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1) Les ères
Au fil des pages sur les différents calendriers, nous avons découvert quelques ères correspondant au calendrier étudié.
Mais, le notion d'ère mérite plus que quelques allusions au passage et je vous propose de nous lancer, dans cette page, dans une étude plus approfondie de cette notion et de recenser les ères les plus connues (Les ères inventées par les hommes durant des siècles sont innombrables et il serait prétentieux de croire les nommer toutes).
Bien entendu, et comme toujours, je suis preneur d'informations complémentaires. N'hésitez pas à m'écrire pour cette raison... ou pour une autre.
Notes : sauf indication contraire, toutes les dates données sur cette page le seront dans le calendrier julien.
Le but de cette page étant de faire un inventaire des ères et cycles, nous allons y retrouver des éléments déjà rencontrés ici ou là dans les autres pages.
Une ère, c'est quoi ?
Le dictionnaire de l'Académie dit :
ÈRE n. f. XVIe siècle, here. Emprunté du bas latin aera, « nombre », puis « point de départ d'une époque ».
1. Vieilli. Point fixe à partir duquel on commence à compter les années. L'ère du calendrier musulman est l'hégire.
2. Longue période décomptée à partir d'un événement remarquable qui s'est imposé comme le début d'une chronologie nouvelle. L'ère chrétienne commence à la date présumée de la naissance du Christ, l'ère musulmane est comptée à partir de la fuite du Prophète de La Mecque à Médine (622 apr. J.-C.). L'an 50 de notre ère, après Jésus-Christ. Le début de l'ère républicaine fut fixé par la Convention au 22 septembre 1792, date de la proclamation de la République. Spécialt. Pour les Anciens. Période calculée sur les constellations du zodiaque. L'ère du Taureau. L'ère des Poissons.
3. Par anal. Période historique qui se distingue par un trait ou un événement saillant. Ouvrir, inaugurer une ère de paix. L'ère industrielle. L'ère de l'atome. Une ère de liberté, de prospérité. Une ère nouvelle semblait s'ouvrir. Par ext. Ce fut dans sa vie une ère de bonheur. 4. GÉOL. Chaque grande division de l'histoire de la Terre. L'ère primaire, secondaire, tertiaire, quaternaire.
Et, à CHRONOLOGIE, nous pouvons lire :
CHRONOLOGIE (ch se prononce k) n. f. XVIe siècle. Emprunté du grec khronologia, composé de khronos, « temps », et logos, « discours ».
1. Science qui a pour objet la datation des événements historiques. Il y a plusieurs systèmes de chronologie.
2. Ensemble de faits historiques présentés dans l'ordre de leur succession. La chronologie de la Seconde Guerre mondiale. Une erreur de chronologie.
Puisque nous parlons de calendriers, la définition de l'ère qui convient le mieux dans toutes celles citées dans le dictionnaire de l'Académie est la 2 : Longue période décomptée à partir d'un événement remarquable qui s'est imposé comme le début d'une chronologie nouvelle. La chronologie étant la Science qui a pour objet la datation des événements historiques.
Notons que le point de départ de l'ère porte un nom qui est époque (en anglais epoch) dans le sens 1 de sa définition dans le dictionnaire de nos académiciens : "Class. Moment historique marqué par un événement considérable. L'époque de la fondation de Rome. La naissance de Jésus-Christ est l'époque où commence l'ère chrétienne. "
Quant à l'origine du mot, celle donnée par l'Académie nous laisse un peu sur notre faim. Essayons d'aller un peu plus loin :
Aera, origine de ère, serait le pluriel de aes qui signifie airain. L'airain est un alliage de cuivre et d'étain. Bref, du bronze. Ce sont des clous faits d'un tel métal que les prêtres chargés du calendrier plantaient dans le mur du temple, à Rome, pour indiquer qu'un nouveau décompte d'années commençait.
Autre origine possible : dans un des nombreux articles de « Pinakidia », Edgar Allan Poe écrit : "Sur d'anciens monuments, on trouve souvent les lettre A. E. R. A. signifiant Annus erat Regni Augusti. L'ignorance des copistes les auraient probablement transformées en un mot simple area. Ne serait-ce pas un meilleur dérivé que celui du latin AES ?" On peut se poser la question.
On peut, et c'est ce que nous allons faire, diviser les ères en deux grands types : les ères « événementielles » qui relèvent d'événements historiques réels (début de règne d'un roi ou d'un empereur, date d'une bataille, proclamation d'un nouvel état...) et les ères « du Monde » dues à des réflexions philosophiques ou religieuses qui font référence à la date d'une possible création du monde.
