Date et origine de l'Aïd el-Kébir / Aïd al Adha

Dates de l'Aïd-el-Kébir (ou ʿÎd al-Adhâ)

L'Aïd el-Kébir (2e Aïd) est prévu aux dates suivantes :

La date peut être décalée d'une journée, selon la prise en compte ou non du croissant de lune marquant le début du mois.

ʿÎd al-Adhâ

Aussi orthographié : Aïd al Adha, Aïd al-Adha, Aid al Adha, Aid el Adha, Eid , Aïd-el-Kébir (grande fête), Aïd-al-Kébir , Aid el Kébir.

ʿÎd al-Adhâ, fête du sacrifice ou ʿÎd al-kabîr (grande fête) est célébrée le 10 dhû al-hijja, 12ième mois du calendrier hégirien, qui est aussi le point culminant du pèlerinage à La Mecque. Pour ceux qui n’accomplissent pas le pèlerinage, cette fête est marquée par une prière suivie par le sacrifice d’un animal ; pour ceux qui se trouvent à La Mecque, le sacrifice constitue le rite final du pèlerinage.

Le Prophète a institué cette fête la deuxième année de l’Hégire à Médine, alors que ni lui ni les réfugiés musulmans n’étaient en mesure d’accomplir le pèlerinage à La Mecque.

Cette fête porte un nom différent selon les pays musulmans, Tabaski au Sénégal, Bakar ʿîd en Inde, Büyük Bayram ou Kurban Bayrami en Turquie…

Origine abrahamique

Cette fête commémore le sacrifice par Abraham d’un bélier, dont Dieu a décidé qu’il compensait le sacrifice qu’Abraham projetait de son fils comme le rappellent les versets 102 à 107 de la sourate (XXXVII) Ceux qui sont placés en rangs :

102 : Lorsqu’il fut en âge d’accompagner son père, celui-dit : « Ô mon fils ! Je me suis vu moi-même en songe, et je t’immolais ; qu’en penses-tu ? »

Il dit : Ô mon père ! Fais ce qui t’est ordonné. Tu me trouveras patient, si Dieu le veut ! »

103 : Après que tous deux se furent soumis, et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre, 104 : nous lui criâmes : « Ô Abraham !

105 : Tu as cru en cette vision et tu l’as réalisée ; c’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien :

106 : voilà l’épreuve concluante ».

107 : Nous avons racheté son fils par un sacrifice solennel.

Le nom du fils d’Abraham n’est pas nommé dans le Coran, mais les musulmans acceptent en général l’idée qu’il s’agissait d’Ismâʿîl/Ismaël. Pour les commentateurs qui tiennent qu’Ismaël était bien la victime désignée, la volonté d’Abraham de sacrifier son unique fils alors, à un âge qui offrait peu d’espoir qu’il puisse en avoir un autre, est la marque de la profondeur et de la grandeur de son allégeance à Dieu. La naissance de son second fils, Ishâq/Isaac, est précisément perçue comme une récompense à Abraham pour sa soumission parfaite.

Pour les musulmans c’est à Minâ, juste à la sortie de La Mecque, que le sacrifice d’Abraham a eu lieu. Les piliers de Minâ, lapidés pendant le pèlerinage, symbolisent les tentatives du diable, répétées trois fois, de pousser Abraham à ne pas s’acquitter du sacrifice promis.

Cette fête et les pratiques religieuses qui l’accompagnent, lui donnent un statut particulier comme le rappelle un hadîth :

« En aucun jour les pratiques religieuses ne sont supérieures à celles accomplies le jour de l’ʿachr. » (Ce dernier terme désigne les dix premiers jours de dhu al-hijja), hadîth rapporté par al Bukhâri

D’abord prier…

« La première chose que nous allons faire en ce jour, c’est de prier ; puis nous rentrerons faire le sacrifice. Quiconque agira ainsi aura accompli exactement nos usages. »

« Quiconque aura immolé sa victime avant la prière devra recommencer le sacrifice. » hadîths rapportés par al Bukhâri

Les fêtes de ʿÎd al-Adhâ et ʿÎd al-Fitr ont en commun la même prière, seul le moment où elle a lieu les différencie. Salât (prière) ʿÎd al-Adhâ est célébrée quand le soleil s’élève au-dessus de l’horizon de la longueur d’une lance (environ trois mètres) alors que celle de ʿÎd al-Fitr la distance équivaut à deux lances (2 fois trois mètres). Si cette prière du matin se fait plus tôt que celle de ʿÎd al-Fitr c’est pour laisser plus de temps aux fidèles pour l’immolation des victimes. Les caractéristiques de cette prière sont les mêmes que celle de ʿÎd al-Fitr.

