation.

Les archéologues, dont le Révérend Père Roland Guérin de Vaux qui dirigea les fouilles, décrétèrent que le site était un établissement essénien.

Les esséniens étaient l'une des trois écoles de philosophie juives décrites par Flavius Josèphe (c.37 - c.100) dans La Guerre des Juifs et Antiquités Judaïques. Les deux autres écoles étant les pharisiens et les sadducéens. Pline l’Ancien (23 - 79) les cite aussi dans son Histoire naturelle et Hippolyte de Rome dans la Réfutation de toutes les hérésies.

Nous pourrions en rester là, mais il convient de noter que cette hypothèse essénienne, qui prévaut encore de nos jours, commence à être remise en question.

Il est donc encore permis de se poser deux questions :

On distingue sur le flan de la falaise l'entrée de la grotte 4 où furent découverts en 1952 les manuscrits relatifs au calendrier essénien.
On distingue sur le flan de la falaise l'entrée de la grotte 4 où furent découverts en 1952 les manuscrits relatifs au calendrier essénien. Dr. Avishai Teicher Pikiwiki Israel / CC BY 2.5 via Wikimedia Commons

Le calendrier

Avertissement : Les textes que nous allons étudier étant trop longs, j'ai préféré les placer sur une autre page. Seules les parties que nous commenterons seront reprises sur cette page.

L'appellation de calendrier essénien a été proposée par André Dupont-Sommer (1900-1983. orientaliste français et secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres) à partir de descriptions de Pline l'Ancien et Flavius Josèphe. Compte tenu de ce que nous venons de lire, ce calendrier pourrait tout aussi bien s'appeler calendrier d'Hénoch ou calendrier de Qumran. Mais bon, puisque l'habitude est prise...

Nous allons examiner successivement :

Le calendrier solaire ou calendrier essénien

Si nous devions qualifier les textes auxquels nous allons faire appel, on pourrait dire que :

Si nous lisons attentivement le chapitre 71 du Livre d'Hénoch nous apprenons que le cycle solaire veut que le Soleil «commence sa carrière» par six portes situées à l'est et la finit par six portes situées à l'ouest.

Il «commence sa carrière le premier mois» en passant par la quatrième porte.

Il va ainsi, successivement passer deux fois par chacune des portes. Chaque fois, il s'écoulera trente jours avant que le Soleil ne change de porte. Le paragraphe 43 nous précise que c'est la course même du Soleil qui produit la longueur ou la brièveté des jours et des nuits. Et, en effet, à chaque sortie par une porte à l'ouest, les durées respectives du jour et de la nuit nous sont comptées. L'ordre de passage par les différentes portes est le suivant : 4, 5, 6, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 1, 2, 3.

Notons, au passage, que la division du jour (journée + nuit) n'est pas de 24, mais de 18. Le jour essénien aurait-il donc compté 18 «heures» ?

On peut résumer ce que nous venons de voir en disant que l'année du calendrier essénien est solaire et compte 12 mois de 30 jours.

Mais 30 x 12 = 360 jours sont bien loin d'égaler les 365,25 jours (environ) de l'année tropique. Si nous reprenons notre chapitre 71, nous constatons que certains mois comptent en fait 31 jours. À cause de leur «signe» nous dit le texte.

C'est quoi, ce «signe» ? C'est comme nous le dit 81-6, un jour complémentaire qu'il convient d'ajouter à la fin du mois pour porter son nombre de jours à 31. Enfin... certains mois. Et 81-6, toujours, nous apprend qu'il y en a "un à la première porte, un second à la troisième porte, un troisième à la quatrième, un dernier à la sixième porte".

On en arrive donc à une année de 364 jours. Quand commence-t-elle ?

Pour nous aider à répondre à cette question, établissons un tableau récapitulatif de ce que nous venons de voir en y ajoutant la durée du jour et de la nuit à la fin de chaque mois.

Mois Porte Nombre de jours À la fin du mois
longueur jour longueur nuit
1 4 30 10 8
2 5 30 11 7
3 6 31 12 6
4 6 30 11 7
5 5 30 10 8
6 4 31 9 9
7 3 30 8 10
8 2 30 7 11
9 1 31 8 12
10 1 30 7 11
11 2 30 8 10
12 3 31 9 9

Nous constatons qu'à la fin du 12emois, et donc le jour «signe» (complémentaire) qui précède le premier mois de l'année suivante, la longueur du jour est égale à celle de la nuit. Nous sommes donc le jour d'un équinoxe. Les jours s'allongeant les mois suivants, on peut en conclure que l'année commence à l'équinoxe vernal (ou équinoxe de printemps).