Bien entendu, les ères du premier type sont beaucoup plus nombreuses que les autres. Les principales « pourvoyeuses » d'ères événementielles sont certainement les civilisations qui ont opté pour un changement d'ère à chaque avènement d'un roi ou d'un empereur (Sumériens, Japonais...). Viennent ensuite les peuples à forte expansion qui « marquaient » les pays soumis par une nouvelle ère rappelant la date de la conquête (Grèce ou Rome antique...). Enfin, nous trouvons les pays où le nombre de calendriers se multiplie (Inde, Thaïlande...).
Les ères « du Monde »
Hormis le cas particulier des Mayas (voir plus bas), les ères « du Monde » trouvent leur origine dans la Bible (prise dans l'acceptation générique du terme)
Nous allons avoir un problème.
En effet, il existe plusieurs traductions de la Bible dont deux vont nous concerner particulièrement : la version des septante et la vulgate. Or, les dates des événements bibliques ne correspondent pas selon les versions. Par exemple, le déluge a eu lieu en 2262 av. J.-C dans la version septante et en 1656 dans la version vulgate. De plus chacun des chronologistes anciens interprète les dates à sa façon.
a) L'ère de la création juive ou Anno Mundi
Le Talmud considère que la 400 ème année après le destruction du second Temple est l'an 4 231 après la création d'un monde. Cette destruction ayant eu lieu en 70 ap. J.-C, la création du monde selon les juifs se serait produite en 3 761 av. J.-C. Le date retenue est le 6 octobre 3 671 av. J.-C. à 23:11:20 heures. Voilà qui est précis. Cette ère est basée sur la version vulgate.
b) Les autres ères bibliques :
- L'ère alexandrine en 221 ap. J.-C. Jules Africain la calcule et en arrive à trouver 5501 av. J.-C. Basée sur la version septante.
- L'ère d'Antioche, calculée par Panadore, commence en 5492 av. J.-C. Basée sur la version septante.
- L'ère Byzantine (ou de Constantinople), elle, débute le 01/09/5508 av. J.-C. Basée sur la version septante. Cette ère fut utilisée par l'église Grecque et la Russie jusqu'à Pierre le Grand.
- D'autres ères furent aussi calculées par la suite : Joseph-Juste Scaliger (1540-1609), 3951 ; le père Pezron (1639-1707), 5874 ; James Usher (1581-1656), 4005.
Nous sommes bien loin d'avoir fait le tour de toutes ces ères bibliques puisque, dans un ouvrage intitulé A New Analysis of Chronology and Geography, History and Prophecy, un expert en chronologie, le Dr William Hales écrit en 1830, qu'entre la date de « la création du Monde » et la date de la naissance du Christ près de 300 dates existent de différentes origines. Il en donne lui-même une liste de 120 établies par différentes sommités.
c) Les francs-maçons
Ils utilisent une ère qui aurait pour point de départ l'année 4000 av. J.-C (grégorien). Son origine n'est pas très claire. Elle viendrait peut-être de vieilles traditions dont l'une disait :
Depuis plus de 4000 ans,
Nous l'annonçaient tous les prophètes ;
Depuis plus de 4000 ans,
Nous attendions cet heureux temps.
d) Les ères des Mayas :
Quelle date correspond au compte long 0.0.0.0.0 des Mayas et que représente cette date ?
- Comme écrit dans la page consacrée au calendrier maya, cette date représenterait soit la date de « création du monde » soit celle de la naissance d'une divinité (laquelle ?). A vous de choisir.
- Quant à son origine, elle varie selon les spécialistes qui se sont penchés sur la question. Voici quelques uns des résultats de leurs recherches. Les correspondances dans les calendrier julien et grégorien sont toutes av. J.-C.
