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Calendrier et date de la Fête du Travail
La Fête du Travail est prévue aux dates suivantes :
- mercredi 1er mai 2024
- jeudi 1er mai 2025
- vendredi 1er mai 2026
La date est fixe. Chaque année, elle a lieu le 1er mai.
Pourquoi le 1er mai est un jour férié ?
Le 1er mai est un jour historiquement consacré à la défense des droits des travailleurs, souvent appelé « fête du Travail ». Il est légalement reconnu en France comme un jour férié et chômé.
En vertu du code du Travail (L-3133-4/6), le 1er mai a la particularité d’être le seul jour férié obligatoirement chômé et rémunéré parmi les 11 jours fériés du calendrier français. Les établissements et services ne pouvant interrompre leur activité, tels les établissements hospitaliers ou les industries en feu continu, peuvent toutefois déroger à cette règle.
Le 1er mai est un important rendez-vous de revendications économiques et sociales1. Cette journée donne lieu à des défilés auxquels participent les syndicats et la population. C’est l’occasion d’évoquer et réviser la situation des travailleurs en France.
Question de terminologie
Les textes législatifs (loi 47-778 du 30 avril 1947 et 48-746 du 29 avril 1948, et le code du Travail) fixant le statut du 1er mai comme jour férié légal ne contiennent pas le terme « fête ». Cette appellation relève d’une question d’usage.
Origines de la fête du Travail
Revendications syndicales aux États-Unis
La fête du Travail trouve son origine aux États-Unis dans la lutte ouvrière et syndicale pour obtenir une diminution du volume de travail à 8 heures par jour. Si les travaux publics disposent depuis 1868 de ce cadre réglementaire, ce n’est pas le cas des autres secteurs d’activités2. En 1884, lors d’un congrès de l’American Federation of Labor, les syndicats américains se donnent deux ans pour généraliser la durée effective d’une journée de travail à 8 heures de travail.
Ils décident de mener leur action un premier mai, jour de « moving day » outre-Atlantique. La date est stratégique : elle concorde avec la clôture des contrats, baux et locations, qui forcent certains ouvriers à déménager pour trouver un nouvel emploi. Elle correspond aussi à la nouvelle année comptable pour les entreprises américaines.
La grève générale du 1er mai 1886 mobilise environ 340 000 personnes n’ayant pas obtenu satisfaction auprès de leur employeur. Le mouvement se poursuit plusieurs jours si besoin est, comme c’est le cas à Chicago, au sein de la société de machines agricoles McCormick Harvester. Le 3 mai, les forces de l’ordre tuent deux grévistes. Le lendemain, à l’issue d’un rassemblement de protestation organisé au Haymarket Square de Chicago, une bombe éclate, tuant sept policiers. Huit militants anarchistes sont arrêtés et certains exécutés3.
Ne pas confondre « Labor day » et « May day »
En Amérique du Nord, deux fêtes sont à distinguer : la fête du Travail appelée « Labor day » et la fête des Travailleurs, « May day ». La fête du Travail est célébrée le premier lundi de septembre pour fêter la rentrée artistique et scolaire. Cette journée est chômée et fériée. La fête des Travailleurs, quant à elle, a lieu le 1er mai, mais n’est pas fériée. Les organisations de gauche et les syndicats célèbrent à cette occasion la classe ouvrière.
Une journée internationale de lutte
Réunie en congrès en juin 1889 à Paris, la Deuxième Internationale socialiste, composée d’organisations ouvrières de 22 pays, décide de catalyser son action afin de réduire légalement la durée de la journée de travail à huit heures. Elle décide de la mise en place d’une « manifestation internationale à date fixe ». Le choix s’arrête au 1er mai, en souvenir du drame de Chicago. Dès l’année suivante, le 1er mai, désigné « Journée internationale des travailleurs », est célébré dans la plupart des pays d’Europe.
Au tournant du XIXe siècle, le 1er mai devient une journée de lutte et de célébrations des revendications des salariés. La répression des manifestations est parfois violente, et les affrontements se soldent par des blessés, voire des morts4.
Le 23 avril 1919, le Sénat français ratifie la journée de huit heures de travail. À titre exceptionnel, le 1er mai de l’année suivante (1920) est déclaré chômé5.
Le gouvernement de Vichy s’approprie cette journée
La reconnaissance officielle du 1er mai s’opère sous le régime de Vichy, grâce à René Belin, secrétaire d’État au Travail. L’État inscrit le 1er mai comme « jour férié, fête du Travail et de la Concorde sociale » dans sa loi du 12 avril 1941. Désormais chômée, cette journée ne fait l’objet d’aucune réduction de salaire pour le travailleur, et même d’une indemnité compensatrice pour ceux ne pouvant interrompre leur activité. Particularité de la loi : le dernier alinéa précise que « la moitié du salaire ou de l’indemnité [doit] être versée au Secours national6 “à titre de souscription ouvrière”7 » . La mention est rapidement retirée par la loi du 25 avril 19418.
L’idéologie soutenue par le maréchal Pétain défend une collaboration avec le patronat, à rebours de la théorie de la lutte des classes défendue jusqu’ici. Des commémorations, des activités sportives ou festives sont organisées au cours de cette journée dépourvue de sa signification militante. Le 1er mai devient l’incarnation du slogan « Travail, famille, patrie ».
Jour de la Saint-Philippe
La fête du Travail est aussi l’occasion de célébrer le maréchal Philippe Pétain en personne, puisque le premier jour de mai met alors à l’honneur les Philippe et les Jacques selon le calendrier catholique. À la suite d’une intervention du pape Pie XII en 1955, la Saint-Philippe est décalée au 3 mai au profit de saint Joseph. Le 1er mai est consacré à saint Joseph artisan, le travailleur, tandis que l’époux de la Vierge Marie, protecteur des familles, est fêté le 19 mars.