On peut ajouter que l'année commence précisément un mercredi qui correspond au quatrième jour de la semaine (la semaine chez les Hébreux commence le dimanche). C'est en effet le quatrième jour que, selon l'Ancien Testament, Dieu a créé le Soleil, la Lune et les étoiles.

Nos fameux «signes» correspondent donc aux équinoxes et solstices.

À y regarder de plus près, on peut constater qu'il serait possible de diviser l'année en quatre parties de 91 jours. De là à imaginer quatre saisons séparées par les «signes» il n'y a qu'un pas. Eh bien, franchissons-le en prenant connaissance du chapitre 81: 10 à 25 où on peut lire une description détaillée des saisons.

On retrouve cette division de l'année dans le manuscrit de la mer Morte 4Q328 qui indique les semaines de garde sacerdotale (nous y reviendrons) pour chaque trimestre de six années : "... Voici les chefs par année : Pour la première année, Gamoul, Elyach, Maaziahou, et Houppa..."

Schématiquement, le calendrier essénien se présente donc ainsi :

On retrouve les mois (chiffes rouges), le nombre de jours de chaque mois (chiffres bleus), les saisons (fond vert), les quatre jours complémentaires de l'année aux solstices et équinoxes. Le tout constitue une année de 360 jours + 4 jours complémentaire soit 364 jours.

Ceux d'entre nous qui connaissent les calendriers perpétuels ou les calendriers fixes ont certainement reconnu dans ce calendrier essénien un calendrier de ce type. Une année de 364 jours compte exactement 52 semaines. Du coup, il peut débuter toujours le même jour (en l'occurrence un mercredi) et les fêtes et autres événements peuvent être placés toujours le même jour de l'année.

C'est exactement ce qui se produit et aussi bien le Livre d'Hénoch que le Livre des Jubilés insistent particulièrement sur cette position immuable des fêtes. Le Livre des jubilés dit en effet "Ordonne aux enfants d'Israël d'observer les années selon ce comput – 364 jours. Ces jours constitueront une année complète. Qu'ils n'aillent pas en troubler les jours et les fêtes… qu'ils n'omettent aucun jour et ne déplacent aucune fête… S'ils n'observent pas Son commandement, ils dérangeront toutes leurs saisons et les années seront déplacées…" . Livre des Jubilés 6.32-38

Ces fêtes, conformes à l'Ancien Testament pour la plupart, sont nommées dans les manuscrits 4Q320-4Q321-321a,4Q325 et 4Q327 :

Il est important de noter que les dates des fêtes et autres événements ne sont pas positionnées par le quantième du mois, mais par le quantième des gardes sacerdotales (sauf dans 4Q327 qui utilise les quantièmes du mois) . Nous y reviendrons plus loin.

Nous pouvons maintenant dresser le tableau d'une année complète. Ce tableau commence le premier jour de la semaine, pour une meilleure lisibilité. Mais n'oublions pas que l'année débute un mercredi. Les fêtes sont indiquées en rouge.

I II III
Dim 5 12 19 26 3 10 17 24 1 8 15 22 29
Lun 6 13 20 27 4 11 18 25 2 9 16 23 30
Mar 7 14 21 28 5 12 19 26 3 10 17 24 31
Mer 1 8 15 22 29 6 13 20 27 4 11 18 25
Jeu 2 9 16 23 30 7 14 21 28 5 12 19 26
Ven 3 10 17 24 1 8 15 22 29 6 13 20 27
Sam 4 11 18 25 2 9 16 23 30 7 14 21 28
IV V VI
Dim 5 12 19 26 3 10 17 24 1 8 15 22 29
Lun 6 13 20 27 4 11 18 25 2 9 16 23 30
Mar 7 14 21 28 5 12 19 26 3 10 17 24 31
Mer 1 8 15 22 29 6 13 20 27 4 11 18 25
Jeu 2 9 16 23 30 7 14 21 28 5 12 19 26
Ven 3 10 17 24 1 8 15 22 29 6 13 20 27
Sam 4 11 18 25 2 9 16 23 30 7 14 21 28
VII VIII IX
Dim 5 12 19 26 3 10 17 24 1 8 15 22 29
Lun 6 13 20 27 4 11 18 25 2 9 16 23 30
Mar 7 14 21 28 5 12 19 26 3 10 17 24 31
Mer 1 8 15 22 29 6 13 20 27 4 11 18 25
Jeu 2 9 16 23 30 7 14 21 28 5 12 19 26
Ven 3 10 17 24 1 8 15 22 29 6 13 20 27
Sam 4 11 18 25 2 9 16 23 30 7 14 21 28
X XI XII
Dim 5 12 19 26 3 10 17 24 1 8 15 22 29
Lun 6 13 20 27 4 11 18 25 2 9 16 23 30
Mar 7 14 21 28 5 12 19 26 3 10 17 24 31
Mer 1 8 15 22 29 6 13 20 27 4 11 18 25
Jeu 2 9 16 23 30 7 14 21 28 5 12 19 26
Ven 3 10 17 24 1 8 15 22 29 6 13 20 27
Sam 4 11 18 25 2 9 16 23 30 7 14 21 28

