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Dates du jour de la Terre
Le jour de la Terre, ou journée de la Terre, a lieu aux dates suivantes :
- lundi 22 avril 2024
- mardi 22 avril 2025
- mercredi 22 avril 2026
Chaque 22 avril, lors de la Journée de la Terre, des millions de personnes à travers le monde se mobilisent pour la planète en réalisant des actions écocitoyennes concrètes, individuelles ou collectives. L’initiative, née en 1970 aux États-Unis sous le nom Earth day, rassemble pour sa première édition 20 millions d’Américains soucieux de la cause environnementale. L’événement s’internationalise au cours des décennies suivantes. En France, la Journée de la Terre est célébrée pour la première fois en 1990.
Origine de la Journée de la Terre
Il n’existe non pas une, mais bien deux Journées de la Terre, toutes deux créées aux États-Unis à la même période. La première, en l’honneur de l’unité, est célébrée mi-mars et la seconde, la plus connue, axée sur la défense de l’environnement, est fêtée un mois plus tard.
Première cause : célébrer l’unité et l’harmonie
L’idée originelle d’une journée de la Terre revient à John McConnell, un militant pacifiste. Lors d’une conférence de l’Unesco à San Francisco en 1969, ce fils d’un évangéliste pentecôtiste propose la création d’une journée de la Terre, honorant à la fois la planète et la paix. La date choisie est celle de l’équinoxe de printemps, moment où le jour et la nuit sont d’égale durée, symbole d’équilibre et d’harmonie.
Le 1er janvier 1970, le maire de San Francisco Joseph Alioto proclame la première Journée de la Terre. Elle est célébrée pour la première fois le 21 mars 1970. L’initiative de John McConnell est soutenue par les Nations Unies, et son secrétaire général U Thant le 16 février 1971. Le 20 mars 1975, le président Gerald R. Ford proclame le 21 mars 1975 Journée de la Terre.1.
Les Nations Unies célèbrent toujours cet événement au moment de l’équinoxe du printemps. À cette occasion, la Cloche de la paix japonaise2, offerte à l’ONU en 1954, sonne.
John McConnell, un pacifiste corps et âme
John McConnell est à l’initiative, en 1963, de la Minute de la paix (Minute of peace), une pause médiatique de 60 secondes sur les ondes au cours de laquelle les auditeurs sont invités à prendre un temps de réflexion3. Cette pratique est toujours en cours.
Il est aussi le créateur, en 1969, du drapeau de la Terre, sobrement composé d’une image de la planète sur un fond bleu. Il lui a été inspiré par les photos prises depuis l’espace par l’équipe d’Apollo 8, et publiées dans le magazine Life.
Seconde cause : défendre l’environnement
La Journée de la Terre, telle qu’elle est célébrée par le plus grand nombre, est dédiée à la défense de l’environnement. La première édition de la Journée de la Terre, le 22 avril 1970, est suivie dans tout le pays et se concrétise par une série d’événements organisés localement, parfois sur plusieurs jours. L’événement, dont la mobilisation historique dépasse celle des manifestations pour les droits civiques ou contre la guerre, est souvent considéré comme le point de départ du mouvement environnementaliste aux États-Unis. Ses percussions politiques ont permis d’accélérer l’adoption de lois environnementales.
Préserver l'environnement
Rapport ambivalent à la nature
L’histoire des États-Unis repose sur un rapport ambigu à son territoire4 : d’un côté, la culture des grands espaces et de la nature sauvage originelle (wilderness), incarnée par la création des parcs nationaux ; de l’autre, la conquête du territoire au travers d’une logique extractiviste (défrichement, déforestation dans le cadre de la conquête de l’Ouest, extraction des ressources minérales et forage de puits de pétrole) pour soutenir la croissance économique d’un pays en pleine expansion.
La protection de la nature se développe au XXe siècle, notamment au cours des mandats de Theodore puis de Franklin Roosevelt, au travers de la création d’agences fédérales. Ces dernières « consacrent l’idée encore inenvisageable au XIXe siècle d’une responsabilité de la puissance publique en matière de protection du vivant et d’usage rationnel des ressources naturelles5 ». Leur action est soutenue par des organisations de conservation comme le Sierra Club, fondé par John Muir, l’Audubon Society ou la Wilderness Society, mais dont l’influence reste très limitée.