Spécialistes | Jour julien | Date julienne | Date grégorienne |
---|---|---|---|
Robert Heneling | 1 382 316 | 5 juin 8498 | 1 avril 8498 |
Charles Bowditch | 394 483 | 14 janvier 3633 | 16 décembre 3634 |
Charles Smiley | 482 699 | 23 juin 3392 | 26 juin 3392 |
Nancy Owen | 487 410 | 16 juin 3379 | 20 mai 3379 |
Maud Makemson | 489 138 | 10 mars 3374 | 11 février 3374 |
Herbert Spinden | 489 384 | 11 novembre 3374 | 15 octobre 3374 |
D. H. Kelley | 550 279 | 1 août 3207 | 6 juillet 3207 |
Martin | 563 334 | 29 avril 3171 | 3 avril 2171 |
J.T. Goodman (1905) | 584 280 | 3 septembre 3114 | 8 août 3114 |
Martinez (1926) | 584 281 | 4 septembre 3114 | 9 août 3114 |
J.T. Goodman Martinez John Eric Thomson (1950) |
584 283 | 6 septembre 3114 | 11 août 3114 |
Nowotny | 584 283 | 6 septembre 3114 | 11 août 3114 |
Beyer | 584 284 | 7 septembre 3114 | 12 août 3114 |
Grube Sabloff Floyd Lounsbury John Eric Thomson (1935) |
584 285 | 8 septembre 3114 | 13 août 3114 |
Bohumil et Vladimir Bohm | 622 261 | 29 août 3010 | 4 août 3010 |
Kreichgauer | 626 927 | 7 juin 2997 | 14 mai 2997 |
Wells Fuls | 660 208 | 21 juillet 2906 | 27 juin 2906 |
Hochleitner | 674 265 | 14 janvier 2867 | 22 décembre 2868 |
Escalona Ramos | 679 100 | 11 avril 2854 | 19 mars 2854 |
Weitzel | 774 078 | 24 avril 2594 | 3 avril 2594 |
Antoon Vollemaere | 774 080 | 26 avril 2594 | 5 avril 2594 |
Vaillant | 774 083 | 29 avril 2594 | 8 avril 2594 |
La date qui fait la plus grande unanimité est celle de Goodman-Martinez-Thomson.
Rappel : N'oublions pas que l'an 1 après J-C (AD) suit directement l'an 1 avant J-C (BC) sans intervention d'une année zéro. En revanche, la notation des « astronomes » (chiffres négatifs pour les années avant J-C) fait intervenir une année zéro qui correspond à l'an 1 avant J-C. Et donc, par exemple pour la date Goodman-Martinez-Thomson, 11 août 3114 avant J-C = 11 août -3113.
Les ères « événementielles »
Les liens hypertextes dirigent vers d'autres pages de ce site dans lesquelles les ères sont détaillées en fonction du calendrier étudié.
Nom de l'ère | Date début/date fin | Calendrier, civilisation, pays, religion | Observations |
---|---|---|---|
Période julienne | 01/01/4713 av. J.-C. (midi) | voir étude | |
d'Abraham | 01/10/2015 av. J.-C. | évoquée par Eusèbe de Césarée | |
de Menophrès | 1322 av. J.-C. - 1317 av. J.-C. | Au moins une ère connue de l'Égypte pharaonique. Crée par Théon d'Alexandrie | |
de Malabar | 15/08/824 av. J.-C. | État de Travancore | Jour où son roi Cheraman Perumal est chassé de son royaume par des immigrants |
Olympique | 01/07/776 av. J.-C. | Grèce antique | Voir après le tableau |
Fondation de Rome (AUC) | 21/04/753 av. J.-C. | Rome antique | Voir après le tableau |
Nabonossar | 26/02/747 av. J.-C. | Babylone, Alexandrie | Voir après le tableau |
Japonaise (JIMMU-TENNO) | 01/01/660 av. J.-C. | Fondation mythique du Japon par l’empereur Jimmu | |
Bouddhique (Ceylan asie sud-est) | 544 av. J.-C. | Cambodge, Laos, | Année de la mort de Bouddha |
D'Alexandre le Grand Des Lagides |
12/11/324 av. J.-C. | ||
Séleucides Variante SEM : selon calendrier macédonien. Variante SEB : selon calendrier babylonien. |
01/10/312 av. J.-C. 01/04/311 av. J.-C. |
Entrée de Séleucos à Babylone. Ère des Grecs ou d'Alexandre (syriens chrétiens) Ère de l'homme aux deux cornes (Arabes) |
|
Arsacides (AE) | 14/04/247 av. J.-C. | Parthes | Tiradates (248-211) bat les Séleucides et prend le titre de Grand Roi. Il date le commencement de l'ère des Parthes à compter de la dynastie parthe fondée par son frère Arsacès (248-211) |
