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Dates d'Hanouka
Hanouka est prévu aux dates suivantes :
- du mercredi 25 décembre 2024 au jeudi 2 janvier 2025
début des festivités le mercredi soir - du dimanche 14 au lundi 22 décembre 2025
début des festivités le dimanche soir - du vendredi 4 au samedi 12 décembre 2026
début des festivités le vendredi soir
Hanoukka se célèbre du 25 du mois de Kislev au 2 du mois de Tebeth (calendrier hébraïque), ce qui correspond généralement à une semaine en décembre dans le calendrier grégorien.
Hanoucca, de la restauration du temple de Jérusalem à la fête de Lumières
Aussi écrit : Hanoukkah, Hanouka.
Hanoucca est l’une des plus longues fêtes juives : elle dure huit jours à partir du 25 Kislev, une date qui tombe en général au mois de décembre dans le calendrier grégorien. Cette fête a la particularité de ne pas figurer dans la Bible hébraïque ; son observance légale est fondée sur le Talmud. Elle a été célébrée pour la première fois à Jérusalem au IIe siècle avant J.-C. dans le cadre d’un événement historique bien connu nommé la révolte des Maccabées.
La commémoration de la purification et la dédicace du Temple par les Maccabées
Les plus anciens récits de l’institution de Hanoucca ne se trouvent pas dans la Bible hébraïque, mais dans les Premier et Deuxième livres des Maccabées, deux documents écrits ou traduits en grec ancien au sein de communautés juives au IIe siècle av. notre ère. Ces textes sont aujourd’hui considérés comme apocryphes par les juifs – c’est-à-dire qu’ils ont été exclus du canon des textes sacrés par les rabbins – mais figurent parmi les Écritures catholiques et orthodoxes.
La fête trouve son origine dans un événement historique : la révolte, en 168/7 av. notre ère, de Judéens contre le souverain séleucide1 Antiochos IV qui avait entrepris la transformation de Jérusalem en une cité grecque. Il avait également ordonné l’introduction de cultes polythéistes en Judée et en particulier au temple de Jérusalem, ce qui avait entraîné la d’un prêtre juif nommé Mattathias, poursuivie après sa mort par son fils Judas dit « le Maccabée » et ses frères2. En 165 ou 164 av. J.-C., la victoire de l’armée de ce même Judas à Bethsour permit aux révoltés de prendre le contrôle de la quasi-totalité de la ville de Jérusalem et de procéder à la restauration du Temple. L’instauration de la fête est rapportée comme suit :
Premier livre des Maccabées 4,52-59 : « Le vingt-cinq du neuvième mois, nommé Kislev, en l’an cent quarante-huit3, ils se levèrent de bon matin et ils offrirent, conformément à la Loi, un sacrifice sur le nouvel autel des holocaustes4 qu’ils avaient édifié. L’autel fut inauguré avec des cantiques, au son des cithares, des lyres et des cymbales, à la même époque de l’année et le même jour que les païens l’avaient profané. Tout le peuple tomba la face contre terre pour adorer, puis il fit monter la louange vers le Ciel qui l’avait conduit au succès. Ils célébrèrent la dédicace de l’autel pendant huit jours et ils offrirent des holocaustes avec une grande joie, ainsi que des sacrifices de communion et d’action de grâce. Ils ornèrent la façade du temple de couronnes d’or et d’écussons et ils remirent à neuf les entrées ainsi que les salles, qu’ils munirent de portes. Une grande joie régna parmi le peuple, et la honte infligée par les païens fut effacée. Judas, ses frères et toute l’assemblée d’Israël décidèrent que les jours de la dédicace de l’autel seraient célébrés en leur temps, chaque année pendant huit jours, à partir du vingt-cinq Kislev, avec joie et gaieté. »