Publications scientifiques
Au cours des années 1960, diverses publications6 attirent l’attention du public sur les conséquences environnementales d’un développement économique à marche forcée. L’exploitation des ressources, l’usage des pesticides et produits chimiques toxiques, la surpopulation, le danger des retombées nucléaires ou l’intérêt personnel des entreprises sont au centre de leurs préoccupations.
La biologiste marine Rachel Carson, qui travaille pour le Bureau américain des pêches, publie en 1962 « Silent Spring », ouvrage de vulgarisation scientifique dans lequel elle décrit les effets dangereux du DDT7 (dichlorodiphényltrichloroéthane). Ce pesticide destiné à lutter contre les insectes ravageurs des cultures fait l’objet d’un épandage aérien excessif. Le DDT fragilise la coquille des œufs8, qui, devenue trop fine, se brise pendant la couvée. Le déclin de la population touche notamment le Merle d’Amérique (Turdus migratorius)9, oiseau connu pour son chant dont la saison s’étire de mars à juillet. Le printemps devient donc « silencieux ». L’utilisation du DDT anéantit des espèces entières et menace la santé humaine. Grâce à ce best-seller, le concept d’écologie, en tant que science étudiant les relations entre les êtres vivants et le milieu dans lequel ils vivent, devient familier au grand public.
Un enjeu de sécurité nationale
Les conséquences du changement climatique sont scrutées par les responsables militaires américains et savants dès 1947. Dans le conflit l’opposant à l’URSS, le Pentagone, dès 1940, « érige la connaissance de l’environnement physique de la Terre (globe, océans, atmosphère) au rang d’objectif stratégique ». En vue de l’envoi de missiles balistiques et du positionnement des sous-marins nucléaires, l’espace physique est sondé, modélisé, cartographié, notamment les glaces du Pôle nord. Cette connaissance très fine permet au Pentagone d’être au fait des atteintes environnementales bien avant le grand public.
Catastrophes environnementales
La sensibilisation des Américains sur la question environnementale se poursuit avec une série de catastrophes environnementales relayées dans les médias. Le 28 janvier 1969, au large de Santa Barbara (Californie), le quatrième puits de la plateforme Alpha de la compagnie Union Oil explose lors de son forage. Environ 11 millions de litres d’hydrocarbure s’échappent, formant une immense nappe d’une trentaine de kilomètres. Les images du désastre s’étendant sur une cinquantaine de kilomètres de côtes et des animaux prisonniers du pétrole sont retransmises par les grandes chaînes télévisées nationales. Elles provoquent un électrochoc national.
Le 22 juin 1969, la rivière Cuyahoga (Ohio), qui traverse le cœur de Cleveland et se jette dans le lac Érié, prend spontanément feu. En cause, les flaques de pétrole et les débris industriels rejetés dans l’eau. L’image fait la une du magazine Time10. Submergé de détergents synthétiques, pesticides, ordures et poissons morts, le lac Érié fait l’objet d’une blague récurrente (« Quiconque tombe dans la Cuyahoga ne se noie pas. Il se décompose ») et d’un documentaire de Fred Freed, diffusé par la NBC, intitulé « Qui a tué le lac Érié ?11 ». Fin 1969, une pétition en soutien à la campagne pour sauver le lac Érié réunit plus d’un million de signatures12.
Les Américains connaissent une prospérité économique sans précédent grâce à l’essor industriel des années 1950-1960, mais au prix de conséquences néfastes sur l’environnement. Philadelphie (Pennsylvanie), importante ville industrielle, est communément surnommée « Filthydelphia », Philadelphie « la crasseuse ». Les habitants des grandes métropoles étouffent sous des nuages de pollution atmosphérique et les alertes au smog, un épais brouillard irrespirable, sont légion13. L’idée selon laquelle le gouvernement doit réguler la pollution afin d’assurer un cadre de vie sain à la population grandit au sein de la population.