Tyr | 125 av. J.-C. | Monde hellénique | Tyr (PHÉNICIE), confrontée à la lutte fratricide que se livraient Séleucides et Lagides, recouvrit son indépendance en 126/125 avant J.-C. |
Grande ère (Mahasakarat ) | 78 av. J.-C. | Cambodge, Laos | utilisée du temps d'Angkor |
Césarienne d'Antioche | 06/06/48 av. J.-C. | Victoire de César sur Pompée à Pharsale | |
Julienne | 01/01/45 av. J.-C. | Réforme calendrier | |
Espagne | 01/01/38 av. J.-C. | Espagne | conquête de l'Espagne par Auguste; Usitée jusqu'à la fin du XV ème. |
Auguste | 2/09/31 av. J.-C. | Rome.Imposée en Egypte | Bataille d'Actium et victoire d'Octave (futur Auguste) sur Cléopâtre et Antoine. |
Chrétienne (ou *vulgaire*, ou *de l'incarnation*, ou *de la rédemption*) | 01/01/1 | calculée par Dionysios Exiguus(Denys le Petit) : an 753 de Rome | |
De Pise | 01/01/1 | Monde chrétien | Naissance du christ |
Sassanides | 224 | Perse | Règne en Iran des Perses Sassanides, arrivés au pouvoir en 224-226 après J.-C. et restés maîtres d’un immense empire jusqu’au milieu du VIIe siècle. |
De Dioclétien (des Martyrs) | 29/08/284 | Copte, Éthiopie | Avènement de Dioclétien |
Grande ère arménienne | 11/07/552 | Arménie | Conversion au christianisme. Utilisé jusqu'au XVII ème. |
Des Musulmans (de l'Hégire) | 16/07/622 | musulman | Départ du prophète à La Mecque |
De *Yazgard* | 16/06/631 | Perse ancienne | Iran. Réformée en 1705, elle devient ère gélaléenne ou malaléenne |
Petite ère (Chulasakarat) | 21/03/638 | Cambodge, Laos,Thaïlande, Birmanie | |
Petite ère arménienne | 11/08/1084 | Arménie | La grande ère lui fut toujours préférée |
Perse moderne | 15/03/1079 | ||
D'Alphonse X (Espagne) | 1252 | Achèvement des tables alphonsines (position du soleil, de la lune et des planètes) | |
ère de Bangkok ou Ratanakosind-sok | 1781 | Thaïlande | |
Républicaine (ère des français) | 22/09/1792-31/12/1805 | ||
Bahai | 09/03/1844 | calendrier badi | Déclaration au Bab |
Jour julien modifié | 17/11/1858 | ||
Bouddhique (phutthasakarat) | 21/02/1912 | Thaïlande | Ère officielle |
**Ères indiennes** | |||
Kalyuga | 18/02/3102 av. J.-C. | ||
Jain | 527 av. J.-C. | religion jain (jaïnisme ou jinisme) | Mort de Mahavira |
Vikrama | 58 av. J.-C. | ||
Saka | 78 | Accession de Kaniska | |
Kalacuri | 248 | Dynastie Traikutaka | |
Gupta | 329 | Dynastie Gupta | |
Bengali San | 593 | ||
Harsa | 606 | Dynastie Harsa | |
Parsi | 630 | ||
Kollam | 825 | Fondation de Quilam | |
Fasli (I et II) | 1362 1364 |
||
Ères chinoises (Nian Hao) | Commence à l'intronisation de chaque Empereur | ||
Ères japonaises (NENGO) | Commence à l'intronisation de chaque Empereur |
Ère olympique : introduite en Grèce par l'historien Timée qui vécut aux 4èmeet 3èmesiècle av. J.-C. Avant lui, les années portaient le nom de notables Grecs ayant une charge. Timée établit des périodes de quatre ans à partir de la première année de la première olympiade. Les années étaient comptées en indiquant le nombre d'olympiades écoulées et le nombre d'années écoulées dans cette olympiade.
Ère de la fondation de Rome : elle fut établie par Terentius Varro Reatinus (Varron). Les historiens romains qui l'utilisèrent indiquaient « Ab Urbe Condita » (après la fondation de la Cité).
Une autre ère était aussi utilisée (ère capitolienne) qui retarde d'un an sur la première (752 av. J.-C.) calée sur la liste des consuls. Ces derniers commençaient leur office le 15 mars, l'année civile commençant le 1 janvier.
Ère de Nabonassar : utilisée par les seuls historiens, cette ère fut instaurée par l'astronome grec Ptolémée au 2èmesiècle. Elle correspond à l'avènement du roi de Babylone, Nabonassar.
2) Les cycles
Commençons par définir ce dont nous allons parler.
