Dates de la Fête des Mères en France
La Fête des Mères en France est prévue aux dates suivantes :
- dimanche 26 mai 2024
- dimanche 25 mai 2025
- dimanche 31 mai 2026
En France, la fête des Mères a généralement lieu le dernier dimanche de mai, mais la date peut varier. Si le dimanche coïncide avec la Pentecôte, la fête est décalée au premier dimanche de juin.
Dates de la Fête des Mères en Suisse, au Québec et en Belgique
Dans de nombreux pays du monde, y compris la Suisse, la Belgique et le Québec, la Fête des Mères est prévue aux dates suivantes :
- dimanche 12 mai 2024
- dimanche 11 mai 2025
- dimanche 10 mai 2026
La date est variable, chaque année elle a lieu deuxième dimanche de mai.
Pour vous aider à faire de cette fête une réussite, nous vous proposons des poèmes ainsi que des coloriages pour les enfants et des bases de lettre des idées pour une carte de voeux :
- Bases de lettre pour la fête des Mères
- Coloriages pour les enfants
- Réalisation d'une carte de voeux
- Poèmes pour la fête des mères
La fête des Mères trouve son origine dans deux mouvements : la mise à l’honneur des familles nombreuses à la fin du XIXe siècle et la vision sentimentale de la fête aux États-Unis. Portée par une politique volontariste, la fête des Mères devient incontournable sous le régime de Vichy. Elle est officiellement inscrite dans le calendrier républicain depuis 1950.
Origine de la Fête des Mères
Les figures antiques de la fécondité
Le fait de commémorer la maternité remonte à l’Antiquité, notamment par le culte aux déesses de la Terre-Mère1. Les Grecs rendaient hommage à Rhéa2, mère de tous les dieux de l’Olympe, dont Zeus.
Au Ve siècle avant J.-C., les Romains honoraient diverses figures maternelles. Lors des Megalesia3, célébration à la mi-mars s’étendant sur treize jours, ils honoraient la déesse phrygienne Cybèle (connue sous le nom de Magna Mater ou Grande Mère, et souvent rattachée aux déesses grecques Rhéa et Déméter).
Chaque année, le 11 juin, Mater Matuta, la déesse — d’origine italique — de l’aube, de la fertilité et de la maturité féminine était à l’honneur lors des Matralia (du latin mater, mère). Son culte reflète le rôle crucial des femmes4 dans la perpétuation de la famille et de la communauté. Au cours de cet événement réservé aux femmes célibataires ou aux univirae (qui n’ont connu qu’une seule union), des prières et dons (gâteaux et fleurs) étaient adressés à Mater Matuta. La fête des Matralia célébrait le passage des jeunes filles à l’âge adulte et leur capacité à devenir mère5.
Le 1er mars, premier jour de l’année marquant le renouveau et le réveil de la nature, les femmes mariées (les matronas) célébraient Junon Lucina6, lors des Matronalia7. À cette occasion, les maris offraient à leurs épouses des cadeaux et de l’argent. Ces dernières se rendaient sur l’Esquilin, la plus haute des sept collines de Rome, afin d’offrir des présents à celle qui « donne le jour », la déesse des accouchements.
Avec l’essor du christianisme, la vierge Marie devient l’incarnation de la figure maternelle.
Le Mothering Sunday anglais
Au XVIe siècle, les paroissiens d’Angleterre célèbrent pour la première fois le Mothering Sunday, littéralement « dimanche de la maternité », le quatrième dimanche de Carême, aussi désigné dimanche de Laetere8. Cette date correspond à une trêve de mi-parcours du carême. Pour cette occasion, les paroissiens retournent dans leur église d’origine, leur « église-mère » (mother church) auprès des membres de leur foyer afin de témoigner de leur amour et leur gratitude à leur mère. Au siècle suivant, la pratique s’élargit aux domestiques qui obtiennent un jour de congé.
Comme le veut l’usage, à la suite de la messe, les enfants offrent à leur mère un simnel cake, un gâteau orné de onze boules de pâte d’amande symbolisant les apôtres (excepté Judas). De nos jours, cette pâtisserie traditionnelle se déguste à Pâques dans le monde anglophone. La coutume du Mothering Sunday persiste jusqu’au début du XIXe siècle, avant d’être remplacée par le Mother’s day américain.
Le Mother’s day américain
La fête des Mères, sous sa forme actuelle, est souvent attribuée à l’Américaine Anna Jarvis (1864-1948). Elle l’a conçue en hommage à sa mère, Ann Maria Reeves Jarvis.
Au cours de sa vie, Ann Maria Reeves Jarvis donne naissance à treize enfants dont quatre seulement atteignent l’âge adulte. Très investie au sein de sa communauté, cette fille de pasteur organise en 1858 des clubs de travail à destination des mères de famille (Mothers’ day work clubs) afin de promouvoir l’éducation parentale et de leur prodiguer des conseils sanitaires pour lutter contre la mortalité infantile. En 1868, elle organise la Journée de l’amitié des mères, au cours de laquelle se réunissent des mères et d’anciens soldats (unionistes et confédérés) pour encourager la réconciliation des deux partis à la suite de la guerre civile. Sa mort, le 9 mai 1905, affecte profondément sa fille. Cette dernière se donne pour mission de lui rendre hommage et mène ce combat toute sa vie durant.
« Ce n’est pas un jour pour honorer la mère et le père d’un grand homme de l’histoire, mais l’occasion pour vous d’honorer les membres de votre foyer — en particulier la mère qui dans votre cœur est la meilleure mère qui ait jamais vécu.9 »
Devise d’Anna Jarvis
Anna Jarvis entame son parcours pour une reconnaissance de la fête des mères en 1907. Des figures influentes lui apportent leur soutien : John Wanamaker, propriétaire de grands magasins de Philadelphie, l’industriel agroalimentaire Heny J. Heinz, Theodore Roosevelt, Edward Bok ou encore Mark Twain.
Elle choisit une date et un emblème symboliques : le deuxième dimanche de mai10, en mémoire de la date de décès de sa mère, et l’œillet blanc, sa fleur préférée. Le 10 mai 1908, « quatre cents membres de l’Église méthodiste d’Andrews à Grafton (Virginie-Occidentale) et une foule de 15 000 personnes à l’auditorium Wanamaker de Philadelphie assistent à la première célébration officielle de la fête des Mères des États-Unis ». Grâce à la stratégie menée, la fête prend rapidement de l’ampleur et l’année suivante, elle est célébrée dans presque tous les États11.
Des figures méconnues
Anna Jarvis n’est pas la première femme à avoir voulu mettre les mères à l’honneur12. Dès 1870, au sortir de la guerre de Sécession, la militante Julia Ward Howe, auteure des paroles du chant américain « The Battle Hymn of the Republic », lance un appel solennel aux femmes du monde entier13. En réaction au carnage de la guerre civile, elle les enjoint à se lever et à protester pour défendre la paix. Julia Ward Howe, fondatrice de l’hebdomadaire Women’s Journal à Boston, propose en 1872 qu’une journée des mères pour la paix soit instituée le 2 juin. Dès l’année suivante, dix-huit villes américaines l’organisent. La célébration se réitère jusqu’au tournant du XXe siècle.
D’autres figures ont lancé des initiatives locales : Juliet Calhoun Blakely, paroissienne de l’église épiscopale méthodiste d’Albion (Michigan) en 1877 ; Mary Towles Sasseen, enseignante et directrice d’école, auteure du guide Mother’s Day Celebrations, à Henderson (Kentucky) en 1887 ; Franck Hering, professeur au sein de l’Université Notre-Dame (Indiana), auteur d’un appel en février 190414.
En 1912, Anna Jarvis structure son mouvement : afin de mieux coordonner son action, elle crée la Mother’s Day International Association et dépose les noms et emblèmes utilisés par son association. Elle ainsi devient officiellement détentrice du titre « fête des Mères »15.
La popularité de la fête augmente rapidement et l’intense travail de lobbying d’Anna Jarvis auprès des législateurs et du gouvernement porte ses fruits. Le 8 mai 1914, le deuxième dimanche de mai est officiellement désigné comme la fête des Mères par le Congrès américain. Bâtiments publics et propriétaires privés doivent déployer le drapeau national sur leur façade en guise « d’expression publique de notre amour et de notre vénération pour les mères de notre pays ». Woodrow Wilson, 28e président des États-Unis, proclame cette célébration jour férié national.
La fête des Mères connaît rapidement une commercialisation galopante : grands magasins, imprimeurs, fleuristes et chocolatiers se saisissent de cette journée. Opposée au dévoiement de l’esprit initial de cette journée, Anna Jarvis multiplie les actions : elle intente des procès contre des sociétés commerciales, appelle au boycott des fleuristes (des « profiteurs » qui augmentent leurs prix en mai), perturbe une convention professionnelle des confiseurs ou encore trouble l’ordre public lors d’une convention des Mères de guerre américaines.
Ses revendications ne connaissent pas de limites. Elle intente un procès contre le Département des Postes dans le cadre de l’émission, en 1934, du timbre « Mothers of America »16 reprenant le tableau James M. Whistler, en l’honneur des mères américaines : elle exige, et obtient que l’expression « fête des Mères » soit changée en « timbre commémoratif ».
Dans son jusqu’au-boutisme, Anna Jarvis va en 1933 jusqu’à écrire au président Franklin Roosevelt pour le supplier de retirer la fête du calendrier officiel du pays17. Ultime acte afin d’obtenir l’abolition de la fête des Mères18, elle lance une pétition qu’elle diffuse en faisant du porte-à-porte à Philadelphie.
« Nous préférerions que cent personnes célèbrent la fête des Mères dans un esprit authentique et pour sa perpétuation selon les principes établis, plutôt que mille personnes en abusent. […] Pour nous, l’action de la fête des Mères a été couronnée de succès. Ce ne sera pas une perte si elle n’est plus jamais célébrée.19 »
Anna Jarvis, au nom de son mouvement
La lutte constante menée par Anna Jarvis afin de lutter contre la corruption de la fête et sa commercialisation tourne à l’obsession, et a de lourdes conséquences sur sa vie, notamment financières. Elle décède à 80 ans, démunie et sans descendance, dans un sanatorium de Philadelphie.
En France
Si la fête aux États-Unis revêt une dimension intimiste et inclut toutes les mères, la France privilégie la célébration de la famille et met exclusivement à l’honneur les mères de famille nombreuses. D’abord le fruit d’initiatives privées, des distinctions honorifiques et pécuniaires sont mises en place selon un système de récompense.
La femme mariée
Instituée à la Révolution française, la fête des Époux, fixée le 10 floréal, honore les « bons ménages », c’est-à-dire les couples féconds, et par ricochet les mères de famille nombreuse. Cette célébration est celle de la cellule familiale.
Le débat sur l’idée de l’instauration d’une célébration rendant un hommage officiel aux mères de famille aurait été pour la première fois évoqué par Napoléon en 1806 [aucune source fiable ne permet de l’attester], soit deux ans après l’adoption du Code civil, texte fondateur instituant notamment l’incapacité juridique de la femme mariée.
Les enfants à l’honneur
À compter des années 1880, les parents de famille nombreuse sont mis à l’honneur par le biais d’initiatives civiles. Les nourrices, « qui élèvent de façon “exemplaire” des nourrissons, confiés par leurs parents ou les services de l’Assistance publique », font elles aussi l’objet de récompenses20.
Le projet est remis en avant sous la Troisième République (1870-1940) par les associations populationnistes défendant le modèle de la famille nombreuse. Elles voient dans le ralentissement démographique français de la seconde moitié du XIXe siècle un risque majeur pour le rayonnement du pays et entendent maintenir une natalité à la hauteur de leurs voisins, notamment allemands.
Le statisticien et démographe Jacques Bertillon, à l’initiative de la création de l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française en 1896, suggère de célébrer chaque année une fête des enfants, en hommage aux familles nombreuses21. Il s’agit de les honorer et de leur décerner « des marques éclatantes de respect ».
« Nous irons chercher [à l’étranger] les exemples à suivre. Rien de plus gracieux que la fête des enfants dans les Pays-Bas. Elles ont lieu dans presque tous les villages le 31 août, jour de naissance de la reine. La jeune et gracieuse souveraine consent avec bonté à se mêler à ces jolies fêtes ; il est rare qu’elle n’assiste pas au moins à celle d’Apeldoorn, commune où se trouve sa résidence d’été. Elle prend plaisir à regarder les rondes enfantines et même à entendre chanter des airs patriotiques. Les voix ne sont peut-être pas toujours tout à fait justes, mais qu’importe. Les petits visages sont rouges de santé, et les yeux étincellent de joie. C’est bien le principal ! Au Japon, où la fécondité est particulièrement honorée, on célèbre chaque année, deux fêtes des enfants, le 3 mars pour les filles et le 5 mai pour les garçons. »
Jacques Bertillon (La dépopulation de la France)
1906 : l’initiative iséroise
Le 10 juin 1906, l’instituteur Prosper Roche, fondateur de l’Union fraternelle des Pères de famille méritants d’Artas, association destinée à soutenir les familles nombreuses fondée en 1904, prend l’initiative de célébrer les mères de famille. L’Union soutient une politique d’encouragement de l’œuvre maternelle au travers d’encouragements gradués : lettres de félicitations, récompenses pécuniaires, diplômes d’honneur, médailles d’honneur (bronze, argent, or), décorations honorifiques.
La cérémonie, à caractère patriotique, se déroule dans la cour de l’école iséroise et suit un protocole précis élaboré par Prosper Roche. Une place d’honneur est réservée à la mère de famille, revêtue d’un voile tricolore. « Là, ayant son mari à sa droite, elle sera entourée de ses enfants et proches parents. » Par la suite, deux jeunes filles vêtues de blanc « lui remettront un bouquet de fleurs symbolisant les qualités maternelles. Le président déposera alors une couronne de laurier artificiel sur la tête de la mère de famille à qui il adressera ses félicitations ou remettra la récompense accordée. 22» Ce jour-là, deux villageoises, chacune mère de neuf enfants23, reçoivent un diplôme.
L’initiative d’Artas s’inscrit dans la continuité d’autres initiatives locales mises en place dès la seconde moitié du XIXe siècle24. Elle constitue le premier modèle de fête des Mères français25.
1918 : Lyon célèbre sa première Journée des mères
Avant la Première Guerre mondiale, les nombreuses initiatives privées d’encouragement à la maternité font l’objet d’un soutien limité des autorités politiques.
La célébration d’une « Journée des mères » à Lyon, le 16 juin 1918, en hommage aux mères et aux épouses ayant perdu leur fils ou leur mari à la guerre, marque un tournant. Créée à l’initiative du lieutenant-colonel en retraite La Croix-Laval26, elle reçoit le soutien du maire Édouard Herriot et du président de la République française27.
Pour la première fois, les organisateurs de la journée lyonnaise revendiquent un lien avec le Mother’s day américain. La pratique, popularisée par les soldats américains sur le front européen, est telle que la poste aux armées, en pleine guerre, prévoit un service spécial des champs de bataille pour expédier les cartes de vœux des soldats vers les États-Unis et le Royaume28.
« S’inspirant de l’exemple donné par nos alliés américains […] la ville de Lyon a eu le 16 juin dernier sa Journée des mères. […] Cette manifestation en faveur des familles a pleinement réussi. Elle se proposait de déterminer un mouvement d’opinion en l’honneur des mères et de recueillir des ressources au profit de l’enfance ; ce double dessein a été rempli. 29»
Journal des débats politiques et littéraires, 6 juillet 1918
La célébration, ponctuée par une cérémonie présidée par le cardinal Maurin, la diffusion de films patriotiques et la distribution de récompenses, est un succès. Comme l’expriment Étienne Lamy, membre de l’Académie française, et le colonel La Croix-Laval dans leur correspondance, cette journée « n’est pas une tentative locale sans lendemain, c’est une institution française qui se fonde30 ».
Mai 1926 : la première célébration nationale
À la suite de la journée lyonnaise, des manifestations fleurissent sur tout le territoire. Remise de diplômes aux mères médaillées, spectacles familiaux, démonstrations sportives, séances récréatives et goûters animent ces manifestations s’étalant sur un ou plusieurs jours. C’est aussi souvent l’occasion de rendre hommage aux soldats disparus dans une France endeuillée.
Le 9 mai 1920, une « Journée nationale des mères de famille nombreuse », initialement fixée le jour de l’Assomption, est organisée sous le haut patronage du président de la République. Comme le précise l’affiche : « La France a besoin d’enfants. Honorons les familles nombreuses. Secourons celles qui en ont besoin : c’est notre devoir. C’est notre intérêt. Ainsi, la France vivra puissante, prospère et glorieuse, donnons, donnons tous pour les enfants de France. »
La Médaille de la Famille française, nouvelle distinction honorifique
Le 26 mai 1920, Jules-Louis Breton, ministre de l’Hygiène, de l’assistance et la prévoyance sociales, crée, par décret, sous le nom de médaille de la Famille française, « une distinction honorifique destinée à rendre hommage au mérite des mères de famille françaises qui ont dignement élevé de nombreux enfants, et à leur témoigner de la reconnaissance de la nation31 ». La médaille est attribuée aux mères de nationalité française selon trois grades : bronze (5 à 7 enfants), argent (8 ou 9 enfants), or (10 enfants et plus)32. Elle connaît un franc succès : en 1921, 80 000 dossiers sont en instance33.
En 1926, le Conseil supérieur de la natalité, conseil consultatif créé en 1920, émet le souhait, sur la proposition de l’enseignant alsacien Camille Schneider, de la célébration d’une fête annuelle pour les mères françaises. La proposition est adoptée. La date est fixée au dernier dimanche de mai.
La première édition a lieu le 30 mai 1926. Dans son édition du lendemain, le journaliste Henri Simoni, dans L’Œuvre, narre : « Hier a été instituée et célébrée pour la première fois, à l’Hôtel de Ville de Paris et dans toutes les municipalités de France, à l’instigation de M. Durafour, ministre du Travail, et sous le patronage des plus hautes personnalités politiques et religieuses, la fête des mères françaises. La tradition a été créée. Elle sera suivie tous les ans et constituera, à travers la vie du peuple, une halte de paix et d’amour, une manifestation de la pérennité française. Le grand hommage, on pourrait dire le grand culte national, a été célébré hier, dans la salle aux vingt-quatre lustres […].34 »
La mention « famille nombreuse » est officiellement retirée en 1926. Pour autant, ce sont toujours les mères de famille nombreuse qui sont mises à l’honneur.
Le gouvernement officialise une journée des mères en 1929.
Sous le régime de Vichy
Peu suivie pendant l’entre-deux-guerre, la fête des Mères gagne en popularité sous le régime de Vichy, dont la devise « Travail, Famille, Patrie » remet la cellule familiale au cœur du projet de société. Elle fait l’objet d’une vaste propagande par voie d’affiches, tracts et discours dans la presse, à la radio ou au cinéma. Le régime de Vichy systématise la célébration : elle s’adresse désormais à toutes les mères, quelle que soit la taille de la famille.
Le 2 mai 1941, le maréchal Pétain officialise la journée nationale des mères par une circulaire aux préfectures demandant « aux écoles de [la] préparer avec leurs élèves en classe ». Une affiche est produite à l’occasion par le Commissariat général à la Famille. Tirée à 80 000 exemplaires, elle est placardée le 21 mai dans les écoles. « Ta maman a tout fait pour toi… Le Maréchal te demande de l’en remercier gentiment. […] Invente la surprise la plus belle que tu pourras, celle qui lui fera le plus grand plaisir », est-il inscrit. Diverses idées sont suggérées aux écoliers : cueillir des fleurs, réaliser un dessin, apprendre une jolie récitation ou encore adopter un bon comportement en classe et à la maison. Les instituteurs sont mis à contribution pour assurer le succès de cette fête à la fois publique et privée35.
Fixée le dernier dimanche de mai, la fête conquiert ses lettres de noblesse et devient incontournable dans l’agenda national, au même rang que la fête de Jeanne d’Arc et celle du 1er mai. Elle apparaît pour la première fois dans l’almanach des postes en 1943.
La sphère professionnelle
La fête des Mères déborde du cadre familial et touche la sphère professionnelle. En 1949, Pierre Schneiter, ministre de la Santé publique et de la population, « prie Messieurs les Préfets de faire appel à la bonne volonté des employeurs en leur demandant d’accorder aux mères de famille salariées dont l’activité devrait s’exercer le jour de la fête des Mères, un congé exceptionnel leur permettant de célébrer cette fête au milieu de leurs enfants36 ». La fête est aussi célébrée en interne, au sein de l’entreprise. En 1953, les sociétés Bon Lait (Nice) et Renault-Billancourt marquent l’événement37.
1950 : la fête des Mères devient une fête nationale
Au sortir de la guerre, l’organisation de la fête des Mères, devenue populaire, revient au ministère de la Santé publique et de la population. Le 24 mai 1950, le président de la République Vincent Auriol promulgue un texte de loi stipulant la création officielle de la fête des Mères, son appellation définitive38. Son organisation est confiée au ministre de la Santé publique et la population, avec le concours de l’Union nationale des associations familiales (Unaf).
Particularité française : le deuxième dimanche de mai n’est pas retenu puisqu’il s’agit de la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme, instituée en 1920. La fête des Mères est fixée au dernier dimanche de mai. Si celui-ci correspond au dimanche de Pentecôte, la fête est décalée au premier dimanche de juin.
En 1951, l’Union fédérale des associations professionnelles horticoles et agricoles des Alpes-Maritimes, par l’intermédiaire du préfet local, sollicite le déplacement de la fête des Mères au premier dimanche de juin. Selon le groupement professionnel, cette date était plus favorable aux attentes du marché en matière de tarif et volume d’expédition pour répondre au pic de la demande. La requête n’obtient pas l’approbation du ministre de la Santé publique et de la population39.
Halte à la concurrence
Face à la montée en puissance de la Saint-Valentin et de la fête des Pères, les autorités réaffirment leur position en 1954 : « Si [les] manifestations [de la fête des Mères] prennent, très justement, la forme d’un hommage à la personne même de la mère, la famille tout entière se trouve cependant être ainsi à l’honneur. Les pouvoirs publics ne sauraient donc encourager certaines initiatives tendant à instituer, en faveur d’autres membres de la famille, de nouvelles “fêtes” susceptibles d’altérer le sens de la fête nationale des Mères, consacrée par un texte légal.40 »
Dérive commerciale
Jusqu’aux années 1960, le duo bouquet de fleurs et carte de vœux reste le cadeau incontournable pour célébrer les mères. Avec la montée en puissance de la consommation au cours des Trente Glorieuses, l’offre commerciale s’étoffe. À renfort de publicités, les marques de cosmétiques, parfumerie, ustensiles de cuisine ou appareils électroménagers veulent conquérir le marché que constitue cette fête. Une dérive toujours constatée et souvent soulignée par ses détracteurs.
La Fête des Mères chez nos voisins francophones
En Belgique, Suisse et au Canada, la fête des Mères est célébrée le deuxième dimanche de mai.
Québec
Sous l’influence américaine, le Canada célèbre la fête des Mères depuis 1914, date de l’officialisation nationale de la célébration par le président américain Woodrow Wilson.
Suisse
L’idée d’instaurer une fête des Mères en Suisse aurait été avancée par l’Armée du Salut dès 1917. La pratique se généralise dans les années 1930, dans la continuité de son officialisation en Allemagne en 1923.
Belgique
Les Belges célèbrent la fête des Mères, d’inspiration états-unienne, depuis 1923. Si dans la majorité du pays, les mères sont fêtées le deuxième dimanche de mai, dans la région d’Anvers, la date du 15 août a été retenue. Cette spécificité incombe à Frans Van Kuyck, auteur du pamphlet « Le Jour des Mères » en 1913, dans lequel il suggérait que la fête des Mères soit plutôt célébrée le jour de l’Assomption.
Références
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/d%C3%A9esses_de_la_f%C3%A9condit%C3%A9/178848
Son homologue romaine est Ops, divinité de la fertilité et des moissons.
Lire aussi : https://odysseum.eduscol.education.fr/les-matrones-romaines
Les Matronalia rappellent l’intervention des femmes dans le rétablissement de la paix entre les Romains et les Sabins à la suite de l’enlèvement des Sabines.
Laetere, signifiant « Réjouissez-vous », est le premier mot du chant d’entrée (ou introït) du quatrième dimanche de Carême. Il est extrait d’un passage du prophète Isaïe.
Katharine Lane Antolini, Memorializing motherhood : Anna Jarvis and the struggle for control of mother’s day, West Virginia University Press, 2014
« Au lieu de désigner la date exacte de la mort de sa mère comme la fête des Mères, elle [Anna Jarvis] choisit le dimanche le plus proche (…) pour (…) que la célébration tombe toujours le jour du sabbat, car elle voulait que la fête des Mères soit un « jour saint », ne représentant rien d’autre que l’expression de sentiments nobles et commémoratifs envers les mères américaines. » Katharine Lane Antolini, op. cit.
En 1809, quarante-deux États emboîtent le pas à la Virginie Occidentale et la Pennsylvanie, dont les territoires d’Hawaï et de Porto Rico.
Katharine Lane Antolini, op. cit.
« Appeal to womanhood throughout the world », Julia Ward Howe. Boston, September, 1870, in Library of Congress
« The Father of Mother’s Day », University of Notre Dame Archives
Katharine Lane Antolini, op. cit.
L’Art américain sur les Timbres-poste : Raconter l’histoire d’une nation. « FDR et la fête des mères », Smithsonian National Post Museum
« Mother’s Day », by Mikaela Maria, in The Encyclopedia of Greater Philadelphie
https://www.bbc.com/news/stories-52589173, consulté le 18 septembre 2024
Katharine Lane Antolini, op. cit.
De Luca Barrusse Virginie. op. cit., 2008, p. 245. cité par Antoine Mandret-Degeigh, Gouverner par le rite : socio-histoire des rites d’institution municipaux autour de la parenté en France, au miroir de la situation en Allemagne (1789-1989), thèse dir. par Yves Déloye, 2015, École doctorale de Sciences Po Paris
Cette initiative complète d’autres mesures : primes à la naissance du troisième enfant, emplois réservés aux familles suffisantes, allocations de famille, secours aux veuves ayant plus de trois enfants en bas âge… Jacques Bertillon, La dépopulation de la France : ses conséquences, ses causes, mesures à prendre pour la combattre, Paris, 1911
Gilbert Coffano, Dauphiné mystérieux et légendaire, Montmélian, La Fontaine de Siloé, 1999, 254 p. (ISBN 2-84206-114-4, lire en ligne [archive]), « Artas, village isérois à l'origine de toutes les mamans », p. 233–237
Thébaud Françoise, Journée internationale des Femmes et fête des Mères : origines et traditions. In : Diplômées, n° 200, 2002. Journée internationale des femmes (8 mars 2022) pp. 7-14
Nejma Omari, « L'invention de la fête des mères : origines, histoire médiatique et idées cadeaux [archive] », blog de Gallica, 5 juin 2020
Lire les écrits de Pascal Chauvin : « Artas, berceau de la fête des Mères » et « À l’origine de la fête des Mères »
Elle est organisée « avec le patronage d’honneur du cardinal-archevêque de Lyon, sous les auspices d’un Comité qui avait pour présidents d’honneur le préfet du Rhône, le président du Conseil général, le gouverneur militaire, le maire de Lyon et M. Auguste Isaac ». « La journée des mères à Lyon » - Journal des débats politiques et littéraires du 06/07/1918, Paris. Auguste Isaac est le fondateur de l’association de La plus Grande Famille. À l’initiative des Congrès de la nationalité, il occupe la présidence du Conseil supérieur de la Natalité et la Fédération nationale des associations de familles nombreuses.
Antoine Mandret-Degeigh, op. cit.
Thébaud Françoise, Journée internationale des Femmes et fête des Mères : origines et traditions. In Diplômées, n°200, 2002, Journée internationale des femmes (8 mars 2022) pp. 7-14
« La journée des mères à Lyon » - Journal des débats politiques et littéraires du 06/07/1918, Paris
Antoine Mandret-Degeigh, op. cit.
Le décompte des naissances concerne les enfants légitimes, simultanément vivants. Sont aussi comptabilisés les enfants tués à l'ennemi ou décédés des suites de blessures ou de maladies contractées à la guerre.
Antoine Mandret-Degeigh, op. cit.
« La Fête des Mères française a été célébrée hier pour la première fois » de Henri Simoni, Journal “L’Œuvre” du 31 mai 1926
La réalisation de travaux par les enfants à l’occasion de la Fête des mères et des pères ne figure plus dans les instructions ministérielles.
Antoine Mandret-Degeigh, op. cit. Cette demande sera renouvelée chaque année
Antoine Mandret-Degeigh, op. cit.
Les Communistes s’y opposent afin de marquer leur désaccord avec la politique familiale du gouvernement.
Antoine Mandret-Degeigh, op. cit
Antoine Mandret-Degeigh, op. cit