Deuxième livre des Maccabées 10,1-8 : « Maccabée, avec ses compagnons, recouvra sous la conduite du Seigneur le sanctuaire et la ville. Il détruisit les autels élevés sur la place publique par les étrangers ainsi que les lieux de culte. Après avoir purifié le temple, ils bâtirent un autre autel ; ils tirèrent des étincelles de pierres à feu, prirent du feu à cette source et offrirent un sacrifice après deux ans d’interruption ; ils firent fumer l’encens, allumèrent les lampes et exposèrent les pains. Ayant accompli ces rites, ils prièrent le Seigneur, prosternés sur le ventre, de ne plus les laisser tomber dans de tels maux, mais, s’il leur arrivait jamais de pécher, de les corriger avec mesure et de ne pas les livrer à des nations blasphématrices et barbares. Ce fut le jour même où le temple avait été profané par des étrangers que tomba aussi le jour de la purification du temple, le vingt-cinq du même mois, qui est Kislev. Ils célébrèrent avec allégresse les huit jours à la manière des Tentes, se souvenant comment, il y a peu de temps, ils avaient passé les jours de la fête des Tentes en gîtant dans les montagnes et dans les grottes à la façon des bêtes sauvages. C’est pourquoi, portant des thyrses, des rameaux verts et des palmes, ils firent monter des hymnes vers celui qui avait mené à bien la purification de son lieu saint. Ils décrétèrent par un édit public, confirmé par un vote, à l’adresse de toute la nation des Juifs, que chaque année ces jours seraient célébrés. »
Note : la révolte des Maccabées, que commémore Hanukkah, n’était pas un thème privilégié de l’art juif ancien. On pensait qu’il n’en existait pas de représentations antiques jusqu’à ce qu’on retrouve à Huqoq (Galilée), sur le site d’une synagogue datée du VIe siècle, une série de mosaïques figuratives parmi lesquelles un panneau représente des membres de l’élite juive face à un commandant grec accompagné de soldats et d’éléphants. Les interprétations de cette scène divergent : l’archéologue qui fouille le site (Jodi Magness) privilégie une identification du commandant avec Alexandre le Grand mais d’autres spécialistes, dont certains membres de son équipe, pensent qu’il s’agit d’Antiochos IV.
Signification et diffusion de la fête jusqu’au début de l’époque romaine
La fête était à l’origine étroitement liée aux Hasmonéens, la dynastie descendant des Maccabées et qui régna sur la Judée indépendante à partir de 142 av. J.-C. ; elle continua à être célébrée après l’avènement du roi Hérode en 37 av. J.-C. comme l’indiquent l’auteur juif Flavius Josèphe, qui la nomme « Lumières », et le quatrième évangile (fin du Ier siècle de notre ère)5. Elle consistait alors essentiellement en sacrifices au Temple ; on ne sait pas si elle était célébrée dans les communautés juives de la Diaspora, malgré des tentatives répétées d’introduire la fête en Égypte dès 143/2 av. J.-C6.
La dénomination alternative « fêtes des Tentes du mois de Kislev »7 permet d’envisager que certaines communautés aient à l’origine célébré Hanoucca sur le modèle d’une fête juive plus ancienne, Souccot. Par ailleurs, vers l’an 60 de notre ère, le poète romain Perse nomme « Jours d’Hérode » une fête des juifs de Rome que certains chercheurs proposent d’identifier avec Hanoucca, mais sans qu’on puisse avoir aucune certitude à ce sujet8.