Le dictionnaire de l'Académie Française dit :
CYCLE. n. m. Cercle, période ou révolution d'un certain nombre d'années, à la fin de laquelle des phénomènes astronomiques doivent se présenter dans le même ordre que précédemment. Le cycle solaire est de vingt-huit années. Le cycle lunaire est de dix-neuf ans.
Voilà qui nous arrange. Nous n'aborderons pas ici les cycles qui ne seraient pas définis en « nombre d'années ». Dans notre étude sur la semaine, nous avons d'ailleurs évoqué les cycles des jours.
Comme pour les ères, il serait prétentieux de faire l'inventaire de tous les cycles existants. Nous allons donc nous contenter d'étudier les plus importants et qui ont été utilisés, à un moment ou à un autre, dans la conception des calendriers.
Nous allons procéder de façon simple : un tableau récapitulatif classé par cycles de nombre d'années croissantes et, si nécessaire, un renvoi à des commentaires.
Comme nous allons le remarquer, il existe deux grand types de cycles :
- Les cycles « de base » qui correspondent strictement à la définition : au terme d'un certain nombre d'années, des phénomènes astronomiques se reproduisent.
- Les cycles « complexes » constitués d'un assemblage d'autres cycles pour en arriver à un cycle plus long.
Durée | Nom | Inventeur | Date | Lieu | Observations |
---|---|---|---|---|---|
4 | Olympiade (pentaétéride) | Timée | 01/07/776 AV. J.-C. | Grèce | voir [Les cycles grecs](#grecs) |
5 | Lustre | Servius Tullius | IVème avant J.-C | Rome | |
8 | Octaétéride | Cléostrate de Ténédos | vers 500 avant J.-C | Grèce | voir [Les cycles grecs](#grecs) |
10 | troncs célestes(tian gan) | Chine | |||
12 | rameaux terrestres (dizhu) | Chine | |||
15 | [Indiction](#indiction) | IVème siècle | Rome | ||
19 | de Méton lunaire enneadécatéride |
Méton | 433 avant J.-C | Athènes | voir [Les cycles grecs](#grecs) |
25 | [Apis](#apis) | Égypte | |||
28 | [Solaire](#solaire) Dominical |
||||
59 | de Philolaos | Philolaos | Vème avant J.-C | Grèce | voir [Les cycles grecs](#grecs) |
59 | Oinopides | Oinopides | Vème avant J.-C | Grèce | |
60 | sexagésimal | Chine | troncs célestes et rameaux terrestres | ||
76 | callipique | Callipe de Cyzique | Grèce | voir [Les cycles grecs](#grecs) | |
82 | de Démocrite | Démocrite | Vème siècle | Grèce | Aucune précision sur ce cycle |
84 | [D'Hippolyte](#hyppolite) | Hippolyte | environ 222 | Rome | |
304 | d'Hipparque | Hipparque | Grèce | voir [Les cycles grecs](#grecs) | |
500 | [Phénix](#phenix) | Égypte | |||
532 | grand cycle pascal | Victorinus d'Aquitaine | Vème siècle | cycle solaire et cycle lunaire | |
1461 | [Sothiaque](#sothiaque) | Égypte | |||
7980 | Julien | J.J. Scaliger | 1583 | indiction x solaire x Méton | |
Compte long MAYA | Mayas | ||||
[Kalpa](#kalpa) : cycle cosmique | Hindouisme Bouddhisme Jaïnisme |
Les cycles grecs
Lisons un extrait de De die natali (sur le jour natal) écrit par le grammairien et chronologiste latin Censorin au III ème siècle ap. J.-C., la traduction du texte est de J. Mangeart, accessible dans son intégralité sur wikisource ou en version scannée sur Gallica :
...Il y a encore plusieurs autres grandes années, tells que l'année métonique, composée de dix-neuf années solaires, par Méton d'Athènes : aussi l'appelle-t-on ennéadécaétéride ; on y intercale sept mois, et l'on y trouve six mil neuf cent quarante jours. On distingue aussi l'année du pythagoricien Philolaüs, formée de cinquante-neuf années solaires, avec l'intercalation de vingt et un mois ; puis celle de Démocrite, formée de quatre-vingt-deux ans, à la faveur de vingt-huit mois intercalaires ; puis encore celle d'Hipparque, composée de trois cent quatre ans, avec l'intercalation de cent douze mois. Cette différence de longueur des grandes années tient à ce que les astrologues ne sont pas d'accord sur le point de savoir ni la fraction qu'il faut ajouter aux trois cent soixante-cinq jours de l'année solaire, ni ce qu'il faut ôter aux trente jours du mois lunaire (....) Il y a encore l'année nommée