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Le terme « pont », détourné de son sens originel du domaine de la construction, est utilisé pour désigner un congé fixé entre un jour férié et un jour chômé (un autre jour férié ou un week-end). Le premier jour non travaillé est directement rattaché au prochain jour chômé, chevauchant le ou les jours ouvrables qui les séparent et dessinant ainsi un pont.
Dans cette configuration, les salariés qui « font le pont » disposent de plusieurs jours de repos consécutifs tout en ne posant qu’un nombre limité de jours de congé.
Repérer les jours fériés
La France compte 11 jours fériés, établis par le code du Travail dans son article L. 3133-1. Huit d’entre eux ont une date fixe. La date du lundi de Pâques, du jeudi de l’Ascension et du lundi de Pentecôte varie chaque année, mais le jour de la semaine correspondant reste immuable.
Un jour férié n’est pas systématiquement chômé. Seul le 1er mai, obligatoirement chômé et rémunéré, fait office d’exception. L’aménagement d’absence lors d’un jour férié est convenu au sein de l’entreprise ou, à défaut, par la convention de branche. Une entreprise n’est pas tenue de fermer pendant un pont.
Dates des ponts en 2024, 2025 et 2026
Chaque année, les lundis de Pâques et de Pentecôte permettent de profiter d’un week-end à rallonge de trois jours. Le jeudi de l’Ascension, sous réserve de pouvoir prendre un jour de congé le vendredi, offre potentiellement une pause de quatre jours.
Les jours fériés dont la date est fixe nécessitent de consulter le calendrier. Voici un récapitulatif annuel afin d’organiser vos prochains week-ends tout en optimisant la pose des jours de congé.
Ponts et week-ends prolongés en 2024
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| Férié | Sam. | Dim. | Lun. | Mar. | Mer. | Jeu. | Ven. | Sam. | Dim. |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Nouvel An | 30/12 | 31/12 | 01/01 | 02/01 | 03/01 | 04/01 | 05/01 | 06/01 | 07/01 |
| Lundi de Pâques | 30/03 | 31/03 | 01/04 | 02/04 | 03/04 | 04/04 | 05/04 | 06/04 | 07/04 |
| Fête du Travail | 27/04 | 28/04 | 29/04 | 30/04 | 01/05 | 02/05 | 03/05 | 04/05 | 05/05 |
| Fête de la Victoire 1945 Ascension |
04/05 | 05/05 | 06/05 | 07/05 | 08/05 | 09/05 | 10/05 | 11/05 | 12/05 |
| Lundi de Pentecôte | 18/05 | 19/05 | 20/05 | 21/05 | 22/05 | 23/05 | 24/05 | 25/05 | 26/05 |
| Fête nationale | 13/07 | 14/07 | 15/07 | 16/07 | 17/07 | 18/07 | 19/07 | 20/07 | 21/07 |
| Assomption | 10/08 | 11/08 | 12/08 | 13/08 | 14/08 | 15/08 | 16/08 | 17/08 | 18/08 |
| Toussaint | 26/10 | 27/10 | 28/10 | 29/10 | 30/10 | 31/10 | 01/11 | 02/11 | 03/11 |
| Fête de l'Armistice | 09/11 | 10/11 | 11/11 | 12/11 | 13/11 | 14/11 | 15/11 | 16/11 | 17/11 |
| Noël | 21/12 | 22/12 | 23/12 | 24/12 | 25/12 | 26/12 | 27/12 | 28/12 | 29/12 |
- Weekend prolongé
- Pont possible
- Férié isolé ou tombant le week-end
En 2024, 10 jours fériés tombent un jour en semaine :
- 5 tombent un lundi ou un vendredi, permettant de profiter d’un week-end de trois jours,
- 2 tombent un mardi ou un jeudi, permettant de profiter d’un pont de quatre jours.
- exceptionnellement, 1 pont étendu de cinq jours est possible.
En 2024, les 1er mai et 8 mai tombent un mercredi.
