Date et origine de l'Aïd el-Fitr

Dates d'Aïd el-Fitr

L'Aïd al-Fitr (le 1er Aïd) est prévu aux dates suivantes :

La date peut être décalée d'une journée, selon la prise en compte ou non du croissant de lune marquant le début du mois.

ʿÎd al-Fitr

Aussi orthographié : Aïd el-Fitr, Aïd al-Fitr , ‘Aîd Al-Fitr, Aïd es-Seghir.

ʿÎd al-Fitr, fête de la rupture du jeûne et qui marque la fin du mois de ramadan est célébré le 1er shawwâl, 10ième mois de l’année hégirienne.

On l’appelle communément ʿÎd as-Saghîr, petite fête, par opposition à ʿÎd al-kabîr, grande fête ou ʿÎd al-Adha, fête du sacrifice, alors que ses rituels et les festivités qui l’accompagnent sont tout autant importants. Le nom de cette fête se décline sous diverses langues : Korité au Sénégal, Küçük Bayram ou Şeker Bayramı (Fête du sucre) en Turquie, Lebaran en Indonésie et Hari Raya à Singapour.

Ces deux fêtes sont les deux fêtes canoniques de l’islam et se fondent sur la Sunna, tradition du Prophète. Étant les deux fêtes par excellence, elles sont désignées par la forme duelle al-ʿidân (les deux fêtes). Ce duel indique qu’un rituel est commun à ces deux fêtes (celui de la prière), bien qu’il y ait entre elles des différences substantielles.

Deux principaux rituels caractérisent cette fête : la prière d’al ʿÎd précédé du versement de la zakât.

Zakât al-fitr

Zakât al-fitr peut être donnée un ou deux jours avant la fin du mois de ramadan. Selon des hadîths, elle doit être versée au plus tard, avant d’effectuer la prière de ʿÎd al-Fitr. C’est l’ultime limite au-delà de laquelle la zakât devient sadâqa « charité » et perd sa vertu purificatrice en vertu d’un hadîth :

Ibn ʿAbbâs a dit : « L’Envoyé de Dieu a déclaré obligatoire l’aumône de la rupture du mois de ramadan. Il l’a instituée comme purification, pour le jeûneur des propos futiles et indécents, et comme nourriture pour les pauvres. Pour celui qui s’en acquitte avant la prière de la fête de la rupture, elle est aumône purificatrice agréée par Allah, mais pour celui qui s’en acquitte après la prière de la fête de la rupture, elle n’est qu’une simple aumône ordinaire. » hadîth rapporté par al Bukhâri

Zakât al-fitr, appelée aussi al fatra, est une aumône purificatrice est une obligation (wâjib) qui relève de la Sunna où chaque musulman doit s’en acquitter pour lui et les différents membres de sa famille. Son acquittement purifie le musulman de ses péchés et c’est aussi un acte de solidarité à l’égard des pauvres. Le soutien à ces derniers leurs évite de quémander et leurs permet surtout de célébrer, et dans la décence, la fête de ʿÎd al-Fitr.

Cette aumône purificatrice se verse en denrée alimentaires. Un hadîth, qui marque les usages du temps du Prophète, définit les différents types d’aliments et leur quantité qui étaient versés :

« …1 saa’ de nourriture, ou bien 1 saa’ d’orge, ou 1 saa’ de dattes, ou 1 saa’ de fromage séché, ou 1 saa’ de raisins secs. » hadîth rapporté par Al Bukhâri, Mouslim, At-Tirmidhi, Abou Daoud, Ibn Madja et Nassaï

La valeur du sâʿ est fixée dans le droit religieux par le Prophète en l’an 2/623, lorsqu’il a prescrit les détails rituels de la fête de ʿÎd al-Fitr, comportant l’aumône obligatoire dite zakât al fitr dont la valeur en grain est d’un sâʿ par personne de la famille. Le sâʿ est une unité de mesure associé au moud. Le sâʿ équivaut à 4 mouds selon l’usage de Médine ; ce dernier correspond à la quantité que l’on peut mettre dans les deux mains lorsqu’elles sont assemblées. La quantité d’un sâʿ équivaut environ à 2,5 kg et 3 kg. Ces aliments versés sont spécifiques aux denrées produites dans le pays où l’on réside (riz, graines, blé…). En France, des sites dédiés au versement de zakât al-fitr, donnent la liste des denrées non périssables qui peuvent lui être données afin qu’ils les redistribuent aux nécessiteux (farine, lentilles, haricots, pois cassée, semoule de couscous, pois chiche, pâtes…).

Pour respecter la Sunna, zakât al-fitr doit être donnée en nourriture. Aussi la majorité des juristes n’ont pas permis de la verser par un équivalent, argent ou autre. Néanmoins certains musulmans donnent la valeur de cette aumône en argent. Différentes mosquées et associations islamiques en France donnent par ailleurs le montant de zakât al-fitr pour les musulmans de France. Au Maroc, à l’approche de ʿÎd al fitr, le ministère des Habous et des Affaires islamiques dévoile le montant de zakât al-fitr.