par Aristote suprême, plutôt que grande, et que forment les révolutions du soleil, de la lune et des cinq étoiles errantes, lorsque tous ces astres sont revenus au point d'où ils étaient partis. Cette année a un grand hiver..., c'est-à-dire déluge ; puis, un grand été,..., ou incendie du monde. Le monde, en effet, semble être tour à tour inondé ou embrasé à chacune de ces époques. Cette année, d'après l'opinion d'Aristarque, se compose de deux mille quatre cent quatre-vingt-quatre années solaires. Arétès de Dyrrachium la fait de cinq mille cinq cent cinquante-deux années ; Héraclite et Linus, de dix mille huit cents ; Dion, de dix mille huit cent quatre-vingt-quatre ; Orphée, de cent mille vingt années ; Cassandre, de trois millions six cent mille. D'autres enfin ont considéré cette année comme infinie, et ne devant jamais recommencer. Mais de tous ces intervalles de temps, le plus en usage chez les Grecs est la pentaétéride, ou période de quatre ans, qu'ils appellent olympiade ; et maintenant ils se trouvent dans la seconde année de leur deux cent cinquante-quatrième olympiade. La grande année des Romains est la même chose que l'intervalle de temps qu'ils ont appelé lustre. Son institution date de Servius Tullius, et s'applique à chaque période de cinq années, au bout desquelles se faisait le cens des citoyens. Mais cela fut changé plus tard ; car, du premier lustre fermé par le roi Servius, jusqu'à celui qui le fut par l'empereur Vespasien, consul pour la cinquième fois, et par César sous son troisième consulat, on compte presque six cent cinquante ans, et pourtant il n'y a eu dans ce laps de temps que soixante-quinze lustres ; et depuis cette époque même il n'en a plus été question. Cependant on n'a point perdu de vue la grande année ; mais c'est par les jeux Capitolins qu'on a commencé à l'observer plus attentivement. Ces jeux furent pour la première fois célébrés par Domitien, sous son douzième consulat et sous celui de Ser. Cornelius Dolabella.
Cycle des Olympiade : cycle ou ère ? Il faut bien reconnaître que, si l'on s'en tient à la définition, il s'agit plutôt d'une ère puisqu'il n'y est pas question de phénomène astronomique.
Cycle Octaétéride : Faute d'avoir retrouvé un ouvrage intitulé l’Octaétéride écrit par le Cnidien Eudoxe (400-355 av. J.-C. environ) grand savant du IVe siècle avant notre ère et qui, au retour d'Égypte d'où il rapporta des connaissances astronomiques, proposa une réforme du calendrier grec, on attribue la création de l'octaétéride à Cléostrate de Ténédos.
Ce cycle avait pour but de faire concorder lunaisons et année tropique grâce à un système d'intercalations. Pour les détails de fonctionnement, rendez-vous à la page du calendrier grec. Pour résumer, sur huit ans (d'où le nom du cycle), on intercale un treizième mois aux années 2, 5, 8 du cycle qui, pour autant, n'était pas parfait.
Cycle de Méton ou lunaire ou enneadécatéride : C'est, sans aucun doute, le cycle que l'on rencontre le plus dans beaucoup de calendriers.
C'est aussi celui dont l'origine est la moins connue. En effet, on le trouve bien avant le Vème siècle av. J.-C. chez les Babyloniens et chez les Chinois. Il n'en reste pas moins vrai que c'est bien Méton qui l'introduit à Athènes en 433 av. J.-C.
Comme on a pu le voir déjà dans la page réservée au calendrier grec Méton d'Athènes, fils de Pausanias (?), était géomètre au siècle de Périclès (Vème siècle av. J.-C). Il aurait vu son cycle gravé en lettres d'or sur les colonnes du temple de Minerve par les Athéniens lorsqu'ils apprirent sa découverte à l'occasion de jeux olympiques. On dit que ce serait l'origine du nombre d'or utilisé dans le comput ecclésiastique pour désigner le rang d'une année dans un cycle de 19 ans. Malheureusement, c'est légende. Pour en savoir plus sur cette légende et sur Méton, voir ici.
La découverte du cycle serait le résultat d'observations astronomiques faites par Méton dans son observatoire situé sur la colline de Lycabette. Aucun de ses écrits n'a été retrouvé.