Ce calendrier nous semble très clair. Il le sera beaucoup moins quand nous nous serons posé la question de l'intercalation si intercalation il y avait.

En effet, même si grâce à l'ajout de 4 jours complémentaires à une année de 360 jours, nous nous sommes rapprochés de la durée de l'année tropique, nous sommes encore loin de nos 365,24221935 jours. Alors, à moins d'accepter une dérive rapide du calendrier, il faudrait ajouter de temps à autre des jours, des semaines, des mois ou des années. Quand, comment, combien ?

Force est de constater que nous n'en savons strictement rien et que les textes n'en parlent pas.

Certains spécialistes pensent qu'il n'y avait aucune intercalation. Ainsi Roger Beckwith (The modern attempt to reconcile the Qumran calendar with the true solar year) s'appuie sur un passage du Livre d'Hénoch pour soutenir cette hypothèse. Ce passage est celui d'une partie du chapitre 79 qui dit "... 4. Leurs semences manqueront dans les champs et dans les campagnes ; les travaux de terre seront bouleversés, rien ne viendra pour eux en son temps. La pluie restera dans les airs, et le ciel sera d'airain. 5. En ce temps-là les produits de la terre seront tardifs ; ils ne fleuriront point en leur temps, et les arbres retiendront leurs fruits. 6. La lune changera son cours, elle n'apparaîtra point en son temps ; le ciel brûlant et sans nuages sera visible, et la stérilité s'étendra sur la face de la terre. Des météores sillonneront le ciel ; car beaucoup d'étoiles, se détournant de leur course accoutumée, erreront dans l'espace...". Bien entendu, selon le texte, ce décalage n'est pas dû à une imperfection du calendrier, mais la seule conséquence du péché des anges.

D'autres spécialistes, au contraire, pensent qu'il y avait intercalation.

Pour ma part, je serais tenté de croire à une telle intercalation pour les raisons suivantes :

  1. Certaines fêtes concernent des événements agricoles comme la fête du vin ou la fête de l'huile. Je vois mal ces fêtes se décaler dans le temps et être célébrées, par exemple, en plein hiver.
  2. Nous avons vu que l'année commençait le mercredi le plus proche de l'équinoxe de printemps. Or, au fil des ans, il va vite arriver un moment où l'écart entre la fin d'une année et l'équinoxe de printemps sera supérieur à 7 jours. Alors, à moins d'intercaler une semaine complète à ce moment, l'équinoxe de printemps comme début d'année n'aura plus aucun intérêt. L'avantage d'intercaler une semaine à ce moment serait de ne pas désorganiser la structure du calendrier et la position des fêtes dans l'année.

Le décalage du calendrier étant de 1,24 jours par an, l'intercalation d'une semaine pourrait se faire tous les 7 ans. En effet 7 X 1.24 = 8,68 jours. La durée moyenne de l'année serait alors de ((364 X 7) + 7)/7 = 365 jours. Ce qui est beaucoup mieux.

Cadran solaire en calcaire de Qumrân (Khirbet Qumran en arabe)
Cadran solaire en calcaire de Qumrân (Khirbet Qumran en arabe) © Musée d'Israël

Un «cadran solaire» annuel, unique en son genre, fut découvert à Qumran en 1954. Il servait à déterminer les points des solstices et des équinoxes et la direction horizontale du soleil grâce à un système de cercles gradués correspondant aux saisons. Il semble attester de l'intérêt des «Esséniens» pour une année solaire fondée sur l'équinoxe de printemps.