C’est une prière publique de l’ensemble de la communauté qui est considérée comme Sunna. Hommes, femmes et enfants y participent. La tradition veuille qu’elle soit célébrée en plein air sur le musallâ (nom de lieu formé sur le verbe sallâ, prier). Quand le Prophète eut fixé sa résidence à Médine, il accomplissait les prières ordinaires chez lui. Les prières extraordinaires s’accomplissaient au Sud-ouest de la ville, à l’extérieur des remparts. À cet endroit, le Prophète et ses partisans accomplissaient la prière le 1er shawwâl et le 10 dhû al-hijja. Ainsi le musallâ désigne un espace ouvert, généralement à l’extérieur d’une localité, et servant, à l’occasion des deux fêtes canoniques à toute la communauté. Cette pratique est toujours en cours, bien que la préférence soit donnée à la mosquée.

Contrairement à la prière rituelle, ni adhân (premier appel à la prière), ni iqâma (deuxième appel à la prière) n’indique le moment où la prière va commencer et on ne l’annonce que par les mots « jâmiʿat ». Salât al ʿÎd ne comporte que deux rakʿa, unité de prière ; et plusieurs takbîr (prononcer la formule Allâh Akbar), elle est suivie d’une khutba ou prône :

Pour respecter une tradition, aussi bien après salât ʿÎd al-Fitr ou salât ʿÎd al-Adhâ, les fidèles, en quittant le musallâ, empruntent un chemin autre que celui qu’ils ont pris pour venir prier :

« Quand c’était un jour de fête le Prophète prenait un chemin différent (au retour). » hadîth rapporté par al Bukhâri

... ensuite faire le sacrifice

Le sacrifice est une sunna obligatoire, (mu’akkada ʿalâ al-kifâya) pout tout musulman en mesure d’acheter une bête. Parmi les victimes sacrificielles, on trouve chameau, bovin et ovin. Les victimes quelles qu’elles soient, doivent être sans défaut. Le sacrifice doit être accompli par un homme en état de purification rituelle et l’abattage rituel doit suivre une procédure bien établie :

L’abattage doit se faire par égorgement. Il n’est pas permis d’étourdir préalablement la victime ni de la tuer en lui tranchant la nuque car on estime que ces façons de faire empêcheraient l’animal de se vider complètement de son sang. Une partie de la bête sacrifiée doit être donnée. Dans certains pays, comme le Maroc, il est d’usage de garder une partie, préalablement séchée, qui sera consommée lors d’Achoura.

Soraya El Alaoui

Références

  1. Cyril Classé, Dictionnaire encyclopédique de l'Islam, Bordas, Paris, 1991, Cf. Entrée ʿÎd al-Adhâ, p. 176

  2. Michel Coirault, Les fêtes juives, chrétiennes et musulmanes, Éditions Cerf, Paris, 1986, Cf. pp. 133-138

  3. El-Bokhâri, Les traditions islamiques, traduites de l'arabe O. Houdas et W. Marçais, Ernest Leroux Éditeur, Paris, Imprimerie nationale, 1903-1914, Cf. Titre XIII, Des deux fêtes, pp. 311-324, tome I

  4. Encyclopédie de l'Islam, E. J. Brill Leyde, G.-P. Maisonneuve et Larose S.A. Paris, 1990, Cf. Entrée ʿÎd Al-Adhâ, p. 1033, tome III

  5. Encyclopédie des religions, Universalis, 2002, Cf. Toufic Fahd, Pratiques musulmanes, pp. 548-559

  6. Adel Theodor Khoury, Ludwig Hagemann, Peter Heine, Christian Cannuyer*, Dictionnaire de l'Islam*, Histoires-Idées-Grandes figures, Brepols, Belgique, 1995, Cf. Entrée Sacrifices, pp. 316-317

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