L'objet de ce cycle est le même que l'Octaétéride : concilier dans un minimum de temps année tropique et lunaison. C’est un cycle de 19 ans de 6940 jours, qui correspond à 235 lunaisons, soit 12 années communes de 12 mois et 7 années embolismiques de 13 mois ((12x19)+7 = 235
). Dans ce cycle, 110 mois sont caves et 125 sont pleins. Il comporte quatre sortes d’années : en effet, pour une année de 12 mois, la durée moyenne de 12 lunaisons est 354,367056 jours. Les Grecs instaurèrent donc deux types d'années différents : régulières (de 354 jours), et abondantes (de 355 jours). De même, les années de 13 mois sont soit embolismiques régulières (de 384 jours), soit embolismiques défectives (de 383 jours), la durée moyenne de 13 lunaisons étant de 383,897644 jours.
Même si plus précis, il n'était pas plus parfait que son prédécesseur. À son terme, il retardait de 10 heures sur le soleil et de 8 heures sur la lune.
Ce cycle de Méton sera amélioré par Callipe (370-310 av. J.-C.). Personnage très peu connu, il semble avoir travaillé avec Aristote. Il continue les travaux d'Eudoxe et invente le cycle callipique de 76 ans. C'est le cycle de Méton multiplié par 4 auquel on enlève un jour tous les 76 ans.
Cycle de Philolaos : originaire de la ville de Crotone (Italie du Sud), il est classé parmi les élèves directs de Pythagore. Après l’incendie de leur école par les Cyloliens, Philolaos se rendit à Thèbes, où il eut Platon parmi ses auditeurs. Il est connu pour avoir, le premier, fait tourner les astres.La terre ne se trouve plus au centre du monde. Il est occupé par un feu central, qui nous est caché par une « anti-terre ». Le Soleil est un miroir qui tourne en un an autour du feu central et nous en réfléchit la lumière. Le principe du mouvement des astres est ainsi acquis et l'année « terrestre » s'explique par rapport au soleil.
Son cycle compte 59 ans de 365 jours 6 heures. Les lunaisons sont au nombre de 729 et le cycle comporte 21 intercalations.
Le cycle d'Oinopides, quant à lui, est antérieur à celui de Philolaos et compterait aussi 59 ans mais avec 22 intercalations.
Le cycle d'Hipparque : Hipparque de Nicée (ou Hipparque de Rhodes, premier quart du IIe siècle) est sans conteste le plus grand astronome de l’Antiquité. Parmi ses nombreuses découvertes, la plus importante est celle de la précession des équinoxes. Hipparque a aussi découvert que l’orbite de la Terre n’est pas tout à fait un cercle centré sur le Soleil, il a mesuré la distance de la Terre à la Lune, qu’il a estimée entre 59 et 67 rayons terrestres (la valeur moyenne réelle est 60), et a élaboré le premier catalogue d’étoiles de bonne qualité, recensant 850 objets.
Il établit que l'année tropique est plus courte que 365 J 1/4 et propose de retrancher un jour sur 4 périodes callipiques (304 ans). L'année moyenne ainsi obtenue (365 j 5 h 55 min) ne dépassera que de six minutes la valeur actuelle de l'année tropique. Quant à la lunaison, elle sera différente de la valeur actuelle de.... une seconde. Bravo Monsieur Hipparque.
Autres cycles
Cycle solaire, cycle dominical : c'est l'intervalle de temps qu'il faut pour que les mêmes jours de la semaine se retrouvent aux même jours de l'année dans le calendrier grégorien du fait des années bissextiles. C'est un cycle de 28 ans. Il est utilisé dans le calendrier liturgique sous forme de « lettre dominicale ». Retour au tableau
Le cycle romain de l’indiction : il est apparu sous Dioclétien. Initialement, il s’agissait d’une période de 15 ans à l’issue de laquelle on révisait l’impôt foncier. Sous Constantin, l’indiction est devenue une période chronologique, désignant à la fois la période de 15 ans et le rang d’une année dans cette période. On n'est pas loin de l'ère. Plus tard, l'indiction deviendra un des éléments du comput ecclésiastique. Retour au tableau
Cycle Apis : Un papyrus démotique (Cralsberg 9) décrit un cycle de 25 années égyptiennes. 309 mois lunaires sont aussi longs que 25 années égyptiennes soit 9125 jours après lesquels les phases de la lune reviennent aux mêmes jours de l'année. Retour au tableau
Le cycle Phénix : Le cycle Apis connaîtrait un décalage de 1 jour tous les 500 ans. Le calendrier devrait alors être rectifié. L'a-t-il jamais été ?