Le miracle de la fiole d’huile
Le nom actuel de la fête, Hanoucca, littéralement « Inauguration » ou « Dédicace » en hébreu, apparaît pour la première fois dans un texte en araméen daté de la fin du Ier siècle de notre ère, le Rouleau des jeûnes (Megillat Taanit) 9. Composé d’une liste de jours de jours fastes (yom tov) où il était interdit de jeûner, ce document est communément considéré comme le plus ancien texte rabbinique connu. C’est dans un passage du Talmud10 de Babylone qu’on trouve pour la première fois mention du fait qu’Hanoucca commémorerait plus précisément un miracle survenu lors de la restauration du Temple par les Hasmonéens, lequel aurait permis d’allumer le candélabre à sept branches (menorah) pendant huit jours au lieu d’un seul :
Talmud de Babylone, traité Shabbat 21a : « Lorsque les Grecs sont entrés dans le Temple, ils ont souillé toutes les huiles à l’intérieur, et quand la dynastie des Hasmonéens les a dominés et les a vaincus, ils ont cherché et on a trouvé une seule fiole d’huile qui gisait avec le sceau du Grand Prêtre, mais qui contenait seulement pour l’éclairage d’une seule journée. Alors un miracle est arrivé et ils ont allumé pendant huit jours. L’année suivante on a instauré ces jours comme fête. »
Les commentaires de la Megillat Taanit, rédigés au début du Moyen Age mais qui reprennent vraisemblablement en partie des traditions antiques, attestent de la diversité des traditions rabbiniques sur les événements précisément commémorés par la fête11 : restauration du Temple, de ses autels et de son mobilier - en particulier de la menorah – et/ou miracle de la multiplication de l’huile12. Par ailleurs, les traditions rabbiniques lient la fête de Hanoucca à la Bible en plaçant le premier jour de la fête, le 25 Kislev, un événement rapporté par la Torah, la Dédicace du Tabernacle – un temple portatif – par Moïse lors de l’errance des Hébreux dans le désert après la sortie d’Égypte13.
Une célébration domestique récemment transformée en événement public
D’après la Mishna, une œuvre rabbinique composée vers 200 de notre ère, Hanoucca se célèbre par l’allumage de lampes14. Le Talmud de Babylone donne des informations sur ce rite qui était accompli différemment selon les communautés et précise que les lampes doivent être visibles depuis l’extérieur du foyer, et donc placées à proximité d’une ouverture15.
À l’origine, on utilisait pour accomplir ce rite de communes lampes à huile en argile : la découverte de plusieurs lampes antiques à huit mèches, décorées d’une représentation stylisée du Temple laisse penser qu’on eut bientôt recours à des lampes spécifiques réservé à la fête (hanukkiah)16.
Au Moyen Age, cet usage se répandit avec l’apparition de chandeliers en métal pourvus de neuf bougies ou mèches : l’une, nommée shamash et placée à part, sert à allumer les autres. L’usage actuel est d’allumer chaque jour de la fête, au coucher du soleil ou à la tombée de la nuit selon les communautés, une lumière supplémentaire pour aboutir à 9 le dernier jour. On place traditionnellement les bougies ou les lampes de droite à gauche et on les allume de gauche à droite avant de les laisser s’éteindre seules. Certains fidèles allument une hanukkiah par foyer tandis que d’autres en prévoient une par personne.
Pendant l’allumage, on prononce, selon les jours, une série de bénédictions, suivie de la prière Hanerot Halalou (« Nous allumons ces lumières »), transmises par traité rabbinique médiéval Soferim17. Beaucoup ont également coutume de chanter le poème liturgique médiéval Maoz Tsour (« Rocher Puissant ») après l’allumage. La prière Al Hanissim (« Pour les miracles ») est insérée dans les prières quotidiennes. Ces dernières années, on observe une tendance à des allumages publics de hanukkiah géantes, que ce soit au Mur occidental à Jérusalem ou dans de grandes villes européennes et américaines.
Concernant le déroulement de la fête à la synagogue, le Talmud prévoit la récitation du Hallel (l’ensemble des Psaumes 113 à 118) ainsi que la lecture d’un passage spécifique de la Torah, la Dédicace du Tabernacle (Nombres 7,1-8,4)18.
Des rites additionnels sont apparus au cours du temps, notamment l’échange de présents et, dans les communautés originaires d’Europe centrale et orientale, la coutume de jouer à des jeux de hasard et notamment à la toupie (dreidel). Aucun des huit jours que dure la fête n’est chômé.