Et si on ajoutait encore une semaine tous les 28 ans sans toucher mieux au calendrier annuel on arriverait à une précision de 365,25 jours. Mais là, on est en plein rêve.

Mais, même si la découverte d'un cadran solaire annuel semble confirmer la surveillance des solstices et équinoxes, force est bien de constater que nous n'avons aucune trace écrite d'une quelconque intercalation. Notre logique du XXIe siècle était-elle le même que celle des derniers siècles avant notre ère ? Mystère.

Et quand chapitre 73-13 du Livre d'Hénoch il est dit en parlant de la Lune que "... c'est elle qui règle les années, de la manière qu'elles ne varient pas d'un seul jour et se composent invariablement de trois cent soixante-quatre jours...", on peut encore se poser beaucoup de questions.

En attendant d'éventuels éclaircissements dus à d'autres découvertes, et puisque nous avons évoqué la Lune, penchons-nous un peu sur les cycles lunaires.

Les cycles lunaires

En plus d'utiliser un calendrier solaire, les «qumraniens» connaissaient aussi l'année lunaire.

Et, d'entrée, l'étude de cette année lunaire pose un problème. C'est un problème de traduction des manuscrits de la mer Morte évoqué par M.Wise, M.Abegg et E.Cook dans leur livre Dead Sea Scrolls dans lequel ils donnent une traduction intégrale de tous les manuscrits (le livre a lui-même été traduit en français sous le titre Les manuscrits de la mer Morte). Ce problème concerne le mot duq inconnu jusqu'alors. Selon les auteurs duq peut signifier soit premier quartier soit pleine lune. Selon des interprétations, le premier mois lunaire commencerait par la pleine lune ou par la nouvelle lune astronomique (Lune invisible). Comme eux, nous allons opter pour la version pleine lune en partant d'un principe bête que lorsque Dieu à créé le Soleil et la Lune au quatrième jour, la Lune devait quand même être visible. Non ? Sinon on aurait rien vu de cette naissance !! Et, dans la Genèse, il est dit "Et Dieu les plaça dans l’étendue des cieux pour donner de la lumière sur la terre". C'est vrai aussi qu'on n'y était pas. Mais bon...

Le manuscrit 4Q320 nous apprend la structure de l'année lunaire : douze mois lunaires de longueur alternative de 29 et 30 jours. Le premier mois compte 29 jours et l'année complète 354 jours. Ce manuscrit décrit un cycle des phases de la Lune sur trois années solaires. On peut en dresser le tableau en faisant apparaître la date de début des mois lunaires dans le calendrier solaire.

Année solaire 1 Année solaire 2 Année solaire 3
jour mois jour mois jour mois
Mois lunaire 1 1 1
Mois lunaire 2 30 1 20 1 10 1
Mois lunaire 3 30 2 20 2 10 2
Mois lunaire 4 29 3 19 3 9 3
Mois lunaire 5 28 4 18 4 8 4
Mois lunaire 6 27 5 17 5 7 5
Mois lunaire 7 27 6 17 6 7 6
Mois lunaire 8 25 7 15 7 5 7
Mois lunaire 9 25 8 15 8 5 8
Mois lunaire 10 24 9 14 9 4 9
Mois lunaire 11 23 10 13 10 4 10
Mois lunaire 12 22 11 12 11 2 11
Mois lunaire 1 22 12 12 12 2 12

Si on considère que le mois lunaire débutant le 02/12 (sur fond noir) compte 30 jours et constitue un mois complémentaire (au lieu d'être le premier mois de la quatrième année) le premier mois lunaire de la quatrième année débutera le 01/01 de l'année solaire 4. Ainsi,les trois années dont nous avons dressé le tableau constituent un cycle. C'est le manuscrit 4Q319 qui dresse l'inventaire des conjonctions début d'année solaire/pleine Lune. Le premier jour de ce cycle, où l'année solaire commence et où la Lune est pleine, constitue ce que les qumraniens appellent 'ot. Ce serait une sorte de signe envoyé par Dieu, une sorte de signal de synchronisation.

Faut-il y voir une interprétation de la phrase qui nous posait problème dans la précédente partie : "... c'est elle qui règle les années, de la manière qu'elles ne varient pas d'un seul jour et se composent invariablement de trois cent soixante-quatre jours..." ?