Prise de conscience politique
Cette préoccupation est entendue par les plus hautes instances. Le 1er janvier 1970, le président Richard Nixon signe le National Environmental Policy Act (NEPA), document de « guère plus de cinq pages pour définir une politique nationale14 » ouvrant la voie à la mise en place d’un corps de conseillers spéciaux auprès de la présidence (Council on Environmental Quality) et, en décembre 1970, de l’Environmental Protection Agency (EPA), agence de protection de l’environnement responsable de la législation environnementale15.
« De l’air pur, de l’eau propre et des espaces ouverts : tout cela devrait redevenir un droit de naissance pour chaque Américain. Si nous agissons maintenant, cela peut devenir réalité. »
Président Richard Nixon, discours du 22 janvier 1970
Dans son discours annuel au Congrès sur l’État de l’Union au Congrès du 22 janvier 197016, Richard Nixon affirme que la restauration de la nature, cause commune à tous les citoyens américains, dépasse les clivages politiques.
Les instigateurs de cette journée
La création de la Journée de la Terre revient au député Gaylord Nelson et à ses équipes. Mais c’est sans compter sur le travail de fond mené en amont par le professeur de santé publique Morton Shelly Hilbert…
Un scientifique : Morton Shelly Hilbert
Morton Shelly Hilbert est un environnementaliste et professeur de santé publique au sein de l’université du Michigan. En 1968, Morton Shelly Hilbert et le Service de santé publique des États-Unis organisent une conférence à destination des étudiants et réunissent des scientifiques afin d’évoquer les effets de la dégradation de l’environnement sur la santé humaine. Au cours des deux années suivantes, le professeur et ses étudiants sensibilisent le public universitaire aux questions environnementales. Ce symposium sur l’écologie humaine pose les fondations du versant universitaire et scientifique de la Journée de la Terre.
Un homme politique : Gaylord Nelson
À la suite de son déplacement sur les plages mazoutées de Santa Barbara en août 1969, Gaylord Nelson17, sénateur démocrate du Wisconsin ayant placé la conservation des terres et de l’eau au centre de sa campagne de réélection en 196018, décide d’organiser un « teach-in » sur les enjeux environnementaux à l’échelle nationale. L’événement sera constitué de prises de parole (débats, colloques entre spécialistes, mais ouverts à tous) afin d’enrichir la réflexion et de faire émerger des solutions. Il se déroulera en avril, avec pour point d’acmé la journée du 22.
Pourquoi avoir choisi le 22 avril ?
La date pour la tenue de la Journée de la Terre doit répondre à plusieurs impératifs. Saison symbolique du renouveau, le printemps laisse un délai raisonnable aux équipes pour s’organiser localement et offre des conditions climatiques tempérées permettant d’organiser des activités en plein air. Afin de permettre aux étudiants de se mobiliser, la date ne doit pas interférer avec le calendrier universitaire (vacances de printemps, examens finaux, célébrations de Pâques). La semaine du 19 au 25 avril répond à tous ces critères, et la date du 22 avril, centrale, semble optimale.
Le 22 avril correspond aussi à une double date anniversaire : celle de Julien Koenig, le rédacteur publicitaire ayant conseillé Denis Hayes, et celle de Vladimir Lénine. Certains détracteurs ne manquent pas de souligner la troublante coïncidence d’une date célébrant le 100e anniversaire de la naissance du révolutionnaire russe19.
Pour mener à bien son projet, Gaylord Nelson crée une organisation à but non lucratif et non partisane : l’Environmental Teach-In. Inc.20. Il s’entoure de jeunes collaborateurs, embauche du personnel et confie la supervision de l’événement à Denis Hayes21, un jeune activiste et étudiant en droit à Harvard. L’équipe coordonne à distance l’organisation d’événements locaux dans les universités et lycées dans tout le pays. Elle engage une vaste campagne de relations publiques et use de la publicité pour faire connaître son initiative.