Ponts et week-ends prolongés en 2025
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| Férié | Sam. | Dim. | Lun. | Mar. | Mer. | Jeu. | Ven. | Sam. | Dim. |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Nouvel An | 28/12 | 29/12 | 30/12 | 31/12 | 01/01 | 02/01 | 03/01 | 04/01 | 05/01 |
| Lundi de Pâques | 19/04 | 20/04 | 21/04 | 22/04 | 23/04 | 24/04 | 25/04 | 26/04 | 27/04 |
| Fête du Travail | 26/04 | 27/04 | 28/04 | 29/04 | 30/04 | 01/05 | 02/05 | 03/05 | 04/05 |
| Fête de la Victoire 1945 | 03/05 | 04/05 | 05/05 | 06/05 | 07/05 | 08/05 | 09/05 | 10/05 | 11/05 |
| Ascension | 24/05 | 25/05 | 26/05 | 27/05 | 28/05 | 29/05 | 30/05 | 31/05 | 01/06 |
| Lundi de Pentecôte | 07/06 | 08/06 | 09/06 | 10/06 | 11/06 | 12/06 | 13/06 | 14/06 | 15/06 |
| Fête nationale | 12/07 | 13/07 | 14/07 | 15/07 | 16/07 | 17/07 | 18/07 | 19/07 | 20/07 |
| Assomption | 09/08 | 10/08 | 11/08 | 12/08 | 13/08 | 14/08 | 15/08 | 16/08 | 17/08 |
| Toussaint | 25/10 | 26/10 | 27/10 | 28/10 | 29/10 | 30/10 | 31/10 | 01/11 | 02/11 |
| Fête de l'Armistice | 08/11 | 09/11 | 10/11 | 11/11 | 12/11 | 13/11 | 14/11 | 15/11 | 16/11 |
| Noël | 20/12 | 21/12 | 22/12 | 23/12 | 24/12 | 25/12 | 26/12 | 27/12 | 28/12 |
- Weekend prolongé
- Pont possible
- Férié isolé ou tombant le week-end
En 2025, 10 jours fériés tombent un jour en semaine :
- 4 tombent un lundi ou un vendredi, permettant de profiter d’un week-end de trois jours,
- 5 tombent un mardi ou un jeudi, permettant de profiter d’un pont de quatre jours.
En 2025, les 1er mai et 8 mai tombent un jeudi.
Ponts et week-ends prolongés en 2026
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| Férié | Sam. | Dim. | Lun. | Mar. | Mer. | Jeu. | Ven. | Sam. | Dim. |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Nouvel An | 27/12 | 28/12 | 29/12 | 30/12 | 31/12 | 01/01 | 02/01 | 03/01 | 04/01 |
| Lundi de Pâques | 04/04 | 05/04 | 06/04 | 07/04 | 08/04 | 09/04 | 10/04 | 11/04 | 12/04 |
| Fête du Travail | 25/04 | 26/04 | 27/04 | 28/04 | 29/04 | 30/04 | 01/05 | 02/05 | 03/05 |
| Fête de la Victoire 1945 | 02/05 | 03/05 | 04/05 | 05/05 | 06/05 | 07/05 | 08/05 | 09/05 | 10/05 |
| Ascension | 09/05 | 10/05 | 11/05 | 12/05 | 13/05 | 14/05 | 15/05 | 16/05 | 17/05 |
| Lundi de Pentecôte | 23/05 | 24/05 | 25/05 | 26/05 | 27/05 | 28/05 | 29/05 | 30/05 | 31/05 |
| Fête nationale | 11/07 | 12/07 | 13/07 | 14/07 | 15/07 | 16/07 | 17/07 | 18/07 | 19/07 |
| Assomption | 08/08 | 09/08 | 10/08 | 11/08 | 12/08 | 13/08 | 14/08 | 15/08 | 16/08 |
| Toussaint | 31/10 | 01/11 | 02/11 | 03/11 | 04/11 | 05/11 | 06/11 | 07/11 | 08/11 |
| Fête de l'Armistice | 07/11 | 08/11 | 09/11 | 10/11 | 11/11 | 12/11 | 13/11 | 14/11 | 15/11 |
| Noël | 19/12 | 20/12 | 21/12 | 22/12 | 23/12 | 24/12 | 25/12 | 26/12 | 27/12 |
- Weekend prolongé
- Pont possible
- Férié isolé ou tombant le week-end
En 2026, 9 jours fériés tombent un jour en semaine :
- 5 tombent un lundi ou un vendredi, permettant de profiter d’un week-end de trois jours,
- 3 tombent un mardi ou un jeudi, permettant de profiter d’un pont de quatre jours.
En 2026, les 1er mai et 8 mai tombent un vendredi.
Une passion française
L’instauration d’un jour férié chômé a souvent représenté un dilemme pour le législateur qui ne souhaitait pas interrompre l’activité économique du pays et encourager le phénomène de pont. Pour pallier cette situation, le report d’un jour férié au dimanche suivant est un stratagème qui a souvent été utilisé.
L’expression s’est enrichie avec l’usage. Un seul jour de congé posé correspond à un « pont », deux jours à un « grand pont », et trois jours ou plus à un « viaduc » !
Les ponts laissent rarement les commentateurs indifférents. Petit florilège…
Un plaisir illicite
En 1865, Jules Richard écrit dans sa « Chronique de Paris » publiée dans L’Événement :
« Oh ! faire le pont ! Délices de l’employé ! faire le pont !