En effet une année lunaire de 354 jours X 3 ans = 1 062 jours + 1 mois de 30 jours = 1 092 jours qui sont équivalents à une année solaire X 3 ans = 1 092 jours. C'est donc bien la Lune qui règle l'année solaire tous les trois ans.

Et on ne peut pas ne pas se demander si l'intercalation d'une semaine tous les 7 ans au calendrier solaire ne détruirait pas ce bel arrangement. La boucle est bouclée et la question se repose... toujours sans réponse.

Le cycle des services de la garde sacerdotale

L'Ancien Testament 1 Chron. XXIX dit :

"Et quant aux fils d’Aaron, [voici] leurs classes : Fils d’Aaron : Nadab et Abihu, Éléazar et Ithamar.
2 Et Nadab et Abihu moururent avant leur père, et n’eurent point de fils. Et Éléazar et Ithamar exercèrent la sacrificature.
3 Et Tsadok, des fils d’Éléazar, et Akhimélec, des fils d’Ithamar, David les distribua en classes, selon leur office dans leur service :

4 et des fils d’Éléazar on trouva un plus grand nombre de chefs de famille que des fils d’Ithamar, et on les distribua en classes : des fils d’Éléazar, seize chefs de maisons de pères ; et des fils d’Ithamar, huit, selon leurs maisons de pères.
5 Et on les distribua en classes par le sort, les uns avec les autres ; car les chefs du lieu saint et les chefs de Dieu furent d’entre les fils d’Éléazar et parmi les fils d’Ithamar.
6 Et Shemahia, fils de Nethaneël, le scribe, d’entre les Lévites, les inscrivit en la présence du roi, et des chefs, et de Tsadok, le sacrificateur, et d’Akhimélec, fils d’Abiathar, et des chefs des pères des sacrificateurs et des Lévites : une maison de père était tirée pour Éléazar, et une était tirée pour Ithamar.

7 Et le premier sort échut à Jehoïarib ; le second, à Jedahia ;
8 le troisième, à Harim ; le quatrième, à Seorim ;
9 le cinquième, à Malkija ; le sixième, à Mijamin ;
10 le septième, à Hakkots ; le huitième, à Abija ;
11 le neuvième, à Jéshua ; le dixième, à Shecania ;
12 le onzième, à Éliashib ; le douzième, à Jakim ;
13 le treizième, à Huppa ; le quatorzième, à Jéshébeab ;
14 le quinzième, à Bilga ; le seizième, à Immer ;
15 le dix-septième, à Hézir ; le dix-huitième, à Happitsets ;
16 le dix-neuvième, à Pethakhia ; le vingtième, à Ézéchiel ;
17 le vingt et unième, à Jakin ; le vingt-deuxième, à Gamul ;
18 le vingt-troisième, à Delaïa ; le vingt-quatrième, à Maazia.

19 Ce fut là leur distribution, pour leur service, pour entrer dans la maison de l’Éternel selon leur ordonnance [donnée] par Aaron, leur père, comme l’Éternel, le Dieu d’Israël, le lui avait commandé."

Ce furent ainsi 24 prêtres qui devaient officier chaque semaine au service du culte du Temple. Chacun opérait une «garde sacerdotale» durant une semaine chaque samedi à partir de midi.

On va retrouver ces gardes dans le même ordre sur les manuscrits relatifs au calendrier de Qumran. Le manuscrit 4Q320 donne la rotation de ces gardes. Six ans devaient s'écouler avant que chacun ait effectuéle même nombre de gardes que les autres. 4Q320 précise que la première garde de la première année incombait à Gamul qui l'effectuait donc du 28/12 du mois solaire précédent au 03/01 du premier mois solaire de l'année.