Julian Koenig22, célèbre rédacteur publicitaire à l’origine du slogan « Think small » pour la Coccinelle de Volkswagen, ajoute sa pierre à l’édifice en 1969 alors que le projet commence à prendre forme. Jugeant la terminologie Teach-in (séminaire) trop académique, il suggère « Earth day » (« Journée de la Terre »). L’événement a trouvé son identité.
Une publicité choc dans le New York Times
Le 18 janvier 1970, The New York Times publie en pleine page une publicité23 annonçant la tenue de la Journée de la Terre le 22 avril. Le nom de la manifestation « Earth day » est dévoilé pour la première fois. L’affiche commence par ces mots : « Une maladie a infecté notre pays. […] Son vecteur est l’homme. » Axée sur la proposition de solutions concrètes plutôt que théoriques, cette journée de mobilisation est l’occasion de chercher « un avenir qui vaille la peine d’être vécu ». Ingénieusement intégré à la page, un bulletin détachable enjoint les lecteurs à soutenir financièrement l’organisation de l’événement. La somme réunie doit financer « notre loyer, nos téléphones, nos envois postaux, nos brochures, notre personnel, nos publicités ». L’opération s’avère positive pour les organisateurs.
Cinquante ans plus tard, The New York Times diffuse une nouvelle publicité annonçant le cinquantième anniversaire de la première édition de la Journée de la Terre.
Déroulement de la journée
Le 22 avril 1970, un mois après la célébration du Earth Day imaginé par John McConnell, 20 millions d’Américains (soit alors 10 % de la population) se mobilisent pour la première édition de la Journée de la Terre consacrée à la cause environnementale. Plus de 12 000 événements locaux réunissant près de 35 000 orateurs se déroulent sur les campus universitaires, dans les gymnases des lycées, les centres communautaires et les parcs publics. Le monde de l’éducation est au centre du dispositif : 10 000 écoles et 2 000 collèges et universités sont concernés.
Le pays est à l’arrêt. Le Congrès ajourne ses travaux afin que ses membres puissent assister à des conférences dans leurs districts.
La première édition de la Journée de la Terre est rythmée par des actions citoyennes (plantation d’arbres, ramassage de déchets, nettoyage de rues avec des balais) et d’autres plus engagées pour marquer les esprits (manifestants portant des masques à gaz, création de cercueils en bois accueillant les victimes de pesticides). Le maire de New York John Lindsay interdit même l’accès à la Cinquième Avenue aux voitures pendant deux heures, afin de laisser les manifestants défiler.
Au cours de cette journée, toute une gamme de problèmes environnementaux est évoquée : la pollution, les déchets, la surconsommation, les espaces verts, les loisirs de plein air, l’industrie des combustibles fossiles, la culture automobile, la conservation des ressources naturelles et l’écologie.
Alternant entre célébration et protestation, la première édition de la Journée de la Terre est une étrange combinaison de festivités et de réflexions soucieuses.
Raisons d'un tel succès
Plusieurs éléments expliquent le succès de cet événement fédérant jeunes militants, membres de syndicats, hommes d’affaires, scientifiques, écologiques, chefs religieux, hommes politiques démocrates et républicains. Les femmes au foyer de banlieue24, très investies dans leurs communautés, constituent aussi une portion importante du public.
L’engouement pour l’environnement s’inscrit dans le souhait, pour une population généralement urbaine dont les besoins primaires sont assurés25, d’améliorer leur qualité de vie. L’environnement devient un facteur crucial de mobilisation pour ce public privilégié, soucieux de sa santé, son bien-être et ses loisirs.
Autre élément d’explication : l’organisation de la Journée de la Terre n’est pas pyramidale. Appliquant le slogan « Penser globalement, agir localement », peu de directives nationales émanent de Denis Hayes et ses équipes. Ce sont des acteurs locaux, militants ou novices, qui prennent à bras le corps pendant plusieurs mois l’organisation de leur Journée de la Terre régionale. Au niveau national, les équipes de coordination soignent la communication et savent capter l’attention médiatique.
Répercussions politiques
Un appareil législatif se met en place autour de ces préoccupations environnementales. Sont adoptées en quelques années une salve de lois26, régissant l’air pur, l’eau propre, les espèces menacées, les substances toxiques, les pesticides, les mammifères marins. La période est érigée au rang de décennie environnementale (environmental decade) selon les historiens.