Spécificités de salât ʿÎd al-Fitr

La salât (prière) de ʿÎd al-Fitr a lieu quand le soleil s’élève au-dessus de l’horizon de la longueur de deux lances (environ deux fois trois mètres) alors que celle du sacrifice la distance équivaut à une lance (environ trois mètres). Ce décalage est expliqué par le souci de laisser assez de temps, le jour de la première fête, à ceux qui ne se seraient pas encore acquittés de la zakât al-ʿîd, ou zakât al-fitr.

Les fêtes de ʿÎd al-Fitr et ʿÎd al-Adhâ ont en commun la salât al-îd, prière publique de l’ensemble de la communauté qui est considérée comme Sunna. Hommes, femmes et enfants y participent. La tradition veuille qu’elle soit célébrée en plein air sur le musallâ (nom de lieu formé sur le verbe sallâ, prier). Quand le Prophète eut fixé sa résidence à Médine, il accomplissait les prières ordinaires chez lui. Les prières extraordinaires s’accomplissaient au Sud-ouest de la ville, à l’extérieur des remparts. À cet endroit, le Prophète et ses partisans accomplissaient la prière le 1er shawwâl et le 10 dhû al-hijja. Ainsi le musallâ désigne un espace ouvert, généralement à l’extérieur d’une localité, et servant, à l’occasion des deux fêtes canoniques à toute la communauté. Cette pratique est toujours en cours, bien que la préférence soit donnée à la mosquée.

Avant la prière, la glorification d’Allah est fortement recommandée. Elle consiste à répéter trois fois une invocation comme celle-ci :

« Subhâna-Llâhi wal hamdu li-Llâhi wa lâ ilâha illâ-Llâhu. Allâhu Abkar, Allâhu Akbar, Allâhu Akbar wa li-Llâhi-l-hamd. »

« Gloire à Dieu et louange à Dieu. Il n'y a pas d'autre divinité que Dieu. Dieu est le plus grand et à Dieu la louange. »

Contrairement à la prière rituelle, ni adhân (premier appel à la prière), ni iqâma (deuxième appel à la prière) n’indique le moment où la prière d’al ʿÎd va commencer et on ne l’annonce que par les mots « jâmiʿat ».

La prière d’al ʿÎd ne comporte que deux rakʿa, unité de prière ; et plusieurs takbîr (prononcer la formule Allâh Akbar), elle est suivie d’une khutba ou prône :

« Le jour de la fête de la rupture du jeûne, le Prophète pria deux rika’, sans faire d’autres prières soit avant, soit après cela… », hadîth rapporté par al Bukhâri

« L’envoyé de Dieu sortit (pour se rendre au mosalla) le jour de la fête de la rupture du jeûne. Il commença par la prière, puis il fit le prône. »

Pour le retour chez soi, et pour respecter une tradition prophétique, il est recommandé d’emprunter un chemin autre que celui qu’on aura pris à l’aller, comme le faisait le Prophète :

« Quand c’était un jour de fête le Prophète prenait un chemin différent (au retour). » hadîth rapporté par al Bukhâri

Visites, échanges, réconciliation et plats traditionnels

Cette fête est ponctuée par les visites faites aux différents membres de la famille, aux voisins et aux amis, par des échanges de vœux et de cadeaux (souvent un plat de gâteaux). Différentes formules consacrées à cette occasion sont échangées lors de cette fête. C’est surtout un moment pour se réconcilier, de mettre fin à la rancune et à la rancœur et de se demander mutuellement pardon :

« Taqabala-Allâhu minnâ wa minkum. Ghafara-Allâhu lana wa lakum »

« Qu’Allâh accepte de nous et de vous. Qu’Allâh nous pardonne et vous pardonne. »

Les mets consacrés à cette fête, où le sucre a une place de choix, se déclinent en fonction des différentes cultures des sociétés du monde musulman : semiya payasam, plat sucré à base de lait et de vermicelle, au Pakistan et en Inde ; ketupat, dodol et lemang (gâteau de riz) pour la Malaisie ; le lakh, bouillie de mil sucrée en Afrique de l’Ouest ; rghayef (crèpes) au miel pour le Maroc…

Soraya El Alaoui

Références

  1. Michel Coirault, Les fêtes juives, chrétiennes et musulmanes, Éditions Cerf, Paris, 1986, Cf. pp. 131-133

  2. El-Bokhâri, Les traditions islamiques, traduites de l'arabe O. Houdas et W. Marçais, Ernest Leroux Éditeur, Paris, Imprimerie nationale, 1903-1914, Cf. Titre XIII, Des deux fêtes, pp. 311-324 et pp. 490-492, différents hadiths sur aumône de la rupture du jeûne, tome I

  3. Encyclopédie de l'Islam, E. J. Brill Leyde, G.-P. Maisonneuve et Larose S.A. Paris, 1990, Cf. Entrée ʿÎd Al-Fitr, p. 1033, tome III ; Cf. Entrée Musallâ, pp. 658-660, tome VII

  4. Encyclopédie des religions, Universalis, 2002, Cf. Toufic Fahd, Pratiques musulmanes, pp. 548-559

Photos de l'Aïd el-Filtr

Ces photos illustrent l'Aïd el-Filtr et ses spécialités.

Gâteaux de rupture du jeûne
Gâteaux de rupture du jeûne © miaoulou
Pain de l'Aïd préparé à Blida, Algérie
Pain de l'Aïd préparé à Blida, Algérie amekinfo / CC-by-sa

Nos pages à ne pas manquer