Semaine Jour Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Année 6
28/12 Gamul
1 04/01 Delaïa Harim Hakkots Éliashib Bilga Pethakhia
2 11/1 Maazia Seorim Abija Jakim Immer Ézéchiel
3 18/1 Jehoïarib Malkija Jéshua Huppa Hézir Jakin
4 25/1 Jedahia Mijamin Shecania Jéshébeab Happitsets Gamul
5 2/2 Harim Hakkots Éliashib Bilga Pethakhia Delaïa
6 9/2 Seorim Abija Jakim Immer Ézéchiel Maazia
7 16/2 Malkija Jéshua Huppa Hézir Jakin Jehoïarib
8 23/2 Mijamin Shecania Jéshébeab Happitsets Gamul Jedahia
9 30/2 Hakkots Éliashib Bilga Pethakhia Delaïa Harim
10 7/3 Abija Jakim Immer Ézéchiel Maazia Seorim
11 14/3 Jéshua Huppa Hézir Jakin Jehoïarib Malkija
12 21/3 Shecania Jéshébeab Happitsets Gamul Jedahia Mijamin
13 28/3 Éliashib Bilga Pethakhia Delaïa Harim Hakkots
14 4/4 Jakim Immer Ézéchiel Maazia Seorim Abija
15 11/4 Huppa Hézir Jakin Jehoïarib Malkija Jéshua
16 18/4 Jéshébeab Happitsets Gamul Jedahia Mijamin Shecania
17 25/4 Bilga Pethakhia Delaïa Harim Hakkots Éliashib
18 2/5 Immer Ézéchiel Maazia Seorim Abija Jakim
19 9/5 Hézir Jakin Jehoïarib Malkija Jéshua Huppa
20 16/5 Happitsets Gamul Jedahia Mijamin Shecania Jéshébeab
21 23/5 Pethakhia Delaïa Harim Hakkots Éliashib Bilga
22 30/5 Ézéchiel Maazia Seorim Abija Jakim Immer
23 7/6 Jakin Jehoïarib Malkija Jéshua Huppa Hézir
24 14/6 Gamul Jedahia Mijamin Shecania Jéshébeab Happitsets
25 21/6 Delaïa Harim Hakkots Éliashib Bilga Pethakhia
26 28/6 Maazia Seorim Abija Jakim Immer Ézéchiel
27 4/7 Jehoïarib Malkija Jéshua Huppa Hézir Jakin
28 11/7 Jedahia Mijamin Shecania Jéshébeab Happitsets Gamul
29 18/7 Harim Hakkots Éliashib Bilga Pethakhia Delaïa
30 25/7 Seorim Abija Jakim Immer Ézéchiel Maazia
31 2/8 Malkija Jéshua Huppa Hézir Jakin Jehoïarib
32 9/8 Mijamin Shecania Jéshébeab Happitsets Gamul Jedahia
33 16/8 Hakkots Éliashib Bilga Pethakhia Delaïa Harim
34 23/8 Abija Jakim Immer Ézéchiel Maazia Seorim
35 30/8 Jéshua Huppa Hézir Jakin Jehoïarib Malkija
36 7/9 Shecania Jéshébeab Happitsets Gamul Jedahia Mijamin
37 14/9 Éliashib Bilga Pethakhia Delaïa Harim Hakkots
38 21/9 Jakim Immer Ézéchiel Maazia Seorim Abija
39 28/9 Huppa Hézir Jakin Jehoïarib Malkija Jéshua
40 4/10 Jéshébeab Happitsets Gamul Jedahia Mijamin Shecania
41 11/10 Bilga Pethakhia Delaïa Harim Hakkots Éliashib
42 18/10 Immer Ézéchiel Maazia Seorim Abija Jakim
43 25/10 Hézir Jakin Jehoïarib Malkija Jéshua Huppa
44 2/11 Happitsets Gamul Jedahia Mijamin Shecania Jéshébeab
45 9/11 Pethakhia Delaïa Harim Hakkots Éliashib Bilga
46 16/11 Ézéchiel Maazia Seorim Abija Jakim Immer
47 23/11 Jakin Jehoïarib Malkija Jéshua Huppa Hézir
48 30/11 Gamul Jedahia Mijamin Shecania Jéshébeab Happitsets
49 7/12 Delaïa Harim Hakkots Éliashib Bilga Pethakhia
50 14/12 Maazia Seorim Abija Jakim Immer Ézéchiel
51 21/12 Jehoïarib Malkija Jéshua Huppa Hézir Jakin
52 28/12 Jedahia Mijamin Shecania Jéshébeab Happitsets Gamul

Mais pourquoi les esséniens, qui avaient rompu dès 150 av. J.-C. avec le Temple de Jérusalem, tenaient-ils un tel «roulement» des gardes sacerdotales ?