Naissance du logo du recyclage
Créée en 1951, la Conférence internationale sur le design d’Aspen (Colorado) se veut un espace de rencontres entre le monde des affaires et celui du design. Les réflexions traversant la société civile s’invitent dans l’édition de 1970 et un clivage idéologique émerge : des écologistes, étudiants notamment, soulignent les répercussions sociales et environnementales du design, dépassant sa conception traditionnelle d’une activité au service de l’industrie27.
Au cours de cette même édition, la Container Corporation of America (CCA), le plus grand fabricant de carton recyclé du pays, organise un concours afin de concevoir un symbole du recyclage permettant de mettre en lumière ses produits. « Réductible à deux pouces », le logo doit rappeler aux citoyens que « le recyclage ou la réutilisation des matériaux prolonge la durée de vie [des] ressources naturelles28 ». La proposition de Gary Anderson, étudiant de 23 ans en architecture et urbanisme à l’Université de Caroline du Sud, est retenue. Son motif, composé de trois flèches pliées et rotatives indiquant la dynamique de réutilisation des matériaux, s’inspire du ruban de Möbius (ou Moebius). Sa création lui rapporte 2 500 dollars en échange d’un renoncement à ses droits. La CCA fait tomber le logo dans le domaine public afin d’en faciliter la diffusion.
Élaboré initialement pour signifier qu’un produit est conçu à partir de matériaux recyclés, le sigle, devenu universel, signifie désormais qu’un produit est recyclable. Si un pourcentage est accolé au symbole, cela indique la présence de matériaux recyclés et leur quantité.
Grâce à la Journée de la Terre, des centres de recyclage sont créés29. L’organisation abandonne son statut fiscal d’établissement d’enseignement libre d’impôt30. Dès lors, elle peut faire du lobbying, s’engager en politique et adopter une position plus militante.
« L’année dernière, certains disaient qu’il n’y aurait plus jamais de Journée de la Terre. Ils considéraient la préoccupation pour notre environnement comme une mode et affirmaient que l’enthousiasme immédiat d’une génération d’activistes se répandrait bientôt ailleurs. Je crois qu’ils avaient tort. […] Nous passons d’une ère de prise de conscience à une ère d’action. »
Discours de William Doyle Ruckelshaus31, administrateur de l’EPA (avril 1971)
Mondialisation de l'événement
La Journée de la Terre est reconduite chaque année aux États-Unis après sa première édition. L’événement devient un phénomène mondial en 1990, année où il est célébré pour la première fois en France.
La Journée de la Terre 1990 est un succès grâce au travail de Denis Hayes et des leaders écologistes nationaux. Selon les estimations, 200 millions de personnes dans 141 pays ont participé à l’événement.
Vingt mille arbres sont plantés en périphérie de Moscou. Un acte symbolique aussi réalisé par le Pape Jean-Paul II, en déplacement en Tchécoslovaquie, avec la plantation d’un tilleul32.
Première édition française
La première édition française laisse, selon une formule américaine qui a fait ses preuves, le champ libre aux initiatives locales33 : une chaîne humaine se constitue le long de la Loire contre des projets de barrages ; à Caen, des larves de coccinelles sont distribuées pour lutter contre les pucerons. Concerts, marches, lâcher de cerfs-volants ou envol de deltaplanes jalonnent cette journée consacrée au réchauffement climatique, l’agriculture biologique, la gestion des ordures ménagères et déchets nucléaires ou la place de la voiture. La mobilisation est aussi médiatique : Antenne 2, Canal Plus et Europe 1 diffusent des programmes spéciaux.
Bien que célébrée à travers tout l’Hexagone, la mobilisation française est moindre qu’ailleurs compte tenu du mauvais temps et du calendrier des vacances scolaires34.
Reconnaissance institutionnelle
Les Nations Unies adoptent en 2009 la résolution (A/RES/63/278) désignant le 22 avril « Journée internationale de la Terre nourricière ».