Maureen Attali
Références
Les Séleucides sont une dynastie hellénistique fondée par l’un des généraux d’Alexandre le Grand, Séleucos Nikator, à la fin du IVe siècle avant notre ère. Ils régnèrent sur les territoires asiatiques conquis par Alexandre : Syrie, Asie mineure, Proche Orient, Babylonie, Perse jusqu’à l’actuel Afghanistan – avant de disparaître suite à la conquête la romaine en 64 av. J.-C.
Voir Mireille Hadas-Lebel, La révolte des Maccabées : 167-142 av. J.-C., 2e édition revue et corrigée, Clermont-Ferrand, Lemme, 2014.
L’an 148 de l’ère séleucide correspond à 165/4 avant notre ère.
Les holocaustes sont une forme particulière de sacrifice lors duquel l’animal est intégralement consumé sur l’autel.
Flavius Josèphe, Antiquités juives XII, 325 ; Quatrième évangile dit Évangile de Jean 10,22.
Voir les deux lettres placées en ouverture du Deuxième livre des Maccabées (= 2 Maccabées 1,1-2,18). On s’accorde à considérer la lettre figurant en tête comme la reproduction d’un document authentique.
2 Maccabées 1,9; sur le lien entre Hanoucca et Souccot, voir Daniel Schwartz, 2 Maccabees, de Gruyter, 2008, p. 8-9.
Perse, Satires V, 179-181 ; voir William Horbury, « Herod’s Temple and Herods’s days » in idem, Templum amicitiae: essays on the Second Temple presented to Ernst Bammel, Sheffield, JSOT Press, 1991, p. 103-149.
Il n’existe pas de traduction récente de ce texte en français ; on se référera à Moïse Schwab, « La Meghillath Taanith : ou »anniversaires historiques" » in Actes du onzième Congrès international des orientalistes : Quatrième section, Hébreu-Phénicien-Araméen-Ethiopien-Assyrien, Paris, Ernest Leroux, 1898, p. 199-259, consultable en ligne à l’adresse suivante https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65802736
Il existe deux Talmuds, le Talmud de Jérusalem (considéré globalement achevé vers 400) et le Talmud de Babylone (considéré globalement achevé vers 600). Chacun des Talmud est constitué de la Mishna, un corpus rabbinique achevé vers 200, et d’une Guemara, un ensemble de commentaires sur la Mishna formulés par des rabbins de l’Antiquité tardive.
Sur les commentaires médiévaux de la Megillat Taanit, nommés « scholies », on peut se référer à l’article de Vered Noam, « Megillat Ta’anit and its Scholion (Commentary). A Brief Introduction » publié sur le site Thetorah.com, accessible à l’adresse suivante : http://thetorah.com/megillat-taanit-and-its-scholion/
Vered Noam, « The Miracle of the Cruse of Oil », Hebrew Union College Annual 73, 2003, p. 191-222. Pour une première approche, on pourra consulter en ligne l’article de Shai Secunda, « The Development of the Chanukah Oil Miracle in Context of Zoroastrian Fire Veneration » publié sur le site theguemara.com et disponible à l’adresse suivante https://web.archive.org/web/2016/http://thegemara.com/the-development-of-the-chanukah-oil-miracle-in-context-of-zoroastrian-fire-veneration/
Pesikta Rabbati 2,2.
Mishna Baba Kamma 6,6.
Talmud de Babylone, Shabbat 21b-22b.
Rachel Hachlili, The Menorah, the Ancient Seven-armed Candelabrum: Origin, Form, and Significance, Leyde, Brill, 2011, p. 204.
Talmud de Babylone, Sukkah 46a; Soferim 20,6-8.
Tosefta Sukkah 3,2 cf. Talmud de Babylone, Taanit 28b ; Talmud de Jérusalem, Megillah 3,6-7.
Photos d'Hanouka
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