Inscription définitive
Jugée « empreinte de l’esprit de paternalisme qui caractérisait la législation sociale du Gouvernement de Vichy » 9, la loi instituant le 1er mai comme jour férié est abrogée à la Libération, en avril 1945, après consultation des organisations syndicales.
Le 28 avril 1946 est votée une loi spécifiant que le 1er mai est férié, mais elle ne concerne que l’année en cours. Décision est prise de statuer définitivement sur cette question. L’année suivante, avec le soutien du ministre communiste du Travail Ambroise Croizat10, le 1er mai devient un jour férié chômé et payé de façon reconductible (loi n° 47-778 du 30 avril 1947). La terminologie vichienne « fête du Travail » n’est pas conservée.
La loi est modifiée et complétée en 1948 (loi n° 48-746 du 29 avril 1948).
Une première version révolutionnaire de la fête du Travail
L’idée de créer une fête du Travail a été suggérée pour la première fois par le poète et député Fabre d’Églantine dès 1793. Cette journée s’inscrit dans un ensemble, composé des fêtes révolutionnaires de la Vertu, du Génie, de I'Opinion et des Récompenses. Ces cinq journées, nommées les « sans-culottides », sont chargées de compléter le calendrier révolutionnaire.
Comme le précise son inventeur, « le Duodi, deuxième des sanculottides, sera consacré à l’industrie et à l’activité laborieuse ; les actes de constance dans le labeur, de longanimité dans la confection des choses utiles à la patrie, enfin tout ce qui aura été fait de bon, de beau et de grand dans les opérations manuelles ou mécaniques, et dont la société peut retirer de l’avantage, sera préconisé publiquement et avec une pompe nationale, ce jour Duodi, deuxième jour des sanculottides. Cette fête s’appellera la fête du Travail.11 »
La fête est fixée au 1er pluviôse, soit le 20 janvier de notre calendrier. Elle disparaît avec l’abandon du calendrier révolutionnaire en 1806.
Symboles rattachés au 1er mai
Plusieurs symboles sont rattachés au 1er mai. À l’origine, les grévistes défendant une semaine de 40 heures de travail par semaine arborent sur leur tenue un triangle rouge. Ses trois côtés représentent la répartition équilibrée d’une journée au cœur de leur revendication originelle : 8 heures de travail, 8 heures de loisirs et 8 heures de sommeil.
La fleur d’églantine, de couleur rouge remplace rapidement le triangle. répandue dans le Nord, cette fleur fait aussi écho à la tragédie de Fourmies et à l’une de ses victimes, Marie Blondeau, qui en aurait porté une à sa boutonnière au moment de son décès.
La fleur d’églantine est remplacée progressivement par le brin de muguet, dont la tradition de l’échange, comme porte-bonheur, remonterait au roi Charles IX. Le maréchal Pétain impose la fleur blanche à clochettes comme emblème de la Fête du travail et de la concorde sociale. La coutume est toujours d’actualité.
Références
Le décès en cours de mandat du président Georges Pompidou en avril 1974 bouleverse le calendrier des élections présidentielles. Depuis, le 1er mai a lieu pendant la campagne présidentielle et fait l’objet d’une forte politisation.
Piette Albert. La fête du Travail. Approche dynamique du rituel. In Revue du Nord, tome 73, n°293, Octobre-décembre 1991. pp. 623-645
Le massacre de Haymarket Square et ses répercussions politiques ont profondément marqué les esprits. Lire « Le premier 1er Mai », Philippe Videlier, Le Monde, 5 mai 1986, et Cennevitz Martin, Haymarket : récit des origines du 1er mai, Québec, Lux Éditeur, 2023.
C’est le cas à Fourmies (Nord) en 1891 ou à Paris en 1906.
L’idée de transformer le 1er mai en jour férié fait l’objet de plusieurs propositions de loi, déposées en 1894, 1919 et 1920, mais elles restent infructueuses. Maurice Dommanget, cité in Lalouette Jacqueline. Jours de fête : Fêtes légales et jours fériés dans la France contemporaine. Paris, Tallandier. « Hors collection », (2010)
Le Secours national est l’organisation humanitaire de secours aux civils la plus active sous le régime de Vichy. Créée en 1914 puis réactivée en 1939, elle compte 5 000 salariés en 1941. Elle tire son financement de collectes privées, de subventions de l’État mais aussi de la vente de biens juifs confisqués. Pour plus de détails, lire Le Crom Jean-Pierre, Au secours maréchal ! L’instrumentalisation de l’humanitaire (1940-1944), Paris, PUF, 2013.
Lalouette Jacqueline, op. cit.
Lalouette Jacqueline, op. cit.
Le Crom Jean-Pierre, « L’avenir des lois de Vichy », in Durand Bernard, Le Crom Jean-Pierre, Somma Alessandro. Le droit sous Vichy, Klostermann, pp.453-478, 2006, Das Europ der Diktatur
Lalouette Jacqueline, op. cit
Archives parlementaires, séance du jeudi 24 octobre 1793, in Cécile Dunouhaud, « La fête du travail inscrite au calendrier républicain - 1793 », article mis en ligne le 27 avril 2022
Lire aussi
Dommanget Maurice, Histoire du Premier Mai, Paris, Société Universitaire d’Éditions et de Librairie, 1953.
Danielle Tartakowsky, La Part du rêve. Histoire du 1er mai en France, Paris, Hachette, 2005.