Faire le pont, c’est ne pas venir à son bureau le samedi ou le lundi, lorsqu’une grande fête donne congé un vendredi ou un mardi. Faire le pont, c’est joindre deux congés licites par un congé illicite. On part la veille au soir, dès deux heures et demie ; on commence le pont, et l’on ne revient le surlendemain que fort tard : on achève le pont.
Délices du Pont ! Vous retombez de tout le poids de vos douceurs sur le cœur du malheureux employé ! »1
Une pause à s'accorder
Aux entrées « pont » et « faire le pont » du Dictionnaire de la langue verte paru en 1866, le journaliste et écrivain Fred Delvau propose les définitions :
« Pont : congé que s’accorde l’employé pour joindre deux autres congés qui lui ont été accordés par ses chefs ou par le calendrier. Faire le pont : ne pas venir au bureau le samedi ou le lundi, lorsqu'il y a fête ou congé le samedi ou le mardi. »2
Dans son édition de 1907, le dictionnaire précise que « l’expression [faire le pont] est surtout usitée chez les employés d’administration3 ». Contrairement aux salariés du secteur privé, les fonctionnaires et employés disposent chaque année de quinze jours de congés sans retenue en vertu du décret impérial du 9 novembre 18534.
Montagnes russes émotionnelles
En 1868, dans sa rubrique « Causerie » diffusée dans Le Petit Journal, Pierre Véron s’épanche :
« Les voilà tous sur ma table avec ce millésime qui dévore le temps… almanachs pour 1869 ! 1869 ! laissez-nous donc finir 1868 tranquilles. Ils sont terribles avec leurs anticipations. Mais qu’y faire ? […] Le voilà donc sur ma table, celui qui représente le grand chapitre de l’inconnu. Que nous va-t-il apporter ? […] Quel jour tombe la fête du 15 août ? Un dimanche… Deuil général au camp des employés ! Songez donc, grâce au cumul du dimanche et de la fête, ce sera un jour de congé de moins.
En revanche, le jour de l’an tombe un vendredi et l’on pourra faire le pont. Savez-vous ce qu’on appelle faire le pont ? C’est rejoindre le vendredi au dimanche en enjambant, le samedi et en l’annexant de vive force.
Au diable ce bavard [l’almanach], qui m’est venu murmurer aux oreilles un tas de choses contristantes. Il sera bien temps d’y penser dans trois mois. D’ici là, vivons sans nous escompter nous-mêmes. »5
Une source de désillusion
Dans son édition du 2 février 1895, le journal républicain Le Petit Bouira déplore dans un style tout personnel :
« Beaucoup de nos lecteurs ont déjà sans doute parcouru les calendriers de l’année 1895. Se sont-ils rendus [sic] compte des grandes fêtes à vacances en 1895 ? […] Les occasions de faire « le pont » sont rares cette année. Le 1er janvier tombant un mardi, beaucoup de malins ont négligé leur bureau ou leurs affaires le lundi ; mais cette occasion de carotter un jour ne se trouvera qu’à la Toussaint, qui tombe un vendredi. La Fête Nationale est un dimanche. C’est un désastre ; les deux jours de congé se confondent en un seul. »6
Une coutume à chérir
Le pont reste un art de vivre, que Vélocio, dans le cadre de son périple au pays du soleil rapporté dans Le Cycliste, partage :
« Et voilà que Noël nous apporte trois jours de congé et que 1904 débute par trois autres jours de liberté, car nous avons, à Saint-Etienne, l’excellente coutume, toutes les fois qu’un jour non férié se trouve égaré entre deux jours fériés, de le tenir pour nul et non avenu et d’appliquer la loi des majorités. Cela s’appelle faire le pont. » 7
Références
« L’Événement : journal quotidien », édition du 7 novembre 1865.
Les salariés travaillent alors plus de 12 heures par jour et ne disposent que d’un repos dominical. Lire Delvau Alfred. Dictionnaire de la langue verte. Argots parisiens comparés. Paris, E. Dentu, 2e édition, 1866, p. 388
France Hector. Dictionnaire de la langue verte : archaïsmes, néologismes, locutions étrangères, patois. Paris, Librairie du Progrès, 1907, p. 332
Article 16 du décret impérial du 9 novembre 1853 réglant l’exécution de la loi du 9 juin 1853 sur les pensions civiles, signé par Louis-Napoléon Bonaparte et Jean-Martial Bineau. In : Bulletin administratif de l’instruction publique. Tome 4, n°47, novembre 1853, pp. 567-581.
« Le Petit Journal », édition du 19 octobre 1868.
« Le Petit Bouira : journal républicain : organe des intérêts agricoles et commerciaux de Bouïra et de la région, paraissant tous les samedis », (éd. Alger), n° 59, édition du 2 février 1895.
« Le Cycliste : revue mensuelle de cyclotechnie et de tourisme à Saint-Etienne (Loire) », n° 42, édition du 31 décembre 1903.