De nombreuses journées internationales
Dès 1972, les Nations Unies proclament une journée mondiale de l’environnement (World Environment Day). Elle est célébrée chaque 5 juin depuis 1973.
D’autres journées en faveur de la défense de l’environnement et du développement durable, ponctuent l’année civile : journée mondiale des zones humides, de la vie sauvage, des forêts, de l’eau, de la santé des végétaux, des oiseaux migrateurs, de la biodiversité, des océans, contre la désertification et la sécheresse, de la mer et des littoraux, du développement durable, de la qualité de l’air, de la protection de la couche d’ozone, des sols, de la réduction des déchets…
En 1995, le président américain Bill Clinton décerne à Gaylord Nelson la médaille présidentielle de la Liberté, plus haute distinction décernée aux civils, pour son rôle crucial dans la création de la Journée de la Terre.
En 2016, la date anniversaire de la Journée de la Terre est symboliquement choisie pour la signature des Accords de Paris sur le Climat.
Mouvement participatif
La Journée de la Terre, coordonnée par le Earth Day Network, est devenue un mouvement mondial participatif parmi les plus fédérateurs. En France, elle est organisée par l’Association Jour de la Terre France, créée en 1990 et détentrice de la marque France. Depuis 2022, l’ONG Geres, qui œuvre à l’amélioration des conditions de vie et lutte contre les changements climatiques, assure la coordination de l’événement sur le territoire français.
Citoyens, écoles, municipalités, fondations et entreprises sont encouragés à mettre en place des initiatives, sous format virtuel ou en présentiel, ou à se greffer à celles proposées au sein d’un calendrier partagé35.
Recours à la mobilité douce, ramassage de déchets, installation d’un compost, mise en place d’ateliers de cuisine végétarienne, organisation de conférences ou projections de documentaires sont autant d’actions bienvenues.
Références
Discours du 20 mars 1975 du président Gerald R. Ford (Proclamation 4356), The American Presidency Project. Dans sa proclamation, le président soutient la mise en place d'une éducation à l'environnement et enjoint chaque citoyen à agir pour sauvegarder les ressources naturelles. La cause environnementale est donc au centre de la Journée de la Terre, dont la date a été fixée en mars et non en avril (cf. infra).
La Cloche de la paix et le jardin japonais, cadeau UNNY002G des Nations Unies.
Interview de John McConnell du 24/10/1967.
Boyer Anne-Lise et Bobin Marine, « (P)réserver l’environnement aux États-Unis, géohistoire du rapport ambigu d’une société à son territoire », Géoconfluences, juin 2024.
Collomb Jean-Daniel, « Le mouvement environnementaliste aux États-Unis », La Pensée, 2016/4, N° 388, p.58-72.
Parmi ces ouvrages marquants, citons : « The Quiet Crisis » de Stewart L. Udall (1963) ; « Unsafe at Any Speed : The Designed-in Dangers of the American Automobile » de Ralph Nader (1965) ; « Death of the Sweet Waters » de Donald Carr (1966) ; « Science and Survival » de Barry Commoner (1967) ; « Famine, 1975 ! America's decision : Who will survive ? » de William et Paul Paddock (1967) ; « Tragedy of the Commons » de Garrett Hardin (1968) ; « The Population Bomb » de Paul et Anne Ehrlich (1968). La militante Stephanie Mills s’est inspirée de Paul et Anne Ehrlich pour son discours de fin d’études au Mills College en 1969 : « The Future in a cruel Hoax » (« L’avenir est un canular cruel »), dans lequel elle annonce ne jamais avoir d’enfant pour lutter contre la surpopulation, cause principale de nombreux maux selon elle. Son discours a eu un retentissement à l’échelle nationale.
« Le DDT, de l’invention providentielle au polluant mortel », Denis Delbecq et Alizée Guilhem, Le Temps, publié le 01/08/2018, modifié le 10/06/2023
Duban François, « L’institutionnalisation de l’environnementalisme aux États-Unis remise en cause par l’écologisme », Revue française d'études américaines, N°70 (numéro thématique : l'écologie aux États-Unis), octobre 1996, pp. 41-52.