La durée de ce cycle varie selon les sources : 250 ans pour Tacite ; 1 460 ans pour R. Stuart Poole ; 1 500 ans pour Lipsius. On dit que ce cycle a été « initialisé » 5 fois en Egypte : sous le règne of Sesostris (866 av. J.-C.); sous le règne de Amasis; (566 av. J.-C.); sous le règne de Ptolémée II ; (266 av. J.-C.); un ou deux ans avant la mort de Tibère (34 ap. J.-C.) et pendant le règne de Constantin (334 ap. J.-C.). S'il en est ainsi, le cycle serait de 300 ans et la thèse de la correction du calendrier ne tient plus.
Ce serait dommage et mettrait fin à un parallèle entre le cycle et l'oiseau mythologique du même nom : Selon ce mythe, avant son décès, le phénix construisait un nid auquel il donnait le pouvoir de créer un nouveau phénix. Dans d'autres versions, un ver apparaissait de son corps et avec la chaleur du soleil, il se transformait en un nouveau Phénix. Enfin, d'autres pensent que le nouveau Benou (autre nom de l'oiseau) apparaissait de ses cendres après avoir brûlé à Heliópolis. Il ressuscitait périodiquement, toutes les cinq cents années après une flamboyante mort sur le bûcher d'aromates qu'allumait le dernier rayon de soleil couchant. Du coup, Heliópolis est devenue le centre de règlement du calendrier. Retour au tableau
Le cycle sothiaque : l’année civile du calendrier de l'Égypte ancienne n’ayant que 365 jours, le lever de Sirius retardait de 1 jour tous les 4 ans, de sorte que l’accord ne se trouvait rétabli qu’au bout de 1 461 années vagues ; ce cycle prit le nom de période sothiaque (de Sothis, Sirius en Égypte) ou caniculaire. Après ce temps, l'année vague recommençait d'accord avec l'année solaire. Retour au tableau
Le Cycle d'Hyppolite a pour but de calculer la date de Pâques. Il recommande d'utiliser un cycle de 16 ans qui correspond, en fait, à deux Octaétérides ajoutés. Rome lui élève une statue et grave les canons de ce cycle sur le socle. On se croirait à l'époque de Méton !!
Il constate ensuite qu'après 16 ans, la pleine lune s'est décalée d'un jour en arrière. Il en déduit que si l'on ajoute 7 cycles de 16 ans (soit 84 ans), la pleine lune reviendra la même jour de la semaine. C'était faux mais le cycle de 84 ans avait vu le jour. Retour au tableau
Le cycle Kalpa : Nous sortons du cadre strict des calendriers puisque ce cycle n'a aucune incidence sur eux. Mais, je ne résiste pas à l'envie de vous en dire deux mots.
L’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme s’accordent pour appeler kalpa la « grande année » universelle, divisée en périodes de temps identiques dans leur structure quadripartite.
Le Dieu Brahma vit 100 ans. Mais ce ne sont pas des années humaines. Loin de là puisque chacune des journées (jour + nuit) de ces 100 années dure...4.320.000.000 x 2 (jour + nuit) de nos années humaines. Même avec la RTT, ça fait long !! La vie de Brahma dure donc 311 mille milliards d'années humaines.
Et il a du travail Brahma ! Parce qu'il crée l'univers à chacun de ses jours et le réintègre (Pralaya) en lui dans son divin sommeil. À la fin de sa vie, un nouveau dieu commencera un nouveau cycle de création.
La journée de Brahma est divisée en deux kalpa (un jour, une nuit). Et maintenant, suivez moi bien parce que les choses se compliquent.
- Un kalpa se compose d'une période de 1 728 000 années humaines (Adi Sandhi) suivie de 14 manvantaras + Sandhi Kala.
- Un Sandhi Kala dure 1 728 000 ans pendant lesquels une catastrophe cosmique (du type du Déluge, par exemple) intervient.
- Un manvatara se compose de 71 mahayugas dont chacun comprend quatre yuga :
- Kali Yuga d'une durée de 432 000 ans. C'est là que nous vivons actuellement.
- Qwapar Yuga d'une durée de 864 000 ans.
- Treta Yuga d'une durée de 1 296 000 ans.
- Satya Yuga d'une durée de 1 728 000 ans.
Si vous m'avez bien suivi, un kalpa se compose donc de 1 000 mahayugas de 4 320 000 ans soit 4 320 000 000 ans.
Après l'étude de ces chiffres faramineux, nous avons bien mérité d'en terminer avec cette page sur les ères et cycles. Rendez-vous dans une prochaine étude.