En fait, ces tables étaient pour les scribes un simple instrument qui leur permettait de nommer les semaines. Les jours de la semaine n'avaient aucun nom et étaient seulement repérés par leur rang à partir du Sabbat (samedi). Cela facilitait grandement la tâche des scribes et évitait les erreurs de nommer les semaines.

Prenons un exemple au hasard de cette «numérotation» dans 4Q321 : "La pleine lune tombe le cinquième jour du service de Immer, le ving-troisième jour du dixième mois [de la première année]...". Aujourd'hui, on dirait mercredi 23 octobre. Nous utilisons donc encore, comme les habitants studieux de Qumran, ce type de double marquage des jours.

Le cycle des jubilés et le cycle de 294 ans

Deux mots sur ces deux cycles qu'on ne retrouve que dans le manuscrit 4Q319 qui essaye de mettre en corrélation les périodes de jubilés, les 'ot que nous avons déjà vus, les années sabbatiques et la correspondance calendrier solaire/calendrier lunaire. Vaste programme.

Jubilé ? Années sabbatiques ? Lisons un peu l'Ancien Testament (Lévitique, chap 25) pour nous remettre leur durée en tête :

"... Pendant six ans tu sèmeras ton champ, et pendant six ans tu tailleras ta vigne, et tu en recueilleras le rapport ; 4 et la septième année, il y aura un sabbat de repos pour le pays, un sabbat [consacré] à l’Éternel : tu ne sèmeras pas ton champ, et tu ne tailleras pas ta vigne. 5 Tu ne moissonneras pas ce qui vient de soi-même de ta moisson [précédente], et tu ne vendangeras pas les grappes de ta vigne non taillée : ce sera une année de repos pour le pays. 6 Et le sabbat du pays vous servira de nourriture, à toi, et à ton serviteur, et à ta servante, et à ton homme à gages et à ton hôte qui séjournent chez toi, 7 et à ton bétail et aux animaux qui seront dans ton pays : tout son rapport servira de nourriture. 8 Et tu compteras sept sabbats d’années, sept fois sept ans ; et les jours de ces sept sabbats d’années te feront quarante-neuf ans. 9 Et, au septième mois, le dixième [jour] du mois, tu feras passer le son bruyant de la trompette ; le jour des propitiations, vous ferez passer la trompette par tout votre pays ; 10 et vous sanctifierez l’année de l’an cinquantième, et vous publierez la liberté dans le pays à tous ses habitants : ce sera pour vous un jubilé..."

Donc, le jubilé est la cinquantième année d'un cycle (en rouge dans le texte). Le texte 4Q319, lui, considère le jubilé comme étant une période de 49 ans (en vert).

Les années sabbatiques, elles, reviennent tous les 7 ans.

Et nous avons vu que le 'ot correspond à une période de 3 ans.

Pour en arriver à faire concorder tous ces cycles, le scribe «cogiteur» utilise un cycle de 6 jubilés d'un total de 294 ans. Avec l'année 295, tout peut repartir à zéro.

Et, surtout, ne me demandez pas à quoi servent toutes ces concordances de cycles parce que je n'en sais strictement rien. C'était juste pour en parler.

Et pour terminer

Notons que John P.Pratt, diplomé d'astronomie et spécialiste de chronologie religieuse dont le site est ici, après de savants calculs, pense que l'époque de ce calendrier de Qumran que nous avons tenté de mieux connaître serait le Mercredi 25/03/42 av. J.-C du calendrier grégorien. Je rappelle que l'époque (epact en anglais) d'un calendrier c'est la date du premier jour du premier mois de sa première année. Il aurait cessé d'exister en 70 apr. J.-C. au moment de la destruction du Temple.

Il ne manque plus qu'aux concepteurs (nombreux) de programmes de conversion entre calendriers de se lancer dans cette nouvelle aventure.

Ce ne serait pas si inutile qu'on peut le penser puisque cela aiderait peut-être :

  1. à mieux comprendre, en intégrant les gardes sacerdotales, les manuscrits de la mer Morte.
  2. À vérifier plusieurs hypothèses qui tendent à prouver que l'usage de deux calendriers permet de régler certaines incohérences de dates dans les évangiles et établir une chronologie cohérente de la Semaine de la Passion. Nous n'en dirons pas plus parce que nous sortons du cadre des compétences de ce site.
  3. Et puis, qui sait, de savoir par simulations s'il y avait ou pas un système d'intercalation dans ce calendrier solaire de Qumran qui garde encore quelques secrets.

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