Sentenac Hugo, « Causes possibles de non-éclosion chez le busard Saint-Martin (Circus cyaneus) », Thèse d’état de doctorat vétérinaire, Lyon, 2015
Devienne Elsa, « L’Environnement aux États-Unis : entre protection de la nature, exploitation des ressources et transformation des milieux depuis le XIXe siècle », Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe [en ligne], ISSN 2677-6588, mis en ligne le 14/02/24.
Shaffer Marguerite, « Give Earth a Chance » : Earth Day and the Politics of Modern Environmentalism”, Origins : Current events in historical perspective, The Ohio State University, Avril 2020.
Shaffer Marguerite, op. cit.
La chanson « Air » de la comédie musicale Hair commence ainsi : « Welcome ! sulphur dioxide, Hello ! carbon monoxide. The air, the air is everywhere. »
Duban François, op. cit.
Plus de détails sur le site officiel de l’EPA.
Discours du 22 janvier 1970 du président Nixon au Congrès sur l’État de l’Union, The American Presidency Project.
Le collectif de chercheurs à l’origine du « Earth day project » souligne que Gaylord Nelson n’est pas radical dans ses positions. Comme le décrit Adam Rome dans « The Genius of Earth Day », l’écologie de Nelson est « enracinée dans le libéralisme ». Ses préoccupations concernent particulièrement les dangers qui pèsent sur les loisirs de plein air et la nature en général. Lire ici.
Adam Rome, « Give Earth a Chance » : The Environmental Movement and the Sixties, Journal of American History, volume 90, numéro 2, septembre 2003, pages 525–554.
Nelson, Gaylord, Campbell, Susan M., et Wozniak Paul A., Beyond Earth Day : Fulfilling the Promise, University of Wisconsin Press, 2002.
Le député républicain Pete McCloskey en est le coprésident et Sidney Howe, alors président de la Conservation Foundation, fait partie du comité de direction.
« How Earth Day gave birth to environmental movement », par Christina Pazzanese, The Harvard Gazette, publié le 17 avril 2020
« Julian Koenig, Who Sold Americans on Beetles and Earth Day, Dies at 93 », par William Yardley, publié le 17 juin 2014, The New York Times
“Two New York Times ads, separated by half a century, call millions to action”, article de blog, Earthday.org, publié le 1er février 2020
L’historien Adam Rome lie la montée de l’environnementalisme à trois éléments : la revitalisation du libéralisme, le mécontentement croissant des femmes de la classe moyenne, et l'explosion du radicalisme étudiant et de la protestation contre-culturelle.
Théorie de l’historien Samuel P. Hays, cité par Jean-Daniel Collomb, op. cit.
Pour plus de détails : « Timeline : The Modern Environmental Movement », American Experience.
Twemlow Alice, “I Can't Talk to You If You Say That : An Ideological Collision at the International Design Conference at Aspen, 1970”, Design and Culture 1.1, 2009, pp. 23–49
« It’s Only Natural », Jennifer Kabat, publié le 18 juin 2008, Frieze.com
Intervention de Stéphane Frioux : « Les mondes urbains français dans le contexte des 100 mesures. Le cas de l’agglomération lyonnaise » dans “Années 1970 : le moment des 100 mesures pour l’environnement” - Actes de la journée d’études du 9 juin 2021, Pour Mémoire, revue des ministères de la transition écologiques et de la cohésion des territoires, de la transition énergétique et du secrétariat chargé de la mer, Hors-série n° 34; été 2022.
« Earth Day Theme Continues in U.S. », par Gladwin Hill, 24 avril 1970, The New York Times
Discours du 22 avril 1971 pour la Journée de la Terre de William D. Ruckelshaus [discours de l'EPA - 22 avril 1971]
« Un seul jour pour une seule Terre », Le Monde, 24 avril 1990
« Célébration mondiale du Jour de la Terre : un 22 avril en bleu et vert », Le Monde, 21 avril 1990
Le Monde, 24 avril 1990, op. cit.
Lire aussi
FACCHINI François, MICHALLET Benjamin. « La dynamique de l’environnementalisme en France ». Entreprendre & Innover, 2017/1 n° 